Politique
Trump, une once de bienfaisance ?
Si comme moi, à chaque nouveau tweet de Trump, vous vivez une émotion de surprise, un éclat de rire puis vous soupirez de désespoir, vous serez tout aussi dubitatif à l’idée qu’il ait pu avoir un grand impact positif sur la population des États-Unis.
Pourtant, c’est bien ce qu’a voulu nous transmettre Sharon Smith lors de sa conférence à Lausanne la semaine dernière. Encore plus surprenant : l’écrivaine se définit elle-même comme une « socialiste révolutionnaire ».
L’activiste et auteure de Women and Socialism est cependant bien loin d’être une partisane du président américain.
« Je suis ici pour vous raconter ce que ça fait de vivre dans l’Amérique de Trump. Tous les matins, lorsque l’on regarde les réseaux sociaux, c’est comme se prendre une baffe dans la figure. »
En effet, dire que les deux premières années de son mandat ont été pleines de rebondissements serait un euphémisme ; entre ses tweets incendiaires contre Kim Jong-Un alias Rocket Man, son légendaire « Just grab them by the pussy ! » (« Il suffit de les attraper par la chatte ! ») ou son commentaire éclairé après les violences de 2017 à Charlottesville : « Je crois que les deux parties sont responsables ».
Just heard Foreign Minister of North Korea speak at U.N. If he echoes thoughts of Little Rocket Man, they won’t be around much longer!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 24 septembre 2017
« Je viens d’entendre le ministre des affaires étrangères nord-coréenne parler à l’ONU. S’il répète les pensées du petit Rocket Man, ils ne seront plus là pour très longtemps ! »
Une augmentation du nombre de groupuscules extrémistes aux États-Unis a été constatée pendant les trois dernières années de la présidence Obama, par le « Hate Watch » (observatoire de la haine) du Southern Poverty Law Center. Sharon Smith pense d’ailleurs que « même si les mouvements fascistes ont déjà été beaucoup plus présents par le passé, ils risquent de s’étendre et de se multiplier à nouveau, car le gouvernement les nourrit indirectement ».
Alors, une bénédiction ?
En arrivant au pouvoir avec ces gros sabots et son langage plus que politiquement incorrect, Trump a aussi nourri, malgré lui, une forme de résistance.
On constate que les protestations des mouvements socialistes ou d’autres plutôt à gauche ont gagné de l’ampleur. De plus en plus de manifestations sont nationales, voire internationales et non plus cantonnées à une ville. Le nombre de participants à ces élans de protestation a donc drastiquement augmenté depuis l’arrivée au pouvoir de la mèche orange.
La March For Women’s Lives (Marche pour la vie des femmes) de 2004 qui avait regroupé cinq-cent-mille personnes ou la People’s Climate March (Marche du peuple pour le climat) de 2014 avec ses quatre-cent-mille participants, peuvent en effet paraître anecdotiques en comparaison aux quatre-millions de manifestants à la Women’s March (Marche des femmes) de 2017 ou à la March For Our Lives (Marche pour nos vies) qui a regroupé deux-millions de personnes cette année.
Pour notre socialiste révolutionnaire, Trump a réveillé les Américains et les a poussés à se battre pour leurs droits. L’écrivaine voit une suite logique entre la Women’s March, le mouvement #Metoo et les protestations contre la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême ce mois.
Bien que ce dernier ait quand même eu le poste, Smith remarque que de plus en plus de mouvements de protestation arrivent à leurs fins. On note par exemple l’augmentation du salaire de ses employés par Amazon annoncée en septembre ou la campagne « Hands off, pants on ! » (« Bas les mains et pantalons remontés ! »), émanant du milieu hôtelier de Chicago, qui a abouti à des mesures pour protéger les employés du harcèlement sexuel.
Enfin, Sharon Smith considère donc que « de savoir que des choses qui étaient impensables il y a quelques années, sont maintenant en train de se passer, ça, c’est une raison de se réjouir. Et ça me suffit pour l’instant… »
Women and Socialism : Class, Race and Capital
Sharon Smith
Éd. Haymarket Books, 2015 – 260 pages
Actu
“Maman, j’ai raté l’avion”, version PLR
COMMENTAIRE. Tout juste remis de leur cuisante défaite zurichoise, le #TeamFDP ou PLR (si jamais l’organe communication du parti oubliait à nouveau que la Romandie est en Suisse) se lance dans l’industrie juteuse de l’écologie.
