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3 albums de Nick Cave avant son concert au Montreux Jazz Festival

Nick Cave au Zenith de Paris, le 03 octobre 2017 – © Jason Williamson

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Programmé au Montreux Jazz ce jeudi soir pour la première fois, la bête de scène Nick Cave appartient désormais à ces artistes qui se font rares. Accompagné de ses « Bad Seeds », Cave ne cesse depuis bientôt 45 ans de traverser les époques, sans même une once de vétusté. Retour sur le parcours de l’homme à la voix ténébreuse en 3 albums phares.

Push The Sky Away – 2013

Push The Sky Away est l’album de la rupture pour Nick Cave et ses Bad Seeds. Pour la première fois en studio sans Mick Harvey, guitariste et membre fondateur qui a quitté le groupe début 2009, Cave et ses acolytes se retrouvent dans le sud de la France au studio La Fabrique, dans une résidence du 19e d’un charme absolu. Le tournant est radical, les riffs cinglants de Dig, Lazarus, Dig !!! (l’album précédent) ont été abandonnés pour faire place à une musique résolument plus apaisée, plus épurée.

Le travail est minutieux, chaque note, chaque son s’entremêle dans une atmosphère enivrante. Des tensions obscures se mélangent à une lumière tout à fait nouvelle chez Nick Cave. Des cordes grinçantes, des orgues célestes, une flûte traversière venue d’ailleurs, d’étranges bruitages indéfinissables nous emmènent dans des contrées encore inconnues.

Le voyage commence sur We No Who U R. Un vieux clavier, une batterie timide et une basse qui ronronne déroulent le tapis rouge à l’interprétation sublime de Nick Cave. Peu à peu la musique s’étoffe : des sons, une flûte, un chœur d’enfants (de l’école, à côté du studio), tout ça pour déboucher sur un refrain, simple, entêtant, « And we know who you are ». L’album s’ouvre sur un tube.

Quelques titres plus tard, une ligne de basse nerveuse entame Water’s Edge. Cave déclame son texte avec urgence, le morceau n’explose pas, mais la tension est puissante, électrique presque colérique. L’album se conclut sur Push The Sky Away, un titre d’une rare majesté, un titre dont on ne parle pas, un titre qui s’écoute encore et encore.

Tender Prey – 1988

Sorti en septembre 1988, Tender Prey est le 5e album de Nick Cave and the Bad Seeds. Le disque conclut avec panache l’ère berlinoise durant laquelle Cave aura publié son premier recueil de poèmes, « King Ink ». Sont alors enregistré quatre albums : The First Born Is Dead (1985), Kicking Against The Pricks (1986), Your Funeral… My Trial (1986) et le fameux Tender Prey. Souvent considéré comme l’un des albums les plus forts de Nick Cave, le disque semble être sombre, très sombre. On pose le vinyle, rabaisse la tête de lecture et c’est parti.

Dans The Mercy Seat, le premier titre, Cave entre en scène dans la peau d’un condamné à mort, puis entame un long monologue morbide, chargé de références bibliques. Le titre est somptueux, Cave lui-même en est fou, il le joue presque à chacun de ses concerts Johnny Cash, en personne, en fera même une reprise en 2000, sur son album American III : Solitary Man.

Quelques pistes plus tard, Mercy commence. La voix se mêle à l’harmonica, on se laisse bercer par cette musique noire. Un homme seul implore pitié dans un refrain d’une beauté lancinante.

L’album se conclut sur New Morning. Cave se présente en crooner ironique qui remercie le soleil d’avoir abattu la lune et ses étoiles pour lui donner une nouvelle matinée ensoleillée. Tout est dit ! Un dernier solo d’harmonica, la valse se termine, la tête de lecture se relève, le disque terminé.

