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Politique

5 questions à Romain Pilloud, jeune Socialiste

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Cet interview fait partie d’une série. Plusieurs sensibilités politiques seront représentées au travers de témoignages de jeunes élus issus de différents partis politiques.

À 21 ans, après avoir décroché un CFC d’employé de commerce, Romain Pilloud siège au Conseil communal de Montreux et suit des études en Science politique, à l’Université de Lausanne. Connu pour ne pas avoir peur de se distancer de la doxa du parti mère, l’élu est aussi membre de la Jeunesse socialiste vaudoise, où il fut porte-parole, et vice-président du Parti socialiste de Montreux.

Slash : Pourquoi s’engager quand on est jeune ?
Romain Pilloud : Chacun a ses raisons, et il n’y a pas d’âge pour commencer à s’engager. Je pense que chaque personne a ses valeurs, qu’elle doit pouvoir mettre en pratique à un moment donné de sa vie, à travers son travail, sa formation, un engagement politique et bénévole. Quand on est jeune, par contre, on commence à “goûter” à la société, à ses contraintes, ses incohérences. C’est l’école qui a fait démarrer mon engagement ; cette inégalité et ce goût de la compétition qui m’ont surtout fait comprendre que la société accordait plus à ceux qui décident d’écraser les autres qu’à ceux qui voulaient construire une société pour le bien commun, sans mettre personne de côté. Ça a participé à mon “déclic” qui a commencé par l’associatif avant de rejoindre le monde politique. De voir des gens qui étaient mis de côté arbitrairement m’a indigné. Donc, t’as un truc qui t’indigne ? Alors, ne reste pas les bras croisés, et fais en sorte que ceux et celles qui te suivront ne le vivent plus. C’est ça, le moteur de l’engagement.

Quels sont les combats que tu estimes délaissés par les politiciens plus âgés ? 
C’est toujours difficile d’essayer de généraliser ce que pense chaque catégorie d’âge. Je ne veux pas froisser toute une génération, car il y a du bon chez chaque individu, indépendamment de son âge. Mais il y a un combat qui est encore peu entendu de manière générale dans le monde politique, qui devrait pourtant être le fondement d’une vision un peu socialiste ; c’est le combat pour une démocratisation de la société. Si on veut que les décisions de ce monde ne soient pas prises arbitrairement par une génération ou une autre, par un petit groupe d’individus face à des millions de personnes (comme c’est le cas actuellement…), il faut que dans les entreprises, les employés puissent décider. Il faut que les coopératives de logements/d’habitants puissent prendre leurs propres décisions sur les prix des loyers, et les habitants du quartier sur ce qu’ils y veulent. On doit permettre aux gens de décider, ensemble, ce qu’ils veulent dans leur vie, dans leur ville, dans leur travail, et dans leur famille. Et ça, les votations fédérales ne le permettent pas toujours, l’économie non plus, et les communes, les cantons et la Confédération ont de la peine à donner des prérogatives aux gens. Les citoyens, ce ne sont pas seulement ceux qui peuvent voter. Ce sont tous ceux qui vivent, grandissent et expérimentent la vie dans notre pays.

© Lyonel Kaufmann – Romain Pilloud (à d.) au côté de la Conseillère d’Etat socialiste Cesla Amarelle

Comment ton parti fait-il pour laisser de la place aux jeunes lors des élections, mais aussi lors de ses prises de positions ? 
Le PS a plusieurs élu-e-s très jeunes, c’est déjà une bonne nouvelle. Mais je ne cache pas que ce n’est pas toujours facile. Les jeunes, chez nous, sont souvent membres de la Jeunesse socialiste, qui est la section “jeune” du PS, mais aussi un parti à part entière, qui prend ses propres positions et fait ses propres campagnes. Et nous avons des places privilégiées dans les instances du PS. Les jeunes ont leur voix, mais il y a encore un effort à faire pour que nous soyons pris au sérieux. Nous avons des idées, nous avons des gens en apprentissage, à l’université ou qui travaillent, et lorsque l’on dit quelque chose, aucun d’entre nous ne veut être considéré comme un jeune “inexpérimenté”. Alors, on doit hausser la voix un peu plus fort, parfois. Souvent avec succès, cela dit ! Lors des élections cantonales, nous avions proposé que les jeunes soient mieux représentés au Grand Conseil. Nous reviendrons à l’avenir, avec cette idée !

Une constante lors de chaque votation, les 18-25 ans votent très peu. Pourquoi ? 
Rien n’est fait pour préparer les 18-25 ans. Pendant l’école, les cours de civisme se font de plus en plus rares. Tout le monde ne grandit pas dans une famille avec une culture politique. Les personnes avec de petits revenus votent moins. Nous sommes très inégaux face au vote, et n’avons pas les mêmes outils pour comprendre et nous y intéresser. D’où l’importance de renforcer le civisme à l’école, d’introduire un vote pour les jeunes dès 16 ans (pour qu’il n’y ait pas un “trou” entre la fin de l’école et le droit de vote) et gentiment demander l’avis des jeunes lors des sujets qui les concernent. Et puis, nous vivons dans l’un des pays d’Europe où l’on travaille le plus ; diminuer le temps de travail permettrait aux gens de donner de l’énergie à des idées, et de s’engager. Beaucoup renoncent à un engagement quand il faut travailler 45 heures par semaine et s’occuper d’une famille en même temps. 

Comment pousser plus de jeunes à se lancer en politique ? 
Je pense que, au lieu de simplement râler quand on subit une injustice, il faut s’engager. Et là, je suis d’accord, la politique n’est pas la seule voie. Pour exemple, une association dans ma région s’engage pour l’écologie, la permaculture et la solidarité à travers d’autres outils. C’est magnifique !

En fait, il n’y a pas de recette magique pour l’engagement. Il faut que sa vie et ses valeurs résonnent à un moment ou à un autre avec ce que fait un parti. J’ai choisi la Jeunesse socialiste, car c’est un endroit où, peu importe ta nationalité, ton genre, ta minorité, ou les oppressions subies pendant ta vie, il n’y a aucun jugement. Et dans ce parti, ta minorité devient une force ; tu as une équipe qui lutte toute l’année, des centaines d’heures (sans exagérer !) pour que toutes et tous puissent vivre librement leur identité. C’est là où j’ai pu être moi. L’important est donc de choisir un engagement où l’on peut pleinement s’exprimer.

Romain est sur Facebook, Twitter et Instagram.

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“Maman, j’ai raté l’avion”, version PLR

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© 20th Century Fox
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COMMENTAIRE. Tout juste remis de leur cuisante défaite zurichoise, le #TeamFDP ou PLR (si jamais l’organe communication du parti oubliait à nouveau que la Romandie est en Suisse) se lance dans l’industrie juteuse de l’écologie.

Il paraît que l’on apprend de ses erreurs. Généralement, cette citation a le mérite d’être avantageuse. Mais pas tout le temps. Dans le cas précis du revirement écologique du PLR, cela ressemble plutôt à un «changeons notre fusil d’épaule». Car oui, le parti de droite s’intéresse à cette problématique désormais. Dès le vendredi 29 mars, les libéraux-radicaux ont lancé un sondage parmi leurs 120’000 adhérents sur les attentes écologiques de ceux-ci.

«Le PLR n’a pas été compris»

Benoît Genecand (PLR, GE), conseiller national et membre de la commission de l’environnement, a répondu aux questions de La Liberté (29.03.2019). À propos de l’échec au Conseil national de la loi sur le CO2, il a déclaré : «Le PLR n’a pas été compris». Alors, cher Monsieur, je crois plutôt que c’est vous qui n’avez pas compris. Les jeunes d’aujourd’hui (pas tous, mais beaucoup tout de même) désirent des actions concrètes.

Ce monde que vous quitterez sûrement plus tôt que nous change et il ne faut pas le laisser agoniser. Non, la Suisse ne peut pas modifier le futur du climat à elle seule. Oui, la réussite économique de notre pays (qui nous permet tout de même de vivre dans un certain confort) a nécessité certaines décisions pas des plus vertes. Mais nous pouvons être un exemple. Nous pouvons tenter (au moins cela) de coupler réussite économique et respect de l’environnement. Pas en un jour  ni en une année. Mais cela vaudrait le détour d’y réfléchir. Votre intérêt subit pour l’écologie n’est point à blâmer. Votre timing, oui.

Pourquoi s’y intéresser uniquement après une défaite ? Votre puissance politique est-elle plus importante que vos idées ? Car si vous avez bel et bien raté l’avion sur ce sujet, il n’est jamais trop tard pour prendre le prochain train.

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Politique

Trump, une once de bienfaisance ?

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Si comme moi, à chaque nouveau tweet de Trump, vous vivez une émotion de surprise, un éclat de rire puis vous soupirez de désespoir, vous serez tout aussi dubitatif à l’idée qu’il ait pu avoir un grand impact positif sur la population des États-Unis.

Pourtant, c’est bien ce qu’a voulu nous transmettre Sharon Smith lors de sa conférence à Lausanne la semaine dernière. Encore plus surprenant : l’écrivaine se définit elle-même comme une « socialiste révolutionnaire ».

L’activiste et auteure de Women and Socialism est cependant bien loin d’être une partisane du président américain.

« Je suis ici pour vous raconter ce que ça fait de vivre dans l’Amérique de Trump. Tous les matins, lorsque l’on regarde les réseaux sociaux, c’est comme se prendre une baffe dans la figure. »

En effet, dire que les deux premières années de son mandat ont été pleines de rebondissements serait un euphémisme ; entre ses tweets incendiaires contre Kim Jong-Un alias Rocket Man, son légendaire « Just grab them by the pussy ! » (« Il suffit de les attraper par la chatte ! ») ou son commentaire éclairé après les violences de 2017 à Charlottesville :  « Je crois que les deux parties sont responsables ».


« Je viens d’entendre le ministre des affaires étrangères nord-coréenne parler à l’ONU. S’il répète les pensées du petit Rocket Man, ils ne seront plus là pour très longtemps ! »

Une augmentation du nombre de groupuscules extrémistes aux États-Unis a été constatée pendant les trois dernières années de la présidence Obama, par le « Hate Watch » (observatoire de la haine) du Southern Poverty Law Center. Sharon Smith pense d’ailleurs que « même si les mouvements fascistes ont déjà été beaucoup plus présents par le passé, ils risquent de s’étendre et de se multiplier à nouveau, car le gouvernement les nourrit indirectement ».

Alors, une bénédiction ?

En arrivant au pouvoir avec ces gros sabots et son langage plus que politiquement incorrect, Trump a aussi nourri, malgré lui, une forme de résistance.

On constate que les protestations des mouvements socialistes ou d’autres plutôt à gauche ont gagné de l’ampleur. De plus en plus de manifestations sont nationales, voire internationales et non plus cantonnées à une ville. Le nombre de participants à ces élans de protestation a donc drastiquement augmenté depuis l’arrivée au pouvoir de la mèche orange.

© Crowd Counting Consortium

La March For Women’s Lives (Marche pour la vie des femmes) de 2004 qui avait regroupé cinq-cent-mille personnes ou la People’s Climate March (Marche du peuple pour le climat) de 2014 avec ses quatre-cent-mille participants, peuvent en effet paraître anecdotiques en comparaison aux quatre-millions de manifestants à la Women’s March (Marche des femmes) de 2017 ou à la March For Our Lives (Marche pour nos vies) qui a regroupé deux-millions de personnes cette année.

Pour notre socialiste révolutionnaire, Trump a réveillé les Américains et les a poussés à se battre pour leurs droits. L’écrivaine voit une suite logique entre la Women’s March, le mouvement #Metoo et les protestations contre la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême ce mois.

Bien que ce dernier ait quand même eu le poste, Smith remarque que de plus en plus de mouvements de protestation arrivent à leurs fins. On note par exemple l’augmentation du salaire de ses employés par Amazon annoncée en septembre ou la campagne « Hands off, pants on ! » (« Bas les mains et pantalons remontés ! »), émanant du milieu hôtelier de Chicago, qui a abouti à des mesures pour protéger les employés du harcèlement sexuel.

Enfin, Sharon Smith considère donc que « de savoir que des choses qui étaient impensables il y a quelques années, sont maintenant en train de se passer, ça, c’est une raison de se réjouir. Et ça me suffit pour l’instant… »

Women and Socialism : Class, Race and Capital
Sharon Smith
Éd. Haymarket Books, 2015 – 260 pages

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