Mode
Dans les ateliers d’Albers, un projet de sœurs entrepreneuses
Alex, 22 ans, créatrice de vêtements et en propédeutique à l’École supérieure des Beaux-Arts et de la Haute école d’Arts de Genève, et Beryl, 28 ans, géographe-urbaniste, ont fondé leur marque de vêtements et accessoires, Albers, en 2013. Une aventure particulière et touchante, puisque les jeunes femmes sont sœurs et créent les pièces ensemble, de A à Z. Elles dévoilent leur nouvelle collection samedi, on les a rencontrés.
L’histoire d’Albers a commencé dans un salon, ou presque. Alex et Beryl, les sœurs fondatrices, faisaient des tote bags, chez elles, «pour le fun». Le résultat étant sympathique, de plus en plus d’amis en demandent. «On a donc commencé à leur en créer et à force, l’idée de fonder notre marque a fait du chemin. Puis le shop Délicieux [qui a depuis fermé, ndlr.] nous a proposé de vendre nos pièces», raconte la première. Arrivent ensuite un premier événement pour la collection capsule et une collection de vestes pour hommes. «Ça a bien marché et on est arrivé à un moment où la demande est très vite montée», se souvient la seconde. Le succès est au rendez-vous et les deux sœurs sont rapidement submergées par les nouvelles sollicitations : «On a eu un peu de la peine à suivre ; le shop nous demandait de fournir plus de pièces. On n’est pas une grosse entreprise, on est juste les deux et ce n’est pas notre métier, c’est un hobby», détaille Beryl.
Créer des pièces uniques qui restent abordables, c’est la philosophie des jeunes femmes. Elles imaginent l’ensemble et réalisent chaque pièce à la main : «Le but c’est qu’il n’y ait aucune intervention d’industrie. On coud toutes les pièces à la maison, en utilisant au maximum des matériaux suisses et en créant des pièces uniques. Pas comme un maillot de bain de grande distribution, où dès que tu vas à la plage, il y a cinquante filles qui ont le même», explique la cadette. Véritable histoire de famille, la passion pour la couture ne date pas d’hier… Alors, enfants, l’activité phare était de récupérer les chutes tombées de la machine à coudre de leur maman et de les transformer en créations.
À l’heure d’une mode aux prix toujours plus exorbitants, l’accessibilité est le maître-mot d’Albers. «Les nouveaux créateurs suisses c’est souvent des choses hyper chères et donc, même si on en a envie, c’est très difficile de s’offrir leurs produits», regrette Alex. Le but est donc de prouver qu’il n’est pas nécessaire de sortir une somme importante pour avoir des pièces hors du commun, tout en sensibilisant les gens aux heures de travail que chaque objet nécessite.
Puis, les sœurs ont commencé à vernir leurs collections, toujours avec un succès fulgurant. «Un peu victimes de notre succès, à chaque vernissage, on vendait toutes nos pièce», rigole Beryl, contente d’avoir trouvé une manière originale et sympa de vendre leurs collections. Un concept est né : un événement exclusif pour une pièce exclusive. Mais cela va bien au-delà, ces soirées permettent un véritable échange vestimentaire. «On passe beaucoup de temps sur chaque pièce et c’est vrai qu’à la fin on a du mal à s’en séparer, on a bien envie de la garder pour soi», avoue Beryl, presque nostalgique. Alex approuve : «Rencontrer l’acheteur, c’est quand même beaucoup plus cool. On voit que la personne en prendra soin». Presque comme si les vêtements avaient une âme : «Le fait de customiser les pièces, de les pimper, ça en fait un objet phare, qu’on a envie de chérir», explique Beryl. «C’est comme si tu te fais un cadeau à toi-même. Tu ne t’achètes pas un vêtement basique», soutient Alex de manière enjouée.
Les origines des sœurs – un père chilien et une mère hollandaise – ont toujours été une source d’idées importante : «On a beaucoup voyagé et vu des paysages et des tissus inspirants», dit Beryl. Alex, beaucoup plus proche du monde de la mode, nuance : «On essaie quand même de rester dans quelque chose d’actuel, on suit les tendances tout en se les appropriant». D’ailleurs, travailler en famille est connu pour être une tâche ardue, est-ce plus facile entre sœurs ? «Ce n’est pas toujours facile, avoue Beryl, je pense que le plus difficile est de trouver du temps entre nos emplois respectifs pour travailler sur la marque. Mais pour la conception des pièces, on est assez d’accords». Il suffit donc de «juste» gérer le relationnel.
Les deux soeurs s’accordent au moins sur une chose : elles continueront Albers tant que le plaisir de la création et la diversité des pièces resteront : «Dans le monde de la mode, il faut toujours tout faire vite. Tu y mets toute ton âme, tu es toujours fatigué. Je pense qu’il faut vraiment aimer ce genre de rythme pour y rester, déplore Alex, et nous c’est pas ce qu’on recherche».
Pour le moment, le plaisir est plus que présent puisqu’Alex et Beryl organisent deux à trois événements par année. Chaque collection est une surprise, elles ne savent jamais à l’avance ce qu’elle contiendra. «Ça dépend déjà du temps qu’on a à disposition, mais aussi des matières qu’on a trouvées et de la saison», raconte Alex. La création est aléatoire, «au feeling», comme dirait Beryl. Mais certaines pièces reviennent tout de même, dont leur best-seller : la banane. Cette dernière fait partie de leur prochaine collection, accompagnée de t-shirts, entre autres. Une collection tout en détail, entre jeans, cuir et broderies, toujours teintée de l’empreinte familiale : «On a repris les phrases que notre mère nous disait, ces punchlines absurdes, qu’elle sortait des fois en français, des fois en hollandais et on les a brodées sur les t-shirts», dévoile Beryl. Pour le reste, il faudra patienter jusqu’à samedi.
Albers est sur Facebook et Instagram.
La collection estivale d’Albers sera vernie samedi 9 juin 2018 à L’Atelier de Lausanne.
Arts
Le tatouage suisse a son “Mojo Jojo”, il s’appelle Jonas Béguin
Depuis quelques années, le tatouage est devenu à la mode. Fini le temps où les gens qui exhibaient leurs oeuvres étaient mal vus par une majorité. Le tatouage est partout.
Les profils et les hashtags dédiés à cet art sur les réseaux sociaux se comptent par millions. À croire que ne revêtir aucun dessin sur son corps serait désormais synonyme de «marginalisation». Même si son exposition est aujourd’hui grande, les tattoos ne sont toutefois pas encore acceptés au sein de tous les corps de métiers.
Les salons de tatouage sont nombreux et il est loin d’être facile de tirer son «aiguille» du jeu. Depuis moins d’un an, Jonas Béguin alias Mojo Jojo, jeune tatoueur de 24 ans, s’est lancé sur ce marché. Interview.
Slash : Peux-tu te présenter ?
Jonas : Je m’appelle Jonas Béguin, jeune tatoueur plus connu sous le nom de Mojo Jojo. Cela fait moins d’un an que je pratique. Avant, j’étais étudiant à l’École cantonale d’art de Lausanne. En plus du tatouage, j’ai commencé à créer des vêtements.
Dès ton plus jeune âge, le dessin t’attirait-il ?
Ouais, ouais… Complètement ! Depuis petit, j’ai toujours adoré dessiner, j’ai été très tôt dans la création… Un temps, je faisais de la peinture, c’était un peu n’importe quoi, mais j’avais ce besoin de m’exprimer avec mes mains et des couleurs. Le manga avait une grande place aussi, j’en lisais et je passais des nuits à reproduire sur papier les personnages qui habitaient mes BDs japonaises.
Pourquoi avoir arrêté l’École cantonale ?
Alors… (rires) Pour plusieurs raisons… Je vais essayer d’être diplomate. L’École cantonale d’art de Lausanne est une structure qui est très bien organisée, qui est bien faite, qui offre un enseignement de grande qualité. Cela implique qu’il y a une sorte d’attente, de conformisme… Cette école essaie de formater «un peu» leurs élèves à produire un certain type d’oeuvre, dans un style particulier. Il y a ce que l’on appelle le genre ou plutôt le «tampon ECAL». C’est-à-dire que tu reconnais rapidement un élève qui est sorti de cette école, au travail qu’il fournira dans sa vie professionnelle. Ça me dérangeait de ne pas pouvoir proposer ce que je voulais. Lorsque je le faisais: on me «bâchait» derrière, avec de mauvaises notes et je me retrouvais en remédiations.
L’ECAL m’a apporté du positif aussi. J’ai appris beaucoup, ça m’a rendu très pointilleux, j’ai affûté mon coup d’oeil. En même temps que ma déception grandissante pour l’ECAL, un amour grandissant pour le tatouage s’est créé. J’ai senti que le moment était venu de me lancer dans cet art.
Quelle est ta définition du tatouage ?
C’est difficile de donner une définition. C’est quelque chose qui transcende le tatoueur ainsi que la personne qui se fait tatouer, je pense. C’est bien plus que dessiner sur la peau, c’est quelque chose que tu gardes sur toi, tout au long de ta vie. Tu réfléchis beaucoup avant de le faire, pour la plupart. (rires) Le tatouage est aussi une transmission de savoir de maître à élève, que tu ne trouves pas dans d’autres disciplines. Il n’y a pas d’académie ou d’école de tatouage.
Quel a été ton premier contact avec le tatouage ?
J’ai découvert le tatouage avec les clips de rap, comme ceux de 50 Cent, que je regardais enfant. Plus tard, je me suis fait tatouer, non pas dans l’optique de ressembler à un rappeur, mais comme moyen d’expression. Mes premiers tatouages ont été réalisés par Dominique Lang, qui a le salon Tom Tattoo à Lausanne. Ce que j’ai aimé est que Dominique était d’accord que je lui apporte mes dessins afin de me les tatouer identiquement.
Pourquoi «Mojo Jojo» ?
Les raisons sont multiples. Premièrement, mon prénom est Jonas et quand j’étais plus petit on m’appelait «Jojo». Le «mojo» c’est un peu le swag, le style, un certain pouvoir d’attraction développé. Mojo Jojo est surtout un personnage que j’adorais enfant et qui est un des méchants de la série animée Les Super Nanas. Dans les séries, je préfère les méchants. Je ne sais pas pourquoi, je les trouve plus intéressants. (rires) Les vilains ont plus d’attitudes que les héros dans les films. Je kiffais trop Mojo Jojo et ses plans machiavéliques afin de détruire Townsville. Je me suis inspiré de cela pour mes vêtements. Rien que ce soit un singe, le personnage me parle, car mon animal préféré est le singe. Un primate super intelligent avec un cerveau surdimensionné qui veut détruire une ville, c’est original, non ? (rires)
As-tu des références dans le tatouage ?
Oui, j’en ai plein. Je vais en citer deux et ils sont Lausannois. Premièrement, Antoine Elvy, qui est le tatoueur qui a composé la majorité de mes tatoos. J’adore cette personne et son travail ! Ce qui me plaît dans ce qu’il fait, ce sont les serpents, les oiseaux et les fleurs, par exemple. Je m’inspire pas mal de ses sujets, mais je les traite différemment.
Deuxièmement, Maxime Büchi, parce qu’il a apporté quelque chose d’important au tatouage. Il a monté un «petit» empire et j’admire vraiment cela. Il a ouvert des salons à Londres, Zurich, Los Angeles. Il recrute de nombreux tatoueurs, ça crée des emplois, c’est parfait ! J’ai eu l’occasion de l’écouter, lors d’une conférence l’été passé, il s’exprime vraiment bien et ce qu’il dit est intéressant.
Où pratiques-tu le tatouage ?
En ce moment, je tatoue chez moi… J’avais une pièce, qui était utilisée comme «fourre-tout», que j’ai transformée en studio professionnel pour mon art. Cet endroit est spacieux, j’ai désinfecté et tout mis aux normes d’hygiène. À l’avenir, je souhaite travailler avec d’autres tatoueurs, dans un vrai shop.
Avec le nombre de salons existants, n’est-il pas risqué de te lancer là-dedans ?
À l’heure actuelle, tout est risqué à mes yeux. Il y a beaucoup d’offres et une plus faible demande dans de nombreux domaines et surtout dans l’artistique. Tout dépend de ton état d’esprit et de ta volonté. Je suis arrivé avec cette envie de faire du tatouage mon job. Du coup, ce n’est pas les mêmes enjeux que pour la personne qui fait ça pour «s’amuser».
Comment définirais-tu tes oeuvres ? As-tu vraiment un style qui t’est propre ?
Mon style est en constante évolution. C’est un style avec des lignes, ce que j’apporte de nouveau à ce style est des lignes de pinceau. C’est-à-dire des lignes avec des épaisseurs différentes, faire ressentir un mouvement dans le trait comme quand tu vois un pinceau de la calligraphie chinoise. J’ai été inspiré des estompes japonaises ou même le tatouage japonais. Mon genre évolue. Quand tu commences à plus tatouer, t’as envie d’essayer d’autres choses comme les dégradés de gris. Je ne vais pas te mentir, je recherche encore ce style qui me définira et que les gens reconnaîtront directement.
Tu es aussi dans le textile, peux-tu nous en parler ?
L’histoire est que j’arrivais gentiment au cap des 500 abonnés sur Instagram. Pour les dépasser, j’ai créé un concours qui stipulait : «À 500 abonnés, vous aurez une surprise». Les gens ont partagé, les abonnés ont augmenté rapidement et j’ai franchi le cap. J’ai sorti une petite série de t-shirts et de crewnecks [des pulls à col rond, ndlr.] pour l’occasion. Je voulais également savoir si mes habits intéresseraient mes abonnés. Seize articles ont été créés, j’en ai gardé deux, les quatorze autres sont partis. À la base, cela avait un objectif promotionnel, mais c’est devenu un second amour que je développe comme le tattoo. J’ai travaillé avec le sérigraphe Thomas de Colormakerz, le contact a été très bon. De nouveau, l’entraide entre artistes est importante.
Peut-on dire que tu arrives à vivre de ton art ?
Franchement, pas encore. Il y a des mois, je fais 500 francs et d’autres plus. Mais pour le moment, cet argent est utilisé comme argent de poche. Je le redis, j’ai la chance d’habiter chez ma maman, je ne paie pas de loyer, car elle ne le veut pas. Je suis nourri, logé.
Quels sont tes projets pour cette nouvelle année ?
Être pleinement indépendant, fin 2019. Ce serait un magnifique cadeau ! J’aimerais continuer à progresser dans le tatouage, offrir de nouvelles oeuvres, mieux que celles d’hier. Je veux continuer à satisfaire ma clientèle, tout comme l’agrandir. (rires) Faire des rencontres, et pourquoi pas des collaborations. Pour ce qui est des habits, j’aimerai collaborer avec des mecs de la région qui bossent bien. Je suis sur une bonne lancée et je compte bien y rester !
Quel proverbe définit bien Mojo Jojo ?
Avec tout ce que j’ai vécu les trois-quatre dernières années, je dirais : «Tout vient à point à celui qui sait attendre».
Lifestyle
Patrick Ferreira, le couteau suisse de la Sneaker
Samedi, à Fribourg, la salle de concert Fri-son accueillait son premier événement dédié à la Sneaker (chaussure de sport à un usage citadin ; l’intérêt réside dans le plaisir de se balader avec des baskets inédites ou rares).
Une journée intitulée « Sneakers & Beats » (en français, « baskets et sons »). Cette manifestation, gratuite, s’est déroulée en journée. Le concept : réunir des professionnels et des passionnés souhaitant vendre, acheter ou échanger des baskets, des vêtements « hype » et d’autres accessoires exclusifs. La musique, elle, fut assurée par différents DJs de la scène fribourgeoise et une dizaine de stands de Sneakers misent à l’honneur. Mais ce n’est pas tout. En effet, des coiffeurs, un barbershop, un tatoueur, un stand pour les boissons, un autre pour les burgers et un détaillant d’une marque de CBD (cannabis légal) ont aussi trouvé leur place. Les commerçants comme les particuliers vinrent des quatre coins de la Suisse.
Au terme de cette journée, les rires se lisent sur les visages. Sur les réseaux sociaux, les stories se réalisent face aux Sneakers les plus folles et les plus rares. Des photographes prennent des clichés de femmes et d’hommes ayant une allure et un style qui illuminent davantage leurs chaussures.
La seconde partie de « Sneakers & Beats » s’est déroulée en soirée, avec une entrée payante pour trois concerts ainsi qu’une after party DJ (20h – 3h). Les rappeurs français Rémy & Josman, accompagnés du collectif bullois SexoapCrew, étaient à l’affiche, côté live. Quant à l’after, les DJs Santo & Young Trap s’en sont chargés. Une fois encore, le public ne s’est pas dégonflé. Durant les concerts, tout comme après, des mosh pit ont pris place, des voix se sont fait entendre sur les morceaux. L’ambiance qui y régnait a su faire oublier la pluie, le vent et le froid de l’extérieur. Une réussite.
Mettre sur pied un événement comme celui demande une certaine expérience, de l’organisation et d’autres compétences. Un homme l’a fait et il s’appelle Patrick Ferreira. C’est un Sneakerhead (personne ayant une collection de Sneakers non négligeable). Rencontre.
Slash : Qui est Patrick Ferreira ?
Patrick Ferreira : J’ai trente ans, je suis un portugais qui est né en Suisse. Donc, je pense assez intégré. Je suis serveur, responsable d’un restaurant. Ce n’est pas ma profession de base, mais je kiffe ça, donc je fais ça (organiser un événement en lien avec la Sneaker, ndlr.). Grâce à ce métier, j’ai pu me permettre d’organiser des événements. Du coup, je suis un gars qui est pas mal dans l’événementiel. Je suis un petit peu partout sans être nulle part.
Quelle est la première paire de Sneakers que tu as eues ?
La première paire qui m’a fait kiffer est de la marque Nike, c’est le modèle Air Max 1.
Saurais-tu brièvement nous expliquer l’histoire de la basket ?
Tout part de la street. Le mouvement de base est parti des États-Unis. De la culture urbaine, de l’arrivée du hip-hop.
Quelles sont les raisons, les causes qui expliquent que la Sneaker a pris une place importante dans notre société ?
J’en vois principalement deux. Premièrement, on consomme plus, on a envie d’avoir plein de baskets. Même quelqu’un qui ne collectionne pas les chaussures n’a pas envie de chausser tous les jours la même paire. T’as envie d’en avoir trois ou quatre pour la semaine. Deuxièmement, c’est la gent féminine. Avant, elle en consommait très peu voire pas et maintenant, elle en porte autant que la gent masculine.
Comment devient-on un Sneakerhead ? Y’a-t-il un moyen de sevrage ?
Je pense que cela commence au moment où tu as ce besoin de posséder des paires exclusives que les autres n’auront pas. Dès que tu peux en acquérir, tu en voudras toujours plus. C’est à ce moment que tu deviens un Sneakers addict. Je ne sais pas si il existe un moyen de sevrage… Je n’ai jamais essayé et je n’ai pas encore eu l’envie de me sevrer. Cependant, si j’étais en couple, je changerais d’avis… Je connais des gars qui étaient « dingues » comme moi et ont arrêté. Ils essaient de revendre toute leur collection, parce qu’ils souhaitent emménager, acheter une maison, un appartement ou ils vont devenir papas. Ils ont des nouvelles obligations. Je pense que le seul moyen de sevrage est d’être conscient de ses priorités.
Quel est le montant le plus élevé que tu as déboursé pour une paire ?
La somme la plus importante que j’aie sortie équivaut à 1 200 euros (environ 1 350 francs, ndlr.) pour une paire d’Air Max 1 Patta Purple.
Tu es le fondateur de Snkrhds Fribourg (diminutif de « SneakerHeads »). Qu’est-ce ? Quel est le but ?
Ça a été fondé il y a cinq-six ans. Je ne saurais te dire la date exacte. À la base, c’est un groupe de passionnés qui s’échangent des contacts, qui parlent de shoes, des endroits où l’on peut acheter certains produits, la date de sortie d’une paire de baskets, etc. Avec le temps, on s’est agrandis, on a eu l’envie de faire bouger cette culture dans notre ville et nous avons commencé à organiser des événements. Résultat, on s’est faits un petit nom dans le pays.
Pourquoi avoir décidé de te lancer dans les « Sneakers events » ? Ça fait combien de temps ? Qu’est-ce que ça t’apporte ?
Ça m’apporte énormément de plaisir. Je kiffe les baskets et j’avais envie qu’il y ait des manifestations dédiées à ces produits, à Fribourg. Je voyais de nombreux Fribourgeois se déplacer ailleurs pour ce type de manifestations. Je me suis dit : « Si ça fonctionne à Lausanne, Zurich, qui sont des villes plus grandes que Fribourg, c’est clair que ça marchera dans ma petite ville ». C’est pourquoi nous avons commencé par de petits events au Cyclo Café qui ont cartonnés. C’était blindé toute la journée, les gens étaient heureux. Du coup, on en fait deux par année. C’est notre troisième année d’activité et notre sixième event.
Quel est ton meilleur souvenir lié à l’un de tes events ?
Ce n’est pas un souvenir, mais une chose qui me fait du bien. Ça m’est arrivé encore aujourd’hui. C’est lorsque je demande aux gens si ça leur a plu et qu’ils me répondent : « À l’année prochaine, mon pote ! » Voilà, ce genre de réponse me fait plaisir et me donne envie de continuer.
Combien de temps faut-il pour organiser un événement comme Sneakers & Beats ?
Il a fallu approximativement trois mois que l’on travaille dessus. On a bossé comme des malades sur la promo. Pour ma part, j’ai bossé une à deux semaines à 100 %. Cela représente cinquante heures par semaine, à côté de mon job principal. Dan, le responsable communication, a fait environ trente heures par semaine à côté de son job aussi. Heureusement que nous avons des gens fiables, qui étaient là pour nous aider. Rien que répondre à des mails, cela peut me prendre des heures, car il y a des questions pertinentes auxquelles tu ne peux pas répondre à la légère.
Comment s’effectue la sélection des gens qui exposent leurs articles ?
On a déjà une sélection de connaissances, de potes ou de gens qui venaient déjà aux précédents events. Après c’est « premier arrivé, premier servi », mais on fait tout de même attention à ce qu’on nous propose. On ne veut pas qu’il y ait quatre personnes vendant tous la même chose. On va faire en sorte que les vendeurs offrent différentes tailles, divers styles de Sneakers, des habits « hype » et du vintage. On essaie d’avoir de tout. Pour chacune de nos manifestations, on a toujours eu le nombre de stands que l’on voulait. J’avoue qu’aujourd’hui, j’ai dû refuser deux-trois personnes pour une question de place, car c’était la première fois qu’on intégrait les locaux de Fri-son et je ne voulais pas que mes hôtes manquent de place. Je me suis rendu compte durant la journée que l’on aurait pu les accueillir. Dorénavant, nous connaissons la salle et savons combien de stands nous pouvons mettre à disposition.
Une seconde édition aura-t-elle lieu pour 2019 ?
Surprise ! (rires) Affaire à suivre sur nos réseaux sociaux.
Qu’est-ce qu’il y’aurait à améliorer, si vous remettez le couvert ?
Débuter la soirée un peu plus tard, afin que les soundchecks des artistes se fassent une fois que les vendeurs ont plié bagage, sans être stressés. Après, il y a des éléments concernant le back-office qui permettront d’être encore plus relax’. Je ne te cache pas qu’hier soir, chez moi, j’étais assez tendu et c’était la première fois que cela m’arrivait. J’avais l’impression d’avoir oublié un million de choses.
Quel est ton morceau préféré en référence à la Sneaker ?
Le morceau est d’un artiste américain. Il est malheureusement décédé depuis peu… C’est Mac Miller avec Nike’s on my feet. C’est un son que j’ai beaucoup écouté, je l’écoute encore, je le kiffe tellement ! Je ferais pareil que lui, si je pouvais aller à New York : j’achèterais quinze paires avant de rentrer à la maison.
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