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Dans les méandres d’Instagram, la plus grande des galeries d’Arts

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Il y a trois types d’utilisateurs Instagram : les personnes d’un certain âge qui partagent des photos non avantageuses des membres de leur famille en alternance avec les fleurs de leur balcon, d’autres – vous et moi – qui photographient leur assiette au restaurant avant de publier l’image accompagnée du « #FoodPorn », et enfin, sans aucun doute les plus intéressants, ceux qui utilisent le réseau social comme une véritable galerie d’Art.

On trouve de tout sur Instagram : du collage, du dessin, du street art, de la sculpture… Certains sont anonymes, d’autres sont déjà réputés et cumulent les « abonné(e)s ». Pourtant, tous ont un point commun : le désir de transformer une plateforme dédiée à l’ennui du quotidien en exposition d’Arts permanente. En voici un petit tour de piste :

Fobiono

Fabiano, étudiant à l’ERACOM (Lausanne) en interactive media design, a une technique déjà bien définie : les photos qu’il publie sont des éléments, qui, une fois mis bout à bout, révèlent une scène de vie, un message, ou une oeuvre à l’esthétique incontestable.

Lorsqu’il crée son compte Instagram, Fabiano fait comme tout le monde : « Je posais mes photos de vacances, mon quotidien et tout ce qui va avec, dit-il. Puis, un ami m’a montré son laboratoire où il développait ses photos et je me suis mis à faire des tirages en argentique. J’ai commencé progressivement à publier mes travaux artistiques, jusqu’à aboutir à ce que je fais maintenant ; des collages numériques ».

Si le compte de Fabiano est aujourd’hui épuré et essentiellement construit autour de son art, il n’en a pas toujours été ainsi : « Je publiais de plus en plus de photos banales, mais, à force, ce bazar m’énervait. J’ai donc décidé de publier avec moins de régularité pour mieux me concentrer sur mes travaux, même si je continuais de diffuser quelques images sympas que j’immortalisais sur mon chemin », dit-il.

Alors que le résultat est déjà très réussi, l’étudiant de la capitale vaudoise ne compte pas s’arrêter là : « Mon dernier projet consistait à montrer la beauté des paysages naturels en les comparant à des sites industriels, explique-t-il. Pour ce faire, j’ai réalisé des dessins à l’encre de Chine. Qui sait, peut-être qu’ils se retrouveront un jour sur mon Instagram ».

img_2918

Andy Picci

Autre Lausannois, différent style. Andy Picci, né en 1989 à Lausanne, a étudié la photographie à l’ECAL, avant de partir parfaire sa formation artistique à Paris et Londres. En septembre 2015, il fait la couverture du quotidien Le Parisien, qui le confond avec le chanteur Pete Doherty. L’opportunité est grande et Andy le sait ; des journaux comme Les Inrocks s’intéressent au personnage, et l’artiste est même invité par Maïtena Biraben pour venir se présenter sur le plateau du Grand Journal face à Pete Doherty – le vrai, cette fois. Fameux.

 

Une photo publiée par #ANDYGITAL (@andygital.art) le

Le profil Instagram (Andygital.art) d’Andy mêle photographies et détournements d’images. Il fait le bonheur de ses 3’000 followers, au rythme d’environ une publication par jour. Un incontournable.

 

Une photo publiée par #ANDYGITAL (@andygital.art) le

Regards coupables

Comme dit précédemment, tous les styles artistiques se retrouvent sur Instagram. Le profil « Regards_coupables » excelle, lui, dans les dessins érotiques. Le trait est affirmé et explicite, au contraire des sexes, qui, eux, sont suggérés. La nudité étant interdite sur le réseau social, le profil joue au chat et à la souris avec les modérateurs de la plateforme, et demande d’ailleurs à ses abonnés de ne pas le signaler.

L’auteur, un illustrateur parisien, tient à garder le mystère autour de son identité : « Je préfère que mes dessins parlent d’eux-mêmes, assure-t-il. J’ai réalisé que mes dessins avaient un certain impact sur mon audience. Il suffit d’aller voir dans les commentaires de mes publications sur Instagram pour voir des centaines de personnes taguant leur pote/amant(e)/amoureux(se), m’écrit l’artiste. C’est assez dingue de réaliser que mon art peut provoquer de l’excitation et du désir chez des gens. Je veux continuer à être une source d’inspiration », ajoute-t-il.

En plus d’en être une, l’illustrateur aime passer certains messages, comme le montre sa dernière phrase dans notre échange de mails : « Faites l’amour, pas la guerre ». Normal, pour un inconditionnel des Arts et du plaisir charnel.

