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Broken Bridge, les sixties en fondations
Presque nostalgiques d’une époque inconnue, les trois Nyonnais de Broken Bridge épate avec leur garage rock opiniâtre. Une véritable machine à remonter le temps.
Ils ont la fureur de la punk sixties, le dandysme sale de la punk sixties, l’accoutrement de la punk sixties. À les entendre, on se croirait dans une petite salle aveugle de Manchester, un bock à la main et les yeux rougis par la fumée des cigarettes. Pourtant, ils sont nés à l’aube des années 2000, du temps où Avril Lavigne et Tragédie étaient encore des êtres divins, adulés et respectés.
Ils, c’est Broken Bridge. Presque nostalgiques d’une époque inconnue. Trois garçons de la Côte, «dans le vent», comme disent les jeunes des sixties, avec la gratte qui démange et la volonté de bousculer le rock romand.
Les chaussettes vermeilles, assorties au veston, Don Salmontes (à la guitare et au chant) ouvre la marche, suivi de près par Red Knee (à la batterie et au chant) et sa mèche blonde impeccable. Enfin, le dernier arrivé dans la bande, Capitain Will (à la basse), longiligne, presque filiforme, s’engage, lui aussi, dans l’escalier du Café des Docks.
Mercredi, la salle lausannoise accueillait la formation garage rock dans le cadre de Proxima, son projet de soutien à la nouvelle scène helvétique. Et sous les airs angéliques du boys band se cachent en réalité la frénésie du guitariste, la contention du batteur et la transe du bassiste. Une fois entré en scène, le groupe nyonnais s’électrise et laisse jaillir une folie bluffante, extatique.
Gentlemen rockers
Transpirant la fièvre du départ, le trio de gentlemen rockers sortait le 20 octobre 2018 «Live in Geneva», un premier album aux riffs distordus et à la rythmique soutenue. Douze titres, enregistrés en live cette année, au Bouffon de la Taverne de Genève. Pour Marco, Alex et William (à la ville), l’énergie du live est quelque chose de primordial : «Nous faisons cela par authenticité, assure le dandy-guitariste. Nous voulons que le public puisse entendre la même chose en live que sur support digital».
Dans cette cellule rock croissante, l’osmose est le principal moteur. Pour le moins prolifiques, lors de leur première répétition en 2017, Don Salmontes et Red Knee écrivirent six morceaux. Quasi deux années plus tard, certains ont été abandonnés, d’autres réarrangés. Mais, qu’importe, l’envie et toujours là ; à l’image de leurs sept concerts donnés entre octobre et novembre dernier, de Genève à Chexbres, en passant par Lausanne et Nyon. «Notre but était de réussir à jouer hors des frontières», explique Salmontes. Pari tenu : le groupe terminera en décembre son «Autumn 2018 x Tour», à Paris, lors d’une Garage Christmas Party.
À l’écoute des pistes qui composent cet album, à l’écoute de Strange Pleasure, de Worst Shadows, de Candy Mountain, de ces compositions chantées d’une voix crachée, de ces textures saturées, passées par les filtres du lo-fi, on se plaît à penser qu’il y a là un début de grande aventure.
Leur prochain objectif : «Sortir un 45 tours. Les groupes garage le faisaient beaucoup, il y a 50 ans. Et nous aimerions faire de même», conclut Don Saltamontes. Sixties, disait-on ?
«Live in Geneva», le premier album des Broken Bridge, est à retrouver sur Bandcamp.
Les trois rockeurs seront en concert le 21 décembre 2018 à la «Garage Christmas Party» de Paris.
Artistes
João Gilberto, bossa supernova
Le chanteur brésilien João Gilberto, précurseur de la bossa-nova, est mort samedi à 88 ans.
Samba, plus jamais. João Gilberto n’est plus. Le papa réfractaire de la bossa-nova est mort samedi à 88 ans a annoncé son fils, João Marcelo, sur Facebook.
Souvenirs d’ici
Un vieux microphone à condensateur, la gratte légère et le flegme de la cidade maravilhosa (la ville merveilleuse). Il n’en fallait pas plus, à l’époque, pour faire frémir le Montreux Jazz Festival, un soir de juillet 1985.
Pourtant, 34 ans plus tard, en ce soir de juillet 2019, le micro restera sourd, la gratte veule et Rio pleurera. Pleurera «o mito» (le mythe), parti sans doute rejoindre Loalwa Braz, Vinícius de Moraes ou encore Nelson Ned.
Samba de maître
Il fascine, João Gilberto. D’un revers de guitare, il ouvre la voie au génie de Caetano Veloso, Gilberto Gil et Tom Zé. Même que, selon les légendes du petit monde des grands musiciens, il influença le jazz d’un certains Miles Davis. Fastoche.
Ces dernières années, plombé par des dettes, dépossédé de ses droits, miné par des procès à rallonge, l’homme s’est «volatilisé» des radars médiatiques.
Le 6 juillet 2015, seule une vidéo sur YouTube le montrant, affaibli, fredonner avec sa fille, Luiza, le fit «ressurgir». Où était-il ? Que faisait-il ? Il sera dès lors le sujet de bien des rumeurs et fantasmes. Sa famille assure qu’il va bien et continue de «gratter». Il en sera une des dernières apparitions du musicos.
«La bossa nova je ne sais pas ce que c’est»
«La bossa nova je ne sais pas ce que c’est. Moi je joue de la samba», a-t-il assuré en 1961, au moment de publier son troisième 33 tours. En face A, on y trouve, pour exemple, une version de Samba da Minha Terra, le classique de l’un de ses maîtres chanteurs, Dorival Caymmi.
«Il peut bien sonner même en lisant un journal», dit un jour de Gilberto le draconien Miles Davis. C’est certainement là, encore plus que tout le reste, que résidait le miracle du Bahianais.
Jamais pris en flagrant délit de mauvais goût, toujours prompt à apposer quelques vers sur quelques notes. Le chanteur aura clairement redonné ses lettres de noblesse au mot «interprète». Lorsqu’il n’est pas l’auteur d’un céleste canção.
Sélection musicale de Malick Touré-Reinhard.
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“Les 6 Chemins” du SexoapCrew, un premier EP en dehors des sentiers battus
Le collectif rap bullois SexoapCrew a dévoilé samedi Les 6 Chemins, un premier EP aux styles multiples, mais volontiers plaisants. Interview. Chose promise, chose due, c’est le 25 mai dernier que le SexoapCrew a dévoilé son premier EP intitulé Les 6 Chemins. De passage dans nos colonnes en décembre 2018, l’équipe originaire de Bulle est composée de six identités : Tacchini, Sunem, Dom, Simcheck, AR et SGK. SexoapCrew est un shakeur dans lequel les saveurs ne peuvent être parfaitement reconnues tellement elles sont nombreuses. Une chose est sûre, cependant : le cocktail est frais mais aussi à portée de toutes et tous. En janvier 2019, le SexoapCrew ouvrait les hostilités avec le clip de «Guérilla». Quatre mois plus tard, il nous revient avec «Sancho» et annonce enfin la sortie d’un premier EP pour le 24 mai. Suite à un souci technique, l’oeuvre arrive le lendemain sur les plateformes. Et c’est dans un bar de Fribourg que le SexoapCrew nous parle de cette première «naissance» par voie digitale.
Slash : Quoi de neuf depuis décembre ? Tacchini : Lors du concert à Fri-son, on t’avait parlé d’un premier projet qui devait sortir en début d’année, ça a pris un peu plus de temps que prévu par rapport au mixage et notre implication dans ce projet. Sinon, on s’est calmés sur les concerts, afin de privilégier le travail en studio et trouver notre ADN. Vous sortez votre premier EP Les 6 Chemins. Comment a-t-il été conçu ? AR : Il a été conçu assez naturellement. On s’est isolés dans le chalet – ou plutôt dans l’appartement – de Dom, à La Tzoumaz [en Valais, ndlr.] . On y est allés trois week-ends, on a pris tout notre matériel pour enregistrer, on a écrit nos textes et voilà comment onze titres ont vu le jour, pour en garder huit. Pourquoi Les 6 Chemins ? SGK : On est six personnes, on a chacun notre vie, nos expériences et on s’est croisés à différents moments. Depuis, nos six chemins ne font plus qu’un, c’est-à-dire celui du SexoapCrew, tout en gardant notre parcours de vie personnel, qui fait l’identité de chaque membre. Simcheck : Ces six chemins vont au final dans le même sens. On a différents avis, par exemple dans le rap et la musique. Cependant, la direction dans laquelle on se dirige reste commune. Dom : Même au niveau textuel, c’est très diversifié et c’est lié à ce que SGK a dit.
Comment vous fonctionnez pour la création de vos chansons ? Vous avez un mode d’emploi ? Tacchini : On n’a pas de mode d’emploi, on ne s’est pas fixés de thème pour les morceaux… Une fois le son enregistré, le sujet était présent. C’est la force des six chemins. Sunem : À chaque morceau, AR a mis sa touche. Peu importe l’instru’, il a fait quasi tous les refrains de l’EP. Cela nous a mis dans un même esprit, car les refrains tournaient en boucle pendant qu’on écrivait. En fait, on s’est basés là-dessus. SGK : On met l’instru’, chacun «gratte» son texte – de son côté ou sur son chemin. À la fin, on met nos écrits en commun et on regarde comment créer les meilleurs «combos» – qui va commencer, suivre, conclure. Dom : Le fait d’imposer un thème, je ne pense pas que ça soit quelque chose qui marche. Il faut être assez libre sur ce qu’on écrit. Les refrains que AR a posés, ont permis de créer un univers et le son crée le thème. Un mot ou une phrase qui illustre l’ensemble de votre EP ? SGK et Simcheck : C’est le «Sancho». Avant de faire du rap, nous étions déjà des potes. On est tout le temps ensemble, on fait tout ensemble, c’est comme la famille. On s’appelle le «Sancho», parce qu’on est comme une veine dans laquelle coule un seul et même sang, sans oublier qu’on est chauds aussi.Dès la première piste, «Expo», vous dites «tout ce qu’on vise c’est les trophées, faire du cash…» De quel(s) trophée(s) parlez-vous ? C’est possible avec un premier projet ? Simcheck : Pour nous, rien que de rapper ensemble et de pouvoir promouvoir ça dans notre ville, que les gens reconnaissent notre travail, c’est déjà un trophée. Peu importe le cash que ça apporte derrière. Nos trophées sont le résultats du travail mis à l’ouvrage (sic.). C’est récolter ce que l’on a semé. AR : Trophée ne veut pas dire «avoir un Disque d’Or». Se produire sur scène devant ma famille, mes potes, mon entourage, ou devant des gens qui paient une entrée pour venir nous voir, recevoir un cachet, c’est un trophée. Tout le monde a besoin de «cash» et si on peut en gagner en faisant ce qu’on aime, c’est parfait. SGK : Le trophée est dans le sens d’accomplir quelque chose. Ce sont des victoires, en regardant de quoi l’on est parti. Ce qu’on fait est devenu plus «carré», il y a du travail dans notre art. On parle souvent de cash parce que la vie est ainsi faite, mais on est aussi très «Sancho». On oublie pas que la famille est plus importante que l’argent. Sunem : La suite du texte dit «faire du cash pour ensuite coffrer», cela signifie que que l’on a cette envie de mettre bien les nôtres (sic.). Prendre soin de la famille et tout ce qui va avec. Dom : Tu dois aller chercher ton argent, être là, présent, déterminé et faire les choses.
Cinquième titre, «Guérilla» : qu’est-ce que signifie «on sourit pour serrer les dents» ? Avez-vous tendance à avoir la bouche trop ouverte ? SGK : C’est pas une question d’avoir la grande gueule. C’est juste que la vie peut être dure par moment, mais on a la chance d’être en Suisse, par exemple. On sourit même si tu peux avoir des douleurs. Tacchini : C’est vrai qu’on a des énormes gueules au quotidien. En même temps, c’est un défaut mais aussi une immense qualité, parce qu’on se dit les choses. On n’a pas peur de dire si l’un de nous a écrit un couplet de merde. On se le dit gentiment quand même. On sait aussi comment apaiser les tensions entre nous. Des fois, ça explose mais on revient toujours à l’état de potes. Dom : On n’oublie pas que nous sommes des potes à la base. Même si on s’engueule, on sait qu’il y a pas de problèmes à la base. Quand est-ce qu’on vous revoit sur scène ? Tacchini : Nous serons en concert le 15 juin à Ebullition [centre culturel situé à Bulle, ndlr.] avec Slimka, Di-Meh, Daejmy, Shaim & Santo. Pour les autres dates, ce sera à suivre sur nos réseaux sociaux.
«Les 6 Chemins» est à retrouver sur toutes les plateformes de téléchargement légal – www.mx3.ch/sexoapcrew.