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« En photographie, ce que j’aime avant tout c’est le contact humain »

Pierre Vogel – Droits réservés

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Ce qui ressort d’une rencontre avec ce jeune autodidacte de 25 ans ? Un véritable récit. Au travers de ses images et des mots qu’il pose sur chacune d’elles, une histoire se raconte. Bavard en plus d’être curieux, quand Pierre Vogel, jeune photographe professionnel lausannois, nous raconte plein de joie son parcours, son métier et le regard qu’il porte sur celui-ci, on n’a plus qu’à écouter.

Pierre Vogel – © DR

Slash : Salut Pierre ! Comment as-tu débuté dans le monde de la photo ?

Pierre Vogel : Par la scène. Je photographiais des humoristes. Mon premier mandat photo c’était le 17 novembre 2009 à Fribourg et ce qui était amusant c’est que c’était aussi la première scène d’un ami, Jessie Kobel, un comédien humoriste assez connu dans le coin. Il montait sur les planches pour la première fois et de mon côté je devais photographier pour la première fois une soirée d’humour. Donc lui a commencé sa profession ce jour-là, comme moi. Je me souviens qu’on avait une énergie folle et une détermination forte à cet âge-là, à 15 ans. C’était assez dingue. Tout semblait possible, réalisable. Devenir photographe est vraiment venu à moi naturellement. Il y a eu comme une espèce d’instinct qui me disait « C’est ça. » Et ce qui est amusant, c’est qu’il se vérifie avec les années. Parfois je suis étonné et je me dis que je me suis lancé dans quelque chose d’aveugle, avec une envie sourde, mais à l’aveugle total.

Du coup la scène a été un bon moyen de se former ?

Oui, parce que c’est du portrait en quelque sorte, mais tu ne photographies pas quelqu’un qui pose pour toi et qui te regarde. Tu photographies quelqu’un qui est en train de raconter une histoire. Il y a énormément de mouvements. Du coup la question c’est quand shooter, à quel moment. Et en fait, ça m’a permis de me rendre compte qu’il y a un petit instant magique où on sent que quelque chose se passe. Une tension, une émotion ou peut-être une lumière qui tombe sur un visage, comme évidente. À ce moment-là, on sent que quelque chose donne vie à l’instant et on fait une photo. Alors oui ça a été un bon moyen de se former l’œil.

C’était même une belle école de vie car en shootant des humoristes, ça m’a donné pas mal de cartes pour détendre les gens quand je les prends photo. De les côtoyer, ça m’a appris des astuces et une façon de se comporter pour détendre son sujet. Maintenant, quand je photographie un portrait, je peux voir que j’ai appris à lire tout ce qui est communication non verbale : les épaules rentrées, le menton qui descend, des choses comme ça. Tu vois que la personne se protège et toi, ton but en tant que photographe, c’est que ces barrières descendent. C’est-à-dire qu’au lieu qu’elle se dise : « Vivement que ce moment se termine », elle se dise : « On passe un plutôt bon moment, l’échange humain est intéressant ». L’objectif c’est de lui sortir de la tête l’idée qu’elle va poser, qu’elle reste elle-même et qu’elle oublie le contexte. Il faut prendre son temps pour la mettre à l’aise.

C’est ton domaine de prédilection aujourd’hui, le portrait ?

Oui je crois que c’est ce que je préfère shooter. Parce que c’est là où le métier prend tout son sens. Tu peux tomber sur quelqu’un d’extrêmement facile à photographier, comme un mannequin professionnel ou à l’inverse sur une personne plutôt introvertie dans un environnement pas terrible. Du coup il faut broder dans ces cas-là et place à l’improvisation! Et c’est ça aussi qui est cool, c’est que tu dois vivre le moment, être dans l’instant présent. Il faut prendre des initiatives, parce que si tu acceptes le sort comme il est, tu n’auras jamais une meilleure photo. Le contact humain, c’est ce que j’aime et ce que je recherche. Une fois, j’ai tellement discuté avec la personne que j’en ai presque oublié de la shooter et à la fin on se tutoyait. Je puise ma passion fondamentale pour mon métier dans ces échanges. Tu rencontres quelqu’un pour un petit moment et tu fais en sorte que ce soit une expérience. 

Tu exerces alors depuis dix ans déjà… Quelle a été la suite, après la scène ?

J’ai fait six stages avec différents photographes pour observer le travail en soi mais surtout pour leur manière de travailler – ce qui qui m’intéressait le plus. Chacun avait sa méthode et du coup c’était une chance de faire plusieurs stages et d’obtenir des observations multiples. En fait, mon apprentissage de la photo, ça a été d’observer les autres professionnels qui travaillaient, en m’inspirant de petits détails. Après ça,  j’ai travaillé pendant un an comme assistant à Genève avec un photographe suisse, Nicolas Lieber, qui m’a appris à bosser. J’ai vraiment pu voir comment se passait la vie d’une photographe grâce à lui. Il m’a montré que la spécialisation en photographie n’est pas forcément intéressante. Lui, c’est un peu un « tout terrain » comme je me considère également.

« Tout terrain », c’est-à-dire ?

C’est-à-dire que maintenant je peux faire : le lundi une photo de reproduction d’art, le mardi une photo dans un bloc opératoire habillé en tenue pour une revue médicale, le mercredi un shooting de montres ou encore un portrait pour un magazine de mode… J’aime ma façon de travailler qui est le fait d’accepter beaucoup de mandats dans des horizons différents, ça garde de la fraîcheur. C’est aussi pour ça que j’ai décidé de ne pas poursuivre mes études, j’ai terriblement peur de la monotonie (rires). Par la suite, des mandats se sont enchaînés. J’ai eu de la chance de ne pas avoir à démarcher. Heureusement parce que je ne suis pas très doué pour ça! On m’a toujours proposé du travail depuis, sûrement grâce au bouche à oreille. Et j’ai aussi eu la chance de toujours avoir mes parents derrière moi. Ils ont accepté de me laisser faire ce que j’avais envie de faire étant adolescent parce que, au vue de mon nombre considérable d’absences à l’école, ils se sont rendus compte que si je déployais toute cette énergie pour ne pas y aller, ça pouvait être intéressant que je la déploie autrement (rires).

Tu es sur plusieurs terrains. Tu fais des photos de voyages, de montres, de voitures et des portraits. Est-ce que c’est parce que tu n’arrives pas à choisir ton domaine ou que tous ces domaines te plaisent ?

C’est que je n’ai pas envie de choisir pour conserver une grande diversité d’univers différents. Parce que les inspirations sont partout, je pense. Je pourrai à la limite me limiter à trois domaines sur du long terme. Mais ce que je préfère, c’est le portrait.

Nous t’avons demandé de choisir 3 photos que tu as prises et qui te sont spécifiques pour une certaine raison. Peux-tu nous dire pourquoi les avoir choisies en particulier ?

La première est une photo de Christopher Walken. C’était aux Rencontres du 7èmeArt, à la première édition du Festival du film à Lausanne. Et je dois avouer que quand je me suis retrouvé devant Christopher Walken, avec ses yeux de chats qui te dévisagent, c’est un moment que je n’oublierai jamais.

Christopher Walken – © Pierre Vogel

Alors, la deuxième, c’est une photo de montre, une Reverso, de Jaeger LeCoultre. La marque a fait cette montre spécialement pour le polo il y a très longtemps et j’étais invité à un match en Angleterre. Je trouve cette photo assez intéressante parce que le noir et blanc rend très bien la texture de la peau du cheval. Cette main qui caresse, elle touche…en fait c’est ça qui m’intéresse dans cette photo, c’est le toucher.

Montre Jaeger-LeCoultre “Reverso” – © Pierre Vogel

La troisième est l’une des photos que j’aime le plus. Elle a été été faite sur le ferry menant à la petite île de Staten Island, dans l’état de   New York. Elle représente une esthétique que je recherche, parce qu’il y a un peu un rappel à la peinture, dans les demi-tons, dans les dégradés de noirs…C’est une atmosphère, une ambiance qui me plait beaucoup, que je trouve intéressante.

Staten Island Ferry, New York – © Pierre Vogel

Merci Pierre !

Pierre Vogel a un site web.

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Arts

Michael Jackson, contemporain jusque dans l’art

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Andy Warhol, Michael Jackson, 1984 – © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2018
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À l’occasion des dix ans de la disparition du roi de la pop, Slash vous propose de découvrir quelques artistes contemporains qui ont trouvé en Michael Jackson une source d’inspiration.

Peintres, photographes, vidéastes, plasticiens ou chorégraphes : ils sont tous, à leur façon, tombés sous le charme de Michael Jackson. Ils s’en sont inspiré, ont joué avec son image, ont représenté à travers leur regard le «roi de la pop». Slash vous propose de découvrir une sélection de ces 40 artistes que Jackson a marqué d’une façon ou d’une autre (et non, le célèbre Jeff Koons de Jackson avec son Bubbles n’en fait pas partie, il n’a pas été prêté par ses propriétaires).

Un Andy Warhol liminaire

Andy Warhol est le premier artiste à s’intéresser à la célébrité naissante de Michael Jackson. Andrew Warhola, de son vrai nom, l’appelle pour la première fois en 1982. Il est alors demandé à «Bambi» de poser pour la couverture du magazine influent Interview.

Les deux hommes se sont rencontrés en 1977, lorsque Warhol a interviewé le chanteur au sujet du film The Wiz, une adaptation de la comédie musicale Le Magicien d’Oz de Victor Fleming, dont Michael Jackson ou encore Diana Ross sont les acteurs principaux.

Andy Warhol, Michael Jackson, 1984. © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2018

Plus tard, l’artiste pop-art photographie Jackson au cours de nombreuses apparitions publiques. Parallèlement, il collectionnait également quantité d’objets liés au chanteur et le nom de ce dernier apparaît à plus de vingt reprises dans son journal, pour évoquer leurs rencontres, dans la plupart des cas.

Warhol fait une deuxième fois appel à Michael Jackson pour le numéro de mars 1984 du magazine Time. Il note alors dans son journal : «J’ai fini la couverture Michael Jackson. Je ne l’aimais pas mais les gamins au bureau, si. Puis les types de Time sont venus la voir, ils étaient quelque chose comme quarante». Cette commande donnera naissance à plusieurs portraits réalisés sur soie.

Michael, (in)saisissable

Imaginé par le jeune artiste londonien Appau Junior Boakye-Yiadom, le dispositif P.Y.T. (en référence au titre Pretty Young Thing) brille par sa sobriété. En équilibre sur leur pointe, les mocassins noirs évoquent instantanément le «freeze», pas de danse emblématique de Michael Jackson

Appau Junior Boakye-Yiadom, P.Y.T., 2009 – © Adagp, Paris 2018

Pour l’anecdote, les ballons qui composent et maintiennent l’œuvre sont remplacés régulièrement, faisant référence «aux efforts de celui qui cherche à entretenir l’image qu’attend de lui le public», explique l’artiste dans un communiqué de presse.

Interroger la négritude

Premier musicien noir à acquérir une célébrité internationale et à transcender les barrières, stéréotypes et préjugés, Jackson n’est pas exempté de contradictions. Basée sur des clichés du photographe américain Todd Gray, Exquise Terreur dans la Mangrove fait partie d’une série juxtaposant Michael Jackson à des clichés documentaires du Ghana, à des photographies de ses fans et à des images du cosmos.

Todd Gray, Exquise Terreur dans la Mangrove, 2014 Collection Aryn Drake-Lee Williams & Jesse Williams – © Todd Gray

Todd Gray commence à travailler avec Michael Jackson en 1974 et dient ensuite l’un de ses photographes attitrés entre 1979 et 1983. Les clichés réalisés à cette époque donnent à l’artiste un sujet de thèse pour son Master of Fine Arts à la fin des années 1980. Il y utilise l’image du chanteur, explique-t-il, «pour analyser l’impact du pouvoir post-colonial sur la construction des notions de race, de classe et de genre».

L’ange Michael

David LaChapelle, qui a débuté en travaillant avec Andy Warhol, rend hommage à Michael Jackson après sa disparition en 2009, en composant ce triptyque emprunté à l’iconographie religieuse.

De g. à d. : The Beatification: I’ll never let you part for you’re always in my heart; American Jesus: Hold me, carry me boldly; Archangel Michael: And no message could have been any clearer, 2009, Courtesy of the artist – © David LaChapelle

David LaChapelle dit vouloir montrer la figure angélique du chanteur, «le vrai Michael». Son but ? Faire contrepoids face aux accusations de pédocriminalité qui ont pesé sur Jackson à la fin de sa vie. «Nous avons choisi de le persécuter et de le crucifier» raconte David LaChapelle dans un communiqué.

Michel-Ange et le kitch

Impossible de faire main basse sur l’impressionnante toile de Kehinde Wiley, portrait équestre de Jackson, en Philippe II d’Espagne. Une commande du chanteur, terminée après sa mort et traduisant la passion de Jackson pour Michel-Ange et le kitch, référence littérale à une peinture de Rubens.

Kehinde Wiley Equestrian Portrait of King Philip II (Michael Jackson), 2010 – © Adagp, Paris 2018

Kitch toujours : lorsque l’album Dangerous sort en 1991, le visuel décliné sur les pochettes de disque et de vinyle, ainsi que sur différents supports de communication, se démarque par sa singularité. Il est le résultat d’une commande passée par le chanteur à l’artiste Mark Ryden. L’artiste y représente un masque, révélant uniquement le regard du chanteur, au milieu d’un foisonnement de symboles. Le masque, objet autant que symbole, tient une place importante au sein de l’oeuvre de Michael Jackson.

Mark Ryden « The King of Pop » (#135), 1991-2018 – © Adagp, Paris 2018


Sélection musicale de Malick Touré-Reinhard.

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Et si le Web mourrait demain ?

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© Lauren Huret
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À l’occasion des 30 ans du World Wide Web – créé au CERN en 1989 –, plus de 50 artistes et professionnels prendront part au 15e Mapping Festival, du 23 au 26 mai 2019, à Genève.

Il y a tout juste 30 ans, à Genève, naissait le World Wide Web (WWW). Trois décennies plus tard, la possibilité d’un effondrement de la Toile fait frémir.

«La fin d’Internet serait-elle pour bientôt ?», c’est la question que se sont posés les organisateurs du Mapping Festival. Depuis 2005, l’événement genevois se donne pour mission de favoriser les échanges et participer activement au développement du milieu des arts numériques. Ainsi, l’exposition ​The Dead Web – La fin viendra, au travers des arts, imaginer notre vie sans Internet.

Artistes suisses et québécois à l’honneur

Initialement composée de cinq artistes québécois, The Dead Web – La fin accueillera spécialement pour le Mapping Festival trois artistes suisses sélectionnés par le biais d’un appel à projets lancé début 2019. Les oeuvres présentées, qui plongeront le public dans un futur sans Internet, se veulent révélatrices de l’omniprésence du Web dans nos vies quotidiennes. Vernie le jeudi 23 mai, l’exposition s’étendra jusqu’au 2 juin, au Commun.

“Membranes”, portées par Lukas Truniger et Nicola Hein, est une installation performative qui transforme texte écrit en percussion lumineuse – DR

La créativité numérique à son apogée

Lors de ce vernissage, le DJ genevois Estebahn proposera un set entre downtempo, jungle et électro. Le week-end suivant, la Fonderie Kugler se transformera en laboratoire audio-visuel. Le vendredi 24, la performance délirante de Freeka Tet sera suivie du collectif russe Tundra, qui présentera sa toute dernière création, ​« ​Nomad ​»​, combinant vidéo et laser. La soirée se clôturera en beauté avec un DJ set du suisse Acid Kunt. Le samedi, ce sont Grand River & Marco C qui lanceront les festivités avec leur projet ​« ​0,13% ​»​, voyage poétique entre humain et nature. La scène sera ensuite foulée par le duo Recent Arts (Tobias. et Valentina Berthelon) accompagné de Barbie Williams, avec ​« ​Skin ​»​, concert audiovisuel expérimental. La soirée terminera avec la DJ genevoise Audrey Danza.

Web célébré, Web interrogé

Lors de la troisième édition du forum ​«Paradigm_Shift»​, le public sera invité à explorer les impacts de la production abusive de nouvelles technologies. Sur deux jours, le Forum verra s’enchaîner tables rondes  et conférences. Le vendredi débutera avec une prise de parole de Mark Garrett, co-fondateur de Furtherfield, suivi de ​«​E-wasteland»​, une table ronde qui interrogera le gaspillage dans l’art numérique. En guise de clôture, le panel ​«The future web» – tenu en français – s’appuiera sur la thématique de l’exposition en repensant à l’impact d’Internet sur nos vies et à sa potentielle évolution. Nathalie Bachand, commissaire de l’exposition The Dead Web – La fin,​ participera à l’événement avec l’artiste Romain Tardy et Alexandre Monnin (président d’Adrastia), le tout modéré par Nicolas Nova.

L’Immersive Lab, un dispositif immersif unique développé par la Haute École d’Arts de Zurich et l’Université de Genève – DR


Le 15e Mapping Festival se déroulera du 23 au 26 mai 2019, à Genève – www.mappingfestival.com

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