Il paraît que l’on apprend de ses erreurs. Généralement, cette citation a le mérite d’être avantageuse. Mais pas tout le temps. Dans le cas précis du revirement écologique du PLR, cela ressemble plutôt à un «changeons notre fusil d’épaule». Car oui, le parti de droite s’intéresse à cette problématique désormais. Dès le vendredi 29 mars, les libéraux-radicaux ont lancé un sondage parmi leurs 120’000 adhérents sur les attentes écologiques de ceux-ci.
«Le PLR n’a pas été compris»
Benoît Genecand (PLR, GE), conseiller national et membre de la commission de l’environnement, a répondu aux questions de La Liberté (29.03.2019). À propos de l’échec au Conseil national de la loi sur le CO2, il a déclaré : «Le PLR n’a pas été compris». Alors, cher Monsieur, je crois plutôt que c’est vous qui n’avez pas compris. Les jeunes d’aujourd’hui (pas tous, mais beaucoup tout de même) désirent des actions concrètes.
Ce monde que vous quitterez sûrement plus tôt que nous change et il ne faut pas le laisser agoniser. Non, la Suisse ne peut pas modifier le futur du climat à elle seule. Oui, la réussite économique de notre pays (qui nous permet tout de même de vivre dans un certain confort) a nécessité certaines décisions pas des plus vertes. Mais nous pouvons être un exemple. Nous pouvons tenter (au moins cela) de coupler réussite économique et respect de l’environnement. Pas en un jour ni en une année. Mais cela vaudrait le détour d’y réfléchir. Votre intérêt subit pour l’écologie n’est point à blâmer. Votre timing, oui.
Pourquoi s’y intéresser uniquement après une défaite ? Votre puissance politique est-elle plus importante que vos idées ? Car si vous avez bel et bien raté l’avion sur ce sujet, il n’est jamais trop tard pour prendre le prochain train.
Politique
Des aides financières pour donner vie aux projets des jeunes
Frédéric Cerchia, délégué cantonal à l’enfance et à la jeunesse pour l’État de Vaud, accompagne des jeunes dans la réalisation de leurs projets, depuis maintenant sept ans. Il nous explique une partie de son travail.
Interview réalisée le 27 avril 2018.
Slash : À qui s’adressent les aides financières du Service de protection de la jeunesse (SPJ) ?
Frédéric Cerchia : Tous les groupes de jeunes, dont la majorité des membres sont âgés jusqu’à 25 ans révolus et résident sur le territoire vaudois, peuvent solliciter une aide financière pour un projet à but social, sportif et culturel ou visant notamment la promotion de la santé, de l’intégration, de l’égalité, du développement durable et de la citoyenneté.
Cela concerne bien évidemment les organisations de jeunesse, mais il est important de relever que même des groupes de jeunes informels qui ne sont pas constitués sous la forme associative et qui se lancent pour la première fois dans un projet peuvent demander une aide financière. Même un groupe de jeunes mineurs (moins de 18 ans) peut recevoir une aide financière si une personne majeure (un parent, un professionnel, un élu) se porte garante de la bonne utilisation de l’aide octroyée. Si un projet est réalisé dans le cadre d’un centre d’animation ou d’un autre organisme géré par des adultes, le groupe de jeunes doit avoir une part très active dans la conception et la réalisation du projet, y compris dans ses aspects financiers ou ceux liés à la communication.
Les projets soutenus peuvent s’adresser à d’autres générations ou à des publics d’autres cantons.
À quoi servent-elles ?
Les aides financières du SPJ visent à encourager les jeunes à prendre des initiatives et à se responsabiliser en réalisant des projets qui se nourrissent de leurs passions ou qui répondent à leurs préoccupations. Par la gestion de projets, les jeunes renforcent et développent leurs compétences sociales (coopérer avec d’autres en vue d’un objectif commun, prendre des décisions collectivement…), techniques (élaborer et gérer un budget…) voire affectives (tolérer la frustration, l’imprévu…). Ils apprennent à respecter des délais et à se soumettre à des contraintes institutionnelles (demander une autorisation à une commune pour utiliser un espace public…). Ces expériences contribuent au développement d’un sentiment citoyen, au renforcement de la confiance en ses capacités et en son pouvoir d’agir. Les jeunes deviennent acteurs de leur environnement et trouvent une place dans la collectivité.
Plus concrètement, les aides financières servent à financer une partie des coûts qui doivent être engagés pour réaliser un projet, dont l’achat de matériel, les mandats attribués à des tiers (professionnel de la sécurité, de la technique ou du graphisme) et les frais de déplacement et de repas des jeunes bénévoles engagés dans l’organisation du projet. Les frais de fonctionnement courant d’une structure (loyer et salaires) ou ceux engagés à l’étranger ne sont pas pris en compte.
Les groupes de jeunes sont encouragés à demander un financement complémentaire aux communes qui accueillent le projet ou à des sponsors privés. De plus, les aides financières du SPJ sont subsidiaires à celles d’autres services cantonaux en charge notamment de la culture, de l’éducation et du sport qui doivent donc être sollicitées en priorité.
Comment faire pour les solliciter ?
Il suffit de m’adresser un dossier écrit, par mail ou par courrier, présentant brièvement le projet : un descriptif de l’activité en précisant le lieu, la date et tout autre information nécessaire à la réalisation du projet (autorisation de la commune, assurance « RC manifestation », sécurité, droits d’auteurs…), l’identité des membres du groupe d’organisation (date de naissance et commune de résidence pour chaque personne), un budget présentant le détail des coûts et le plan de financement en précisant l’état des autres demandes et en joignant les devis et les statuts de l’association – si c’est une association qui fait la demande.
Les délais qui doivent être respectés pour l’envoi des dossiers de demande d’aide financière sont indiqués sur le site du canton. Il est demandé de limiter les dossiers à 10 pages au maximum, d’éviter de les agrafer et de ne pas utiliser des fonds de page entièrement en couleurs.
Deux promotrices de projets, Marie Bertholet et Anna Mrazek, peuvent aider les jeunes à élaborer leur dossier sur demande. Elles se déplacent gratuitement dans tout le canton et sont joignables par mail ou pour téléphone.
Tous les projets ont leurs chances ou le SPJ les finance sous certaines conditions ?
Les projets doivent respecter une série de 15 critères. Un projet doit notamment se dérouler en dehors de la structure scolaire, ne pas être sponsorisé par une marque d’alcool ou de cigarette, éviter toute forme de prosélytisme ou encore être ouvert sur l’environnement social des jeunes organisateurs qui ne doivent pas en être les seuls bénéficiaires.
Les dossiers de demandes sont examinés par un comité que je préside et qui est composé de quatre jeunes âgés entre 14 et 18 ans issus de la Commission de jeunes et de quatre adultes professionnels du domaine de la jeunesse. C’est moi ensuite qui décide d’une attribution et de son montant, sur la base des avis et des réflexions développés par les membres du comité.
Une fois qu’un groupe de jeunes reçoit de l’argent du SPJ, que doit-il faire pour remplir ses exigences ?
Il ne s’agit pas d’un don, mais d’une subvention réglée par des lois, car c’est de l’argent public qui est attribué. Son utilisation doit donc être contrôlée une fois que le projet est terminé.
Dans l’ordre, nous signons d’abord un accord réglant les modalités d’utilisation de l’aide financière avec un-e représentant-e majeur-e du groupe de jeunes, que ce soit une association ou un groupe informel. Une fois qu’un exemplaire de l’accord signé m’a été retourné, nous pouvons procéder au versement de l’aide financière sur le compte bancaire du bénéficiaire. Tout changement dans l’affectation de l’aide financière doit m’être annoncé aussitôt que possible. Dès la fin du projet, mais au plus tard à la fin de l’année civile au cours de laquelle le projet a eu lieu, le groupe de jeunes doit m’envoyer un rapport faisant un bref bilan (éventuellement avec photos et coupures de presse) et présentant les comptes finaux détaillés. Si le projet n’est pas porté par une association, les copies des pièces justificatives des principales dépenses doivent être jointes également. Si un projet présente un bénéfice non prévu de plus de 500 francs, nous pouvons exiger qu’une part du solde nous soit restitué ou, s’il est prévu de le réinjecter dans un nouveau projet, qu’un nouveau budget nous soit transmis.
Une fois que nous avons effectué ces différents contrôles, un courrier attestant de la conformité de l’utilisation de l’aide financière est envoyé aux jeunes.
Vous trouverez toutes les informations utiles sur www.jaiunprojet.ch.