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Société

À 2000 mètres, une cabane peu ordinaire accueille des parcours cabossés

Jean-Marie Grillon et Marie

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Aux Mosses (VD), la buvette des Petits-Lacs reçoit chaque été des jeunes et adultes en difficulté. Entretien avec Jean-Marie Grillon, maître des lieux.

Après quarante minutes d’une marche éprouvante, mais d’une joliesse indiscutable entre ruisseaux et fleurs alpestres, le chemin escarpé nous mène sur une plaine dégagée et semble continuer jusqu’à la fameuse buvette des Petits-Lacs. Fameuse, car elle a fait couler de l’encre depuis que Jean-Marie Grillon, maître des lieux, a décidé d’y héberger des jeunes placés par la justice. Il a fallu rassurer le voisinage et convaincre les autorités : la cabane a fait ses preuves et semble désormais acceptée dans le paysage des Mosses. Profitant de cette lancée, l’éducateur hors-norme, berger de premier métier, accueille aujourd’hui des adultes en difficulté.

Sédentaire l’été, nomade l’hiver, l’homme, entre rudesse et légèreté céleste, part sur la route de l’Inde chaque automne quand les chemins alpins se font impraticables et que la cabane se retrouve ensevelie par des masses de poudre blanche. Seul dans sa voiture sur les routes orientales, il rejoint chaque année le Sous-Continent où il mène à bien son association Ali Baba And You ! qui vient en aide aux enfants dans le besoin grâce aux revenus de la buvette.

En attendant de rencontrer celui que tout le monde appelle simplement « Grillon », impossible de s’ennuyer. Outre les nombreuses discussions avec tout ce petit monde hétéroclite et bavard, l’œil est alerte, car le paysage, sauvage et poétique, s’impose à nous. Situé entre deux falaises, juste en dessous du Pic Chaussy (2351m) et de trois petits lacs bleu émeraude entourés de yacks, vaches d’Hérens, chèvres et chevaux, le domaine comprend plusieurs yourtes et tentes trappeurs. La bâtisse, nichée sur la droite, fait face à l’imposante pente rocailleuse, peinte de rose orangé par le soleil alpin du soir. C’est une belle cabane en bois, toute de fanions tibétains vêtue, avec étable, peintures délicates et colorées aux murs et un piano à queue pour les soirées festives.

L’homme aux yeux rieurs et aux airs de gentil druide arrive et s’assoit tout en s’excusant de s’être fait malgré lui attendre.

Interview réalisée en juillet 2017.

Jean-Marie Grillon devant l’entrée de la buvette – DR

Slash : C’est plutôt calme, cette ambiance reflète-t-elle bien cette saison aux Petits-Lacs ?
Jean-Marie Grillon :
Oui, cette saison se passe bien, c’est un été tranquille, il y a moins d’embrouilles que l’année dernière [en 2016, ndlr.].

Quelle est la particularité de votre buvette, en ce qui concerne l’accueil de personnes en difficulté ?
On accueille des jeunes en travaux d’intérêt général ou placés par la justice ainsi que des adultes à parcours difficiles, pris dans la drogue. C’est le programme « Vertical », qui est un programme libre pour des adultes qui ont besoin d’un coup de main, d’un accueil différent que dans une institution, qui ont été chez des psys et qui ne se voient pas avancer. Un programme pour comprendre qu’on est maître de sa vie, et non pas la drogue. Aider, cela prend du temps. Parfois, c’est encore trop fragile pour comprendre l’autre. C’est une graine que l’on plante, que l’on arrose tous les jours et que l’on fait pousser le mieux possible. Les gens qui viennent pour le programme Vertical débarquent ici, on discute et je leur fais un programme personnalisé.

Vous avez engagé des éducateurs pour travailler sur place avec les jeunes ?
Ce qui m’intéresse le plus c’est l’humanisme, c’est de s’occuper de la personne. Donc je n’engage pas des éducateurs, mais des grands frères [des jeunes des années précédentes, ndlr.]. Et je travaille directement avec les juges.

Les fanions au vent de la cabane – DR

“Nima”, un nouveau petit yack blanc – DR

Quel est votre ressenti justement face à la demande de placement de jeunes par la Justice dans votre buvette ?
Il y a trop de jeunes à placer, c’est plein partout. Les gens se rendent compte qu’on a besoin de ce genre d’endroit comme la buvette des Petits-Lacs. Ici, ce que l’on fait est authentique. Surtout que le système que j’ai monté, avec l’association, l’accueil pour ce type de placement, commence à avoir du succès. Attention, ce n’est pas une réussite, mais un succès. Le succès des gens que j’accueille. L’endroit ici booste un peu les choses. Les juges montent régulièrement voir les jeunes. Ce qu’il faudrait c’est moins d’intermédiaires entre le juge, qui condamne, et la personne condamnée, le jeune. On a besoin de cette relation directe, qui est importante. Tout le train social administratif autour est lourd, il n’est pas inefficace, mais lent et on a moins de succès qu’en travaillant en direct. Par exemple, si un jeune est parti et que la police l’a interpellé, ils m’appellent et je descends chercher le jeune au poste, peu importe l’heure. En bref, il faut que le juge s’implique humainement dans la démarche, car ces jeunes, les trois quarts du temps, viennent d’endroits fermés.

Il y a des problèmes de fugues ?
Oui, il y a des fugues, dues au fait qu’il n’y a pas de barrière, mais ils apprennent, et la plupart du temps ils reviennent. Les jeunes qui ne pensaient pas du tout apprécier cet espace ouvert finissent en majorité par s’y plaire.

Et quelle est votre stratégie d’écoute avec ces jeunes que vous recueillez le temps d’un été ?
Ici tout le monde est égal et ça passe par le fait d’appeler ces jeunes « frères ». On brise les frontières, les limites entre chacun. Par exemple cette année j’ai décidé d’accueillir des filles et tout se passe bien. Je ne serai pas qui je suis si je ne m’ouvrais pas au monde, si je ne me remettrai jamais en question. Pour moi, il faut avancer ensemble. Un footballeur, s’il joue seul, qu’il ne regarde pas où est son équipe, il ne va pas bien jouer alors que s’il joue en équipe, il a une chance de gagner. C’est la même chose dans la vie. Il faut davantage jouer avec les êtres humains en équipe, dans l’amour. Car il y a deux colonnes, pas trois. L’amour et l’égo. Et la peur qui prend parfois le dessus. Il faut sans cesse se corriger. Reprendre, pour passer de la colonne de l’ego à l’amour et ça, c’est incompris. Tous les jours je me replace dans l’humilité. Comment puis-je m’aligner avec une âme, avec quelqu’un si je suis déjà en dessus ? Quelle horreur  ! C’est pour ça, pour moi, que le Christ va vers les plus démunis, car on part de zéro. C’est pour ça que « j’aime » la pauvreté, car je suis bien si je n’ai rien et je n’ai rien : je vis dans ma voiture ou ici, où je suis sans cesse avec du monde.

Marie nourrit le bébé yack abandonné par sa mère – DR

La yourte “impériale”, avec vue magnifique sur la vallée en contre-bas – DR

Comment vous considérez-vous face aux jeunes, comment voyez-vous votre rôle ?
Je ne me considère pas. Parce qu’on va pouvoir être sauvé, sortir des addictions en aimant son prochain et en s’aimant soi-même. Il y a un énorme travail où il ne faut surtout pas culpabiliser. Nous sommes libres de consommer, de tromper, de trahir, mais ce n’est pas pour autant que je vais être condamné à mort ou que je suis une merde. Et pour le comprendre, il faut le vivre. C’est en n’étant « rien » que je peux faire les choses, voilà pourquoi je ne me « considère pas ». Alors je ne mettrai aucun mot sur mon rôle ici, car je ne suis rien, je ne fais qu’ouvrir ma porte. Et en mettant une lumière, on peut voir tellement de choses.

D’autres projets en cours ?
Oui, je suis en train de créer un nouveau projet au Népal, avec des yourtes pour accueillir des personnes en difficulté. Comme dans le programme « Vertical », c’est que de l’amour, du relationnel, de l’humanisme. Tout ce que je fais là est en lien avec tout ce que je fais sur la route. C’est en m’arrêtant prendre de la benzine à minuit, au Népal, un soir où il n’y en avait pas que j’ai fait la rencontre d’un entrepreneur du pays. Il arrive du coup la semaine prochaine pour acheter dix yourtes sur un terrain pour un projet social, que l’on mènera ensemble cet hiver. Le gouvernement népalais est aussi intéressé par ce projet, par l’accueil pour des personnes en condition d’addiction à la drogue ou d’autres cas similaires.

Un des trois petits lacs alpins du domaine – DR

À l’heure où nous publions cet article, la commune des Mosses a décidé de chasser Grillon de sa buvette. Il est désormais à la recherche d’un nouveau lieu.

Société

Paléo : le lexique québécois pour «se payer la traite» au Village du Monde

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En 2008, l'Europe de l'Est fut mise en lumière grâce au Village du Monde – © Paléo / Boris Soula

Pour sa 17e édition, le Village du Monde du Paléo Festival mettra le cap sur le Québec et sa culture. Voici quelques locutions pour comprendre crissement mieux le français de la Belle Province.

«Si vous t’as la parlure québécoise, tu vas clairement t’achaler sur ces lignes-là». Comprenez : si vous parlez le français québécois, vous vous ennuierez certainement à la lecture de cet article.

Le Paléo Festival commence mardi, pour une 44e édition qui fera la part belle à la francophonie. Et pour cause, le traditionnel Village du Monde du festival, avec ses concerts, décors, et son artisanat typique, mettra le cap cette année sur le Québec et sa culture.

Lire aussi :  Douce francophonie et rap solide au Paléo

Depuis de nombreuses années déjà, les autres francophones du monde, qui prennent terre en sol québécois, pour une nuit ou pour la vie, tergiversent volontiers sur le sens du «dialecte» pratiqué par les Québécois, nos cousins «pure laine».

Alors, pour avoir une parlure impeccable auprès de votre voisin de comptoir, Slash vous propose un lexique québécois faisant appel à quelques locutions bien utiles sur la Plaine de l’Asse (ou pas).

Parlure empreinte d’hisoire

Selon Le Petit Livre du parler québécois de Claire Armange (éd. First,  2016), le vocabulaire de la Belle Province est riche de mots liés à son histoire. Le langage québécois, on s’en doute fort, doit la grande partie de ses origines à l’ancien français. Les Québécois défendent avec fierté la francophonie face à la prépondérance de la langue anglaise en Amérique du Nord.

Langue des premiers colons venus peupler la Nouvelle-France, il a subi, au fil des époques, des gouvernances et des influences des Premières Nations, un métissage avec les langues autochtones aussi bien qu’avec la langue des conquérants anglais.

Le français des Québécois, alors, se teinte de plusieurs anglicismes, de quelques termes autochtones et de beaucoup d’expressions issues d’une culture agréablement imagée et parfois complètement fantaisiste. On y retrouve, notamment :

des régionalismes français bavasser (bavarder, dire des médisances), astheure (maintenant), la broue (la mousse), prendre son respir (retenir son souffle), maganer (abîmer, maltraiter) ou encore souventes fois (souvent) ;

des emprunts faits à la langue amérindienne : un achigan (un poisson), un atoca (une canneberge), la babiche (une lanière de cuir) ;

des québécismes, des mots ou expressions propres au français du Québec : bûcher (abattre un arbre, couper du bois), il mouille (il pleut), la poudrerie (une fine neige tourbillonnante), une secousse (un certain temps), le solage d’une maison (les fondations) ou une tuque (un bonnet de laine).

Lexique

Achaler (v.) – ennuyer, importuner

Ce verbe provient probablement du verbe chaloir qui signifiait approximativement importuner de façon excessive dans un vieux dialecte normand.


Bardasser (v.) – action de chahuter, de bousculer quelqu’un ou quelque chose / action de faire du tapage

Verbe à l’origine incertaine. Emprunté soit du verbe poitevin «bordanser» (balancer, secouer), soit de l’onomatopée par laquelle on désigne le bruit que faisaient les soldats en emmenant leur «barda».


Bécosse (n.f.) – toilettes

Mot probablement né d’une déformation de la locution anglaise «back house», qui se traduit par «maison à l’arrière». Cette dénomination désignait autrefois les latrines extérieures.


Bourré, être (exp.) – avoir trop mangé

Expression francophone qui peut signifier également «soul» ou «riche».


Calice (inter.) – sacre manifestant la colère ou l’indignation

Le calice, du grec kulix, est un vase sacré de la liturgie chrétienne, présentant la forme d’une coupe évasée portée sur un pied élevé.


Char (n.m.) – voiture, bagnole

Ce mot, dérivé du latin carrus, a longtemps été perçu comme un anglicisme, à tort, au Québec, étant donné sa similarité avec le mot «car». Néanmoins, le Cambridge Dictionary le réfère comme un mot d’origines françaises et latines.


Catin (n.f.) – petite fille

Outre son sens français de prostituée, le terme «catin» au Québec, retrouve son sens de pureté. En effet, le mot «catin» vient du prénom Catherine, qui lui vient du mot grec katharos, qui signifie «la pureté». En France, on lui attribuait, autrefois, le sens de jeune fille de campagne, ce qui expliquerait le sens québécois.


Frencher (v.)  rouler une pelle

Ce verbe provient du verbe anglais «to french kiss» (embrasser).


Fou comme un balai, être (exp.) – personne qui a perdu la raison, dont le comportement semble insensé

Cette locution tire son origine du 19e siècle. La confection de ces outils ménagers se faisait à la main par des ouvrières, et le talent de ces dernières était un atout important. Lorsque le cordage n’était pas bien fait, la direction que prenait le balai était imprévisible. Le balai n’en faisait qu’à sa tête, tel un fou.


Gosse (n.f.) – synonyme familier de «testicule»

Ce mot est apparenté à «gousse», qui signifie une enveloppe des graines des légumineuses. Utilisé comme verbe, comme dans «tu me gosses», il s’apparente à «tu m’énerves».


Hambourgeois (n.m.) – hamburger

Mot québécois utilisé pour franciser le terme anglais «hamburger».

Itinérant.e (n.m.f.) – sans-abri

Les termes «itinérant» et «itinérante» font maintenant partie du vocabulaire de la sociologie au Québec. Dans le registre courant du français dit «de France» (en opposition au français québécois), l’on parle de «sans-abri», définissant ainsi ce groupe social en rapport à un bien matériel qu’il ne possèdent pas. Tandis que, de l’autre côté de l’Atlantique, cette catégorie de personnes est définie par son activité : le fait d’errer.


Joual (n.m.) – façon de parler dérivée du français de France

Le mot provient de «cheval», prononcé [jwal], comme en français du 17e siècle, utilisé en France jusque dans les années 1960. Aujourd’hui, il définit la façon de dénigrer le parler québécois («parler joual»).


Line-up (n.m.) – file d’attente, queue

Terminologie directement traduite de l’anglais. «Faire un line-up», c’est donc patienter dans la file d’attente.


Liqueur (n.f.) – boisson gazeuse

On ne s’étonnera donc pas qu’une mère propose à ses jeunes enfants d’aller «boire une liqueur», en attendant le concert de Robert Charlebois.


Se payer la traite (exp.) – se payer du bon temps

La traite était un moyen de définir une dette commerciale durant le Moyen-Âge. Il s’agissait d’un document qui fixait les modalités de remboursement (une sorte de crédit). Ainsi, l’expression trouve son origine dans ce premier sens : s’offrir quelque chose sans payer immédiatement, sous-entendu dépenser sans compter.


Pissou, être (exp.) – personne peureuse, lâche, qui recule devant le moindre obstacle

Cette expression, utilisée jadis en France, provient du latin pissiare qui veut dire «uriner». Pissou voudrait dire «enfant qui pisse au lit».


Robine (n.f.) – alcool fort et de mauvaise qualité

Mot calque de l’anglais «rubbing (alcohol)» (littéralement de l’alcool à friction).


Tabarnak / tabernacle (inter.) – juron exprimant le mécontentement, la colère

Déformation du mot français «tabernacle», qui, dans une église catholique, est une armoire contenant le ciboire et ses hosties. Dans la religion hébraïque, il s’agit d’une tente dressée, qui abritait l’arche d’alliance et les objets sacrés.


Tiguidou, c’est (exp.) – génial, super, trop bien

Ce terme est une pure création québécoise, à l’origine floue. La théorie la plus plausible est celle d’une variante de l’expression écossaise «tickety-boo», qui signifie «aller lentement, mais sûrement».


Tomber en amour (exp.) – tomber amoureux

Cette expression est la traduction littérale de la version anglophone «to fall in love».


Il n’y a pas de quoi se pitcher sur les murs (exp.) – se dit d’une chose qui n’a rien d’exceptionnel

«Ce concert des Twenty Øne Piløts était sympa, mais il n’y a pas de quoi se pitcher sur les murs».


Le 44e Paléo Festival se déroule du 23 au 28 juillet 2019, à Nyon. Infos, bourse au billets et programme complet sur www.paleo.ch. 

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Actu

Ceci pourrait être l’article d’une femme*

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Le 14 juin 1991 a eu lieu la première "Grève des femmes*" – Image : Keystone

Aujourd’hui, partout en Suisse a lieu la «Grève des femmes*». Sensible à la cause, Slash Média se fait porte-voix du manifeste rédigé en décembre 2018 par les Collectifs romands pour la grève féministe et des femmes.

Un peu partout dans le monde, nous assistons à un renouveau des mouvements féministes : #metoo a contribué à diffuser et libérer la parole des femmes* et, grâce aux réseaux sociaux, a eu un écho planétaire.

En Suisse aussi, le sexisme, les inégalités et les violences à l’encontre des femmes* persistent, malgré un discours politiquement correct sur l’égalité et bien que l’égalité soit inscrite dans la Constitution fédérale depuis 1981.

«Les femmes bras croisés, le pays perd pied !»

Au pays de la prétendue paix du travail, les femmes ont déjà fait une grève qui a mobilisé 500’000 personnes ! C’était le 14 juin 1991, dix ans après l’entrée en vigueur de l’article constitutionnel sur l’égalité. Ce jour-là, les femmes ont croisé les bras : la grève a eu lieu non seulement sur les lieux de travail, mais aussi dans les foyers, où elles ont arrêté de faire le ménage, ont suspendu leurs balais aux fenêtres, n’ont pas cuisiné ni pris en charge les enfants.

La grève des femmes de 1991 avait surpris tout le monde. Un immense élan vers l’égalité avait secoué le pays : nous avons depuis lors obtenu des résultats concrets comme une Loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes, un congé maternité, le splitting et le bonus éducatif dans l’AVS, la solution dite des délais en matière d’avortement, des mesures de lutte contre les violences domestiques.

Aujourd’hui, nous avons besoin d’un nouvel élan ! Le 22 septembre 2018, 20’000 femmes* et hommes solidaires ont manifesté à Berne pour l’égalité et contre les discriminations. Le début d’une mobilisation que nous voulons poursuivre jusqu’à la grève féministe et des femmes* le 14 juin 2019 !

L’égalité stagne : les femmes* se mobilisent !

Nous sommes toutes exposées au sexisme, aux discriminations, aux stéréotypes et aux violences, sur le lieu de travail, à la maison ou dans la rue. Mais nous savons que des oppressions spécifiques basées sur l’appartenance de race, de classe ou sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre se combinent, si bien que certaines d’entre nous peuvent subir des discriminations multiples. Faire vivre la solidarité entre les femmes* du monde entier, c’est un des objectifs de notre grève.

Fortes de nos diversités, nous refusons toute instrumentalisation de nos luttes, notamment à des fins racistes. Nous revendiquons le droit de vivre libres dans une société qui garantit des droits égaux pour toutes*.

Durant ces vingt dernières années, nous avons assisté à la montée des politiques néolibérales: les services publics ont été remis en cause, les prestations ont été réduites, des secteurs comme la santé ont été soumis à la logique marchande, les conditions de travail et de retraite ont été péjorées. L’économie capitaliste veut maximiser les profits au détriment de l’être humain et de l’équilibre écologique. Les femmes* sont les premières à en souffrir en tant que travailleuses précaires, migrantes ou encore mères, souvent seules responsables du foyer et des enfants.

Comme le disent les Islandaises: «Ne changeons pas les femmes, changeons la société !». Car l’égalité ne peut se réaliser dans un monde où seul compte l’argent, mais nécessite de construire une société où ce qui compte est le respect et le bien-être de chaque être humain.

Un mois avant la journée de la “Grève des femmes*”, des actions ont eu lieu dans toute la Suisse. Ici, à Genève – DR

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Le 14 juin 2019, nous nous mettrons en grève sur nos lieux de travail, dans nos foyers et nous occuperons l’espace public

Parce que nous en avons assez des inégalités salariales et des discriminations dans le monde du travail. Parce que nous voulons des rentes qui nous permettent de vivre dignement. Parce que nous voulons que le travail domestique, éducatif et de soins soit reconnu et partagé, de même que la charge mentale. Parce que nous nous épuisons à travailler, nous voulons réduire le temps de travail. Parce que le travail éducatif et de soins doit être une préoccupation collective. Parce que nous revendiquons la liberté de nos choix en matière de sexualité et d’identité de genre. Parce que notre corps nous appartient, nous exigeons d’être respectées et libres de nos choix. Parce que nous refusons la violence sexiste, homophobe et transphobe, nous restons debout ! Parce que nous voulons que la honte change de camp.

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Parce que lorsque nous venons d’ailleurs, nous vivons de multiples discriminations. Parce que le droit d’asile est un droit fondamental, nous demandons le droit de rester, lorsque nos vies sont en danger. Parce que l’école est le reflet de la société patriarcale, elle renforce les divisions et les hiérarchies fondées sur le sexe. Parce que nous voulons des cours d’éducation sexuelle qui parlent de notre corps, du plaisir et de la diversité sexuelle. Parce que les espaces relationnels doivent devenir des lieux d’échange et de respect réciproque. Parce que nous vivons dans une société qui véhicule des représentations stéréotypées de «la femme».

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Parce que nous, actrices culturelles, sommes trop souvent peu considérées et reconnues. Parce que les institutions ont été conçues sur un modèle patriarcal et de classe dans lequel nous n’apparaissons qu’en incise. Parce que nous sommes solidaires avec les femmes du monde entier. Parce que nous voulons vivre dans une société solidaire sans racisme, sans sexisme, sans homophobie et sans transphobie.

Pour toutes ces raisons et d’autres encore, nous ferons grève le 14 juin 2019 !


La «Grève des femmes*» a lieu le 14 juin 2019 dans toute la Suisse www.frauenstreik2019.ch.

Femme* : toute personne qui n’est pas un homme cisgenre (soit un homme qui se reconnaît dans le genre qui lui a été assigné à la naissance).

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