 

Une photo publiée par Regards coupables (@regards_coupables) le

Le phénomène est actuellement suivi par plus de 157’000 personnes et chaque nouvelle publication suscite son lot de « j’aime » et de commentaires. D’autre part, le nom « Regards_coupables » résume bien la sensation qu’éprouve chaque nouvel abonné : s’il est, au début, déroutant de tomber sur une illustration d’un cunnilingus entre une photo de chat et celle de son voisin à la plage, on finit par s’y faire et cela en devient même plaisant.

 

Une photo publiée par Regards coupables (@regards_coupables) le

H Y

Dernier profil abordé dans cet article, mais pas des moindres : « Wildlifeway ». Cette pépite d’Instagram est le récit de deux amoureux : un passionné de photographie et une étudiante en Bachelor Arts visuels, qui nous emmènent en balade à travers la nature et des lieux somptueux.

 

Une photo publiée par H Y (@wildlifeway) le

Dans la même lignée que le photographe et artiste Français Théo Gosselin, « H » et « Y », comme ils se font appeler sur le réseau social, ont une idée bien claire de leur profil. «On aimerait que ce que l’on publie soit un magazine artistique et vivant, commence H. « On met en exergue une jeunesse imaginative, passionnée et créative », souligne Y.

Animé par une véritable passion pour la nature et les paysages suisses, le couple vit des moments qui leur appartiennent, avant de les partager sur la toile. « Le plus important, c’est l’expérience que l’on vit sur le moment, expliquent les deux complices. On marche, on explore la nature, c’est un moment hors du temps », poursuivent-ils.

Alors, pourquoi partager ces moments presque intimes avec le monde entier ? « On aimerait pousser les gens à sortir de chez eux. Qu’ils se rendent compte de la beauté qui les entoure et à quel point ce genre de ballades améliorent notre quotidien », argumentent H et Y. Et effectivement, cela donne envie.

 

Une photo publiée par H Y (@wildlifeway) le

Le profil totalise environ 11’000 abonnés et gagne en renommée. « Nous sommes entourés d’une communauté positive. Des gens partagent nos photos, mais aussi des grandes marques. On espère se développer, notamment en améliorant les textes qui légendent nos photos et en perfectionnant la qualité de l’image », raconte H. Sur ces mots emplis de douceur et d’ambition, il est temps, maintenant, de mettre ses chaussures de marche et de partir à l’aventure, sur les pas des « two lovers, one world ».

Captures : Instagram
Fobiono est sur Instagram.

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Arts

Michael Jackson, contemporain jusque dans l’art

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Andy Warhol, Michael Jackson, 1984 – © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2018
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À l’occasion des dix ans de la disparition du roi de la pop, Slash vous propose de découvrir quelques artistes contemporains qui ont trouvé en Michael Jackson une source d’inspiration.

Peintres, photographes, vidéastes, plasticiens ou chorégraphes : ils sont tous, à leur façon, tombés sous le charme de Michael Jackson. Ils s’en sont inspiré, ont joué avec son image, ont représenté à travers leur regard le «roi de la pop». Slash vous propose de découvrir une sélection de ces 40 artistes que Jackson a marqué d’une façon ou d’une autre (et non, le célèbre Jeff Koons de Jackson avec son Bubbles n’en fait pas partie, il n’a pas été prêté par ses propriétaires).

Un Andy Warhol liminaire

Andy Warhol est le premier artiste à s’intéresser à la célébrité naissante de Michael Jackson. Andrew Warhola, de son vrai nom, l’appelle pour la première fois en 1982. Il est alors demandé à «Bambi» de poser pour la couverture du magazine influent Interview.

Les deux hommes se sont rencontrés en 1977, lorsque Warhol a interviewé le chanteur au sujet du film The Wiz, une adaptation de la comédie musicale Le Magicien d’Oz de Victor Fleming, dont Michael Jackson ou encore Diana Ross sont les acteurs principaux.

Andy Warhol, Michael Jackson, 1984. © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2018

Plus tard, l’artiste pop-art photographie Jackson au cours de nombreuses apparitions publiques. Parallèlement, il collectionnait également quantité d’objets liés au chanteur et le nom de ce dernier apparaît à plus de vingt reprises dans son journal, pour évoquer leurs rencontres, dans la plupart des cas.

Warhol fait une deuxième fois appel à Michael Jackson pour le numéro de mars 1984 du magazine Time. Il note alors dans son journal : «J’ai fini la couverture Michael Jackson. Je ne l’aimais pas mais les gamins au bureau, si. Puis les types de Time sont venus la voir, ils étaient quelque chose comme quarante». Cette commande donnera naissance à plusieurs portraits réalisés sur soie.

Michael, (in)saisissable

Imaginé par le jeune artiste londonien Appau Junior Boakye-Yiadom, le dispositif P.Y.T. (en référence au titre Pretty Young Thing) brille par sa sobriété. En équilibre sur leur pointe, les mocassins noirs évoquent instantanément le «freeze», pas de danse emblématique de Michael Jackson

Appau Junior Boakye-Yiadom, P.Y.T., 2009 – © Adagp, Paris 2018

Pour l’anecdote, les ballons qui composent et maintiennent l’œuvre sont remplacés régulièrement, faisant référence «aux efforts de celui qui cherche à entretenir l’image qu’attend de lui le public», explique l’artiste dans un communiqué de presse.

Interroger la négritude

Premier musicien noir à acquérir une célébrité internationale et à transcender les barrières, stéréotypes et préjugés, Jackson n’est pas exempté de contradictions. Basée sur des clichés du photographe américain Todd Gray, Exquise Terreur dans la Mangrove fait partie d’une série juxtaposant Michael Jackson à des clichés documentaires du Ghana, à des photographies de ses fans et à des images du cosmos.

Todd Gray, Exquise Terreur dans la Mangrove, 2014 Collection Aryn Drake-Lee Williams & Jesse Williams – © Todd Gray

Todd Gray commence à travailler avec Michael Jackson en 1974 et dient ensuite l’un de ses photographes attitrés entre 1979 et 1983. Les clichés réalisés à cette époque donnent à l’artiste un sujet de thèse pour son Master of Fine Arts à la fin des années 1980. Il y utilise l’image du chanteur, explique-t-il, «pour analyser l’impact du pouvoir post-colonial sur la construction des notions de race, de classe et de genre».

L’ange Michael

David LaChapelle, qui a débuté en travaillant avec Andy Warhol, rend hommage à Michael Jackson après sa disparition en 2009, en composant ce triptyque emprunté à l’iconographie religieuse.

De g. à d. : The Beatification: I’ll never let you part for you’re always in my heart; American Jesus: Hold me, carry me boldly; Archangel Michael: And no message could have been any clearer, 2009, Courtesy of the artist – © David LaChapelle

David LaChapelle dit vouloir montrer la figure angélique du chanteur, «le vrai Michael». Son but ? Faire contrepoids face aux accusations de pédocriminalité qui ont pesé sur Jackson à la fin de sa vie. «Nous avons choisi de le persécuter et de le crucifier» raconte David LaChapelle dans un communiqué.

Michel-Ange et le kitch

Impossible de faire main basse sur l’impressionnante toile de Kehinde Wiley, portrait équestre de Jackson, en Philippe II d’Espagne. Une commande du chanteur, terminée après sa mort et traduisant la passion de Jackson pour Michel-Ange et le kitch, référence littérale à une peinture de Rubens.

Kehinde Wiley Equestrian Portrait of King Philip II (Michael Jackson), 2010 – © Adagp, Paris 2018

Kitch toujours : lorsque l’album Dangerous sort en 1991, le visuel décliné sur les pochettes de disque et de vinyle, ainsi que sur différents supports de communication, se démarque par sa singularité. Il est le résultat d’une commande passée par le chanteur à l’artiste Mark Ryden. L’artiste y représente un masque, révélant uniquement le regard du chanteur, au milieu d’un foisonnement de symboles. Le masque, objet autant que symbole, tient une place importante au sein de l’oeuvre de Michael Jackson.

Mark Ryden « The King of Pop » (#135), 1991-2018 – © Adagp, Paris 2018


Sélection musicale de Malick Touré-Reinhard.

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Et si le Web mourrait demain ?

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© Lauren Huret
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À l’occasion des 30 ans du World Wide Web – créé au CERN en 1989 –, plus de 50 artistes et professionnels prendront part au 15e Mapping Festival, du 23 au 26 mai 2019, à Genève.

Il y a tout juste 30 ans, à Genève, naissait le World Wide Web (WWW). Trois décennies plus tard, la possibilité d’un effondrement de la Toile fait frémir.

«La fin d’Internet serait-elle pour bientôt ?», c’est la question que se sont posés les organisateurs du Mapping Festival. Depuis 2005, l’événement genevois se donne pour mission de favoriser les échanges et participer activement au développement du milieu des arts numériques. Ainsi, l’exposition ​The Dead Web – La fin viendra, au travers des arts, imaginer notre vie sans Internet.

Artistes suisses et québécois à l’honneur

Initialement composée de cinq artistes québécois, The Dead Web – La fin accueillera spécialement pour le Mapping Festival trois artistes suisses sélectionnés par le biais d’un appel à projets lancé début 2019. Les oeuvres présentées, qui plongeront le public dans un futur sans Internet, se veulent révélatrices de l’omniprésence du Web dans nos vies quotidiennes. Vernie le jeudi 23 mai, l’exposition s’étendra jusqu’au 2 juