Web
Facebook fait-il de la politique ?
Au mois de mai dernier, des conservateurs américains accusaient le géant bleu d’opérer un tri sélectif au sein de ses « trending topics » et de voir leurs contenus disparaitre. Face à cette attaque, Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, avait répondu en personne et en substance qu’aucune preuve alimentant les accusations des râleurs n’avait été trouvée, et ce malgré un audit.
Cette polémique a le mérite d’illustrer l’importance des réseaux sociaux pour les politiciennes et politiciens d’aujourd’hui. En effet, rien n’égale les possibilités qu’offrent ces plateformes aux personnes désireuses de véhiculer leur parole. S’il y a dix ans à peine, l’usage voulait qu’un candidat consacre un budget conséquent aux médias en échange d’annonces publicitaires – dont l’efficacité reste encore à prouver –, la révolution des réseaux sociaux permet aujourd’hui de s’adresser directement à son électorat, et ce gratuitement (ou presque).
Mais qu’en est-il chez nous ? Alors que nos hommes et femmes politiques peinent parfois à être à la page, nous pouvons nous interroger sur la manière dont ils ont – ou pas – réussi à apprivoiser Facebook, et sur les qualités d’hôte du géant bleu.
Un constat d’abord : presque tous les acteurs politiques vaudois (tant du Conseil d’État que du Conseil national) partagent avec leurs amis sur le réseau social. Seuls Pierre-Yves Maillard (PS), Béatrice Métraux (Les Verts), Jacqueline De Quattro (PLR) et Jean-Pierre Grin (UDC) se positionnent en outsiders et refusent pour l’instant de se constituer une page à leur image. À noter qu’Adèle Thorens Goumaz (Les Verts) possède un compte actif, mais ce dernier est complètement privé.
Le grand Argentier vaudois, Pascal Broulis (PLR), a quant à lui fait son arrivée sur les réseaux sociaux le 3 novembre dernier. Alors qu’il cumulait à peine quelques dizaines de « likes », Facebook avait déjà vérifié l’authenticité de sa page. Cette dernière arborait, alors, un petit vu bleu à côté de son nom ; objectif ultime de toute personnalité, entreprise ou organisation de notoriété publique et désireuse de reconnaissance.
Il est intéressant de noter qu’au sein du Conseil d’État, notre ministre des finances est le seul à être reconnu en tant que personnalité publique par Facebook, alors que ses collègues, Nuria Gorrite (PS) et Philippe Leuba (PLR), affichent une forte présence sur la plateforme (plus de 3’800 likes pour la socialiste). L’entreprise américaine reste floue sur ses critères d’attribution du précieux sésame du compte vérifié. Le cas Broulis démontre cependant que l’audience de la personne sur le réseau social n’en est pas un.
Concernant les dix-sept Conseillères et Conseillers nationaux vaudois actifs sur Facebook, seules deux personnalités ont été reconnues comme telles par le géant bleu : Jean-Christophe Schwaab (PS) et Isabelle Moret (PLR). Difficile aujourd’hui d’expliquer pourquoi ils sont distingués et pas les autres. Comme l’audience et l’activité ne suffisent pas à expliquer cette reconnaissance (Broulis compte seulement une dizaine de publications à son actif), certains soupçonnent le réseau social de mettre en avant certains politiques. Toutefois, rien ne vient aujourd’hui confirmer ces rumeurs.
Si l’on se base sur ces quelques observations, difficile d’affirmer que Facebook favorise tel ou tel politicien. Impossible, en l’état, de prétendre que Facebook fait de la politique. À l’inverse des politiques, qui, eux, font du Facebook.
Arts
Et si le Web mourrait demain ?
À l’occasion des 30 ans du World Wide Web – créé au CERN en 1989 –, plus de 50 artistes et professionnels prendront part au 15e Mapping Festival, du 23 au 26 mai 2019, à Genève.
Il y a tout juste 30 ans, à Genève, naissait le World Wide Web (WWW). Trois décennies plus tard, la possibilité d’un effondrement de la Toile fait frémir.
«La fin d’Internet serait-elle pour bientôt ?», c’est la question que se sont posés les organisateurs du Mapping Festival. Depuis 2005, l’événement genevois se donne pour mission de favoriser les échanges et participer activement au développement du milieu des arts numériques. Ainsi, l’exposition The Dead Web – La fin viendra, au travers des arts, imaginer notre vie sans Internet.
Artistes suisses et québécois à l’honneur
Initialement composée de cinq artistes québécois, The Dead Web – La fin accueillera spécialement pour le Mapping Festival trois artistes suisses sélectionnés par le biais d’un appel à projets lancé début 2019. Les oeuvres présentées, qui plongeront le public dans un futur sans Internet, se veulent révélatrices de l’omniprésence du Web dans nos vies quotidiennes. Vernie le jeudi 23 mai, l’exposition s’étendra jusqu’au 2 juin, au Commun.
La créativité numérique à son apogée
Lors de ce vernissage, le DJ genevois Estebahn proposera un set entre downtempo, jungle et électro. Le week-end suivant, la Fonderie Kugler se transformera en laboratoire audio-visuel. Le vendredi 24, la performance délirante de Freeka Tet sera suivie du collectif russe Tundra, qui présentera sa toute dernière création, « Nomad », combinant vidéo et laser. La soirée se clôturera en beauté avec un DJ set du suisse Acid Kunt. Le samedi, ce sont Grand River & Marco C qui lanceront les festivités avec leur projet « 0,13% », voyage poétique entre humain et nature. La scène sera ensuite foulée par le duo Recent Arts (Tobias. et Valentina Berthelon) accompagné de Barbie Williams, avec « Skin », concert audiovisuel expérimental. La soirée terminera avec la DJ genevoise Audrey Danza.
Web célébré, Web interrogé
Lors de la troisième édition du forum «Paradigm_Shift», le public sera invité à explorer les impacts de la production abusive de nouvelles technologies. Sur deux jours, le Forum verra s’enchaîner tables rondes et conférences. Le vendredi débutera avec une prise de parole de Mark Garrett, co-fondateur de Furtherfield, suivi de «E-wasteland», une table ronde qui interrogera le gaspillage dans l’art numérique. En guise de clôture, le panel «The future web» – tenu en français – s’appuiera sur la thématique de l’exposition en repensant à l’impact d’Internet sur nos vies et à sa potentielle évolution. Nathalie Bachand, commissaire de l’exposition The Dead Web – La fin, participera à l’événement avec l’artiste Romain Tardy et Alexandre Monnin (président d’Adrastia), le tout modéré par Nicolas Nova.
Le 15e Mapping Festival se déroulera du 23 au 26 mai 2019, à Genève – www.mappingfestival.com
Web
Realsousgare, le compte Instagram qui balance les bobos lausannois
Le compte Instagram Realsousgare connaît depuis une semaine un succès fulgurant. Y sont postés des memes, qui tournent en dérision les bobos lausannois, habitant le « si trendy » quartier sous-gare.
Derrière cet humour sarcastique se cache un jeune Lausannois de 17 ans, qui souhaite rester anonyme. Surpris de son succès, il y trouve pourtant une explication : « Je pense que ça marche parce que les gens se reconnaissent dans mes publications. Ça faisait plusieurs années que je remarquais que le quartier sous-gare de Lausanne avait une certaine réputation, qu’il était en vogue. Et c’est simplement pour me moquer de ce phénomène que j’ai commencé à faire des memes, qui sont devenus de plus en plus critiques ».
Véritable phénomène de société, le meme est une image – souvent humoristique et décalée – qui est diffusée sur les réseaux sociaux. Et pour l’auteur de Realsousgare, cela va plus loin, les memes sont une satire sociale : « Ils sont un moyen de communication très efficace, très nouveau, très instantané, qui permet de rebondir facilement avec les évolutions à court terme, l’actualité, etc. C’est une vraie culture sur les réseaux sociaux. C’est même une forme d’art, sans vouloir être prétentieux ».
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Les victimes de Realsousgare sont les bobos – les bourgeois-bohèmes et leurs clichés : parents aisés, sensibles à l’écologie, situés politiquement plutôt à gauche et habitant les quartiers huppés. Pourtant, le Lausannois se défend de « taper sur les bobos » : « Je critique une catégorie de la population et de la société, qui existe dans beaucoup de pays, et qui est incarnée à Lausanne par ce qu’on appelle “les bobos”. Je critique avec désinvolture et cynisme leurs comportements, leurs habitudes, leurs modes de vie et leurs opinions. Absolument tout ce qu’ils incarnent en somme ».
En effet, les bobos semblent agacer passablement. Le créateur du profil a son explication : « Derrière, il y a une forme d’hypocrisie ou d’aveuglement vis-à-vis des réels problèmes de ce réjouissant début du 21e siècle. Réchauffement climatique, dégâts du capitalisme, guerres, injustices, entre autres. Ce qui m’agace légèrement (et je ne suis pas le seul), c’est les contradictions [des bobos, ndlr.] : faire du vélo, mais prendre l’avion, se soucier des conflits, mais ne pas s’engager, se plaindre des injustices sans les confronter, et dénoncer des inégalités tout en vivant dans une région extrêmement privilégiée ».
Et pourtant, l’auteur de Realsousgare est un peu bobo – vous l’auriez deviné ? « J’aime la culture, je fais du vélo et je vais parfois dans des magasins de seconde main. Je crois que l’endroit dans lequel on vit nous conditionne inévitablement (rires) », explique-t-il enfin.