The Boatman Call’s – 1997

Tout juste une année après le fameux Murder Ballads, un album de dix chansons sur le thème du meurtre, Nick Cave and The Bad Seeds sortent The Boatman Call’s, qui deviendra très vite un disque phare dans l’œuvre du chanteur. Beaucoup plus intimiste que son prédécesseur, l’album est principalement centré autour de la voix et du piano de Nick Cave. Les Bad Seeds sont, eux, d’une discrétion et d’une sobriété magnifique, ils se sont retirés pour devenir les piliers transparents d’un chef-d’œuvre absolu. Fini les meurtres, cette fois-ci l’Australien se tourne vers les chansons d’amour L’une d’elles, West Country Girl, fait d’ailleurs vraisemblablement référence à sa brève relation, tout juste terminée à l’époque, avec la chanteuse anglaise PJ Harvey.

L’album s’ouvre sur Into My Arms, une sublime ballade évoquant la séparation de Nick Cave avec son ex-femme, Vivianne Carneiro. Dès sa sortie, la chanson reçoit un immense succès, tant auprès des critiques que du grand public. C’est l’un des titres dont Cave se dira plus tard être le plus fier. Il l’interprètera aux funérailles de « son » Michael Hutchence, chanteur de INXS, après avoir pris soin de couper toutes les caméras présentes à ce moment-là.

Un peu loin sur le disque, un autre tube démarre, People Ain’t No Good. La mélodie est douce et entêtante, on en oublierait presque que Nick Cave a pu être un véritable punk enragé, il n’y a pas si longtemps. L’arrangement est simple, mais d’une beauté déconcertante. Pour la première fois on peut entendre le travail de Warren Ellis, violoniste et multi-instrumentiste, qui deviendra par la suite l’un des principaux acolytes de Cave tant dans les Bad Seeds que dans son autre groupe Grinderman.

Enfin, Black Hair n’est pas forcément très connu, alors que pourtant la chanson mériterait de l’être. Une basse, un accordéon et un orgue délicat portent presque à l’unisson la voix du chanteur, qui nous offre là l’une de ses plus belles interprétations, à écouter absolument.

Nick Cave et les Bad Seeds se produiront à l’Auditorium Stravinski, dans le cadre du Montreux Jazz Festival, le 12 juillet 2018, à 21h30.

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João Gilberto, bossa supernova

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João Gilberto, sur la scène du Montreux Jazz Festival en 1985 – Alain Benainous
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Le chanteur brésilien João Gilberto, précurseur de la bossa-nova, est mort samedi à 88 ans. 

Samba, plus jamais. João Gilberto n’est plus. Le papa réfractaire de la bossa-nova est mort samedi à 88 ans a annoncé son fils, João Marcelo, sur Facebook.

Souvenirs d’ici

Un vieux microphone à condensateur, la gratte légère et le flegme de la cidade maravilhosa (la ville merveilleuse). Il n’en fallait pas plus, à l’époque, pour faire frémir le Montreux Jazz Festival, un soir de juillet 1985.

Pourtant, 34 ans plus tard, en ce soir de juillet 2019, le micro restera sourd, la gratte veule et Rio pleurera. Pleurera «o mito» (le mythe), parti sans doute rejoindre Loalwa Braz, Vinícius de Moraes ou encore Nelson Ned.

Samba de maître

Il fascine, João Gilberto. D’un revers de guitare, il ouvre la voie au génie de Caetano Veloso, Gilberto Gil et Tom Zé. Même que, selon les légendes du petit monde des grands musiciens, il influença le jazz d’un certains Miles Davis. Fastoche.

Ces dernières années, plombé par des dettes, dépossédé de ses droits, miné par des procès à rallonge, l’homme s’est «volatilisé» des radars médiatiques.

Le 6 juillet 2015, seule une vidéo sur YouTube le montrant, affaibli, fredonner avec sa fille, Luiza, le fit «ressurgir». Où était-il ? Que faisait-il ? Il sera dès lors le sujet de bien des rumeurs et fantasmes. Sa famille assure qu’il va bien et continue de «gratter». Il en sera une des dernières apparitions du musicos.

«La bossa nova je ne sais pas ce que c’est»

«La bossa nova je ne sais pas ce que c’est. Moi je joue de la samba», a-t-il assuré en 1961, au moment de publier son troisième 33 tours. En face A, on y trouve, pour exemple, une version de Samba da Minha Terra, le classique de l’un de ses maîtres chanteurs, Dorival Caymmi.

«Il peut bien sonner même en lisant un journal», dit un jour de Gilberto le draconien Miles Davis. C’est certainement là, encore plus que tout le reste, que résidait le miracle du Bahianais.

Jamais pris en flagrant délit de mauvais goût, toujours prompt à apposer quelques vers sur quelques notes. Le chanteur aura clairement redonné ses lettres de noblesse au mot «interprète». Lorsqu’il n’est pas l’auteur d’un céleste canção.


Sélection musicale de Malick Touré-Reinhard.

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“Les 6 Chemins” du SexoapCrew, un premier EP en dehors des sentiers battus

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Le collectif rap bullois SexoapCrew a dévoilé samedi Les 6 Chemins, un premier EP aux styles multiples, mais volontiers plaisants. Interview. Chose promise, chose due, c’est le 25 mai dernier que le SexoapCrew a dévoilé son premier EP intitulé Les 6 Chemins. De passage dans nos colonnes en décembre 2018l’équipe originaire de Bulle est composée de six identités : Tacchini, Sunem, Dom, Simcheck, AR et SGK. SexoapCrew est un shakeur dans lequel les saveurs ne peuvent être parfaitement reconnues tellement elles sont nombreuses. Une chose est sûre, cependant : le cocktail est frais mais aussi à portée de toutes et tous. En janvier 2019, le SexoapCrew ouvrait les hostilités avec le clip de «Guérilla». Quatre mois plus tard, il nous revient avec «Sancho» et annonce enfin la sortie d’un premier EP pour le 24 mai. Suite à un souci technique, l’oeuvre arrive le lendemain sur les plateformes. Et c’est dans un bar de Fribourg que le SexoapCrew nous parle de cette première «naissance» par voie digitale.

Slash : Quoi de neuf depuis décembre ? Tacchini : Lors du concert à Fri-son, on t’avait parlé d’un premier projet qui devait sortir en début d’année, ça a pris un peu plus de temps que prévu par rapport au mixage et notre implication dans ce projet. Sinon, on s’est calmés sur les concerts, afin de privilégier le travail en studio et trouver notre ADN. Vous sortez votre premier EP Les 6 Chemins. Comment a-t-il été conçu ? AR : Il a été conçu assez naturellement. On s’est isolés dans le chalet – ou plutôt dans l’appartement – de Dom, à La Tzoumaz [en Valais, ndlr.] . On y est allés trois week-ends, on a pris tout notre matériel pour enregistrer, on a écrit nos textes et voilà comment onze titres ont vu le jour, pour en garder huit. Pourquoi Les 6 Chemins SGK : On est six personnes, on a chacun notre vie, nos expériences et on s’est croisés à différents moments. Depuis, nos six chemins ne font plus qu’un, c’est-à-dire celui du SexoapCrew, tout en gardant notre parcours de vie personnel, qui fait l’identité de chaque membre. Simcheck : Ces six chemins vont au final dans le même sens. On a différents avis, par exemple dans le rap et la musique. Cependant, la direction dans laquelle on se dirige reste commune. Dom : Même au niveau textuel, c’est très diversifié et c’est lié à ce que SGK a dit.

Comment vous fonctionnez pour la création de vos chansons ? Vous avez un mode d’emploi ? Tacchini : On n’a pas de mode d’emploi, on ne s’est pas fixés de thème pour les morceaux… Une fois le son enregistré, le sujet était présent. C’est la force des six chemins. Sunem : À chaque morceau, AR a mis sa touche. Peu importe l’instru’, il a fait quasi tous les refrains de l’EP. Cela nous a mis dans un même esprit, car les refrains tournaient en boucle pendant qu’on écrivait. En fait, on s’est basés là-dessus. SGK : On met l’instru’, chacun «gratte» son texte – de son côté ou sur son chemin. À la fin, on met nos écrits en commun et on regarde comment créer les meilleurs «combos» – qui va commencer, suivre, conclure. Dom : Le fait d’imposer un thème, je ne pense pas que ça soit quelque chose qui marche. Il faut être assez libre sur ce qu’on écrit. Les refrains que AR a posés, ont permis de créer un univers et le son crée le thème. Un mot ou une phrase qui illustre l’ensemble de votre EP ? SGK et Simcheck : C’est le «Sancho». Avant de faire du rap, nous étions déjà des potes. On est tout le temps ensemble, on fait tout ensemble, c’est comme la famille. On s’appelle le «Sancho», parce qu’on est comme une veine dans laquelle coule un seul et même sang, sans oublier qu’on est chauds aussi.

Cover 6 Chemins - SexoapCrew

De g. à d. : Dom, Simcheck, AR, Tacchini, SGK et Sunem – © SexoapCrew

Dès la première piste, «Expo», vous dites «tout ce qu’on vise c’est les trophées, faire du cash…» De quel(s) trophée(s) parlez-vous ? C’est possible avec un premier projet ? Simcheck : Pour nous, rien que de rapper ensemble et de pouvoir promouvoir ça dans notre ville, que les gens reconnaissent notre travail, c’est déjà un trophée. Peu importe le cash que ça apporte derrière. Nos trophées sont le résultats du travail mis à l’ouvrage (sic.). C’est récolter ce que l’on a semé. AR : Trophée ne veut pas dire «avoir un Disque d’Or». Se produire sur scène devant ma famille, mes potes, mon entourage, ou devant des gens qui paient une entrée pour venir nous voir, recevoir un cachet, c’est un trophée. Tout le monde a besoin de «cash» et si on peut en gagner en faisant ce qu’on aime, c’est parfait. SGK : Le trophée est dans le sens d’accomplir quelque chose. Ce sont des victoires, en regardant de quoi l’on est parti. Ce qu’on fait est devenu plus «carré», il y a du travail dans notre art. On parle souvent de cash parce que la vie est ainsi faite, mais on est aussi très «Sancho». On oublie pas que la famille est plus importante que l’argent. Sunem : La suite du texte dit «faire du cash pour ensuite coffrer», cela signifie que que l’on a cette envie de mettre bien les nôtres (sic.). Prendre soin de la famille et tout ce qui va avec. Dom : Tu dois aller chercher ton argent, être là, présent, déterminé et faire les choses.

SXP

Le “Sancho”, au grand complet – © Jay Bax

Cinquième titre, «Guérilla» : qu’est-ce que signifie «on sourit pour serrer les dents» ? Avez-vous tendance à avoir la bouche trop ouverte ?  SGK : C’est pas une question d’avoir la grande gueule. C’est juste que la vie peut être dure par moment, mais on a la chance d’être en Suisse, par exemple. On sourit même si tu peux avoir des douleurs. Tacchini : C’est vrai qu’on a des énormes gueules au quotidien. En même temps, c’est un défaut mais aussi une immense qualité, parce qu’on se dit les choses. On n’a pas peur de dire si l’un de nous a écrit un couplet de merde. On se le dit gentiment quand même. On sait aussi comment apaiser les tensions entre nous. Des fois, ça explose mais on revient toujours à l’état de potes. Dom : On n’oublie pas que nous sommes des potes à la base. Même si on s’engueule, on sait qu’il y a pas de problèmes à la base. Quand est-ce qu’on vous revoit sur scène ? Tacchini : Nous serons en concert le 15 juin à Ebullition [centre culturel situé à Bulle, ndlr.] avec Slimka, Di-Meh, Daejmy, Shaim & Santo. Pour les autres dates, ce sera à suivre sur nos réseaux sociaux.


«Les 6 Chemins» est à retrouver sur toutes les plateformes de téléchargement légal  www.mx3.ch/sexoapcrew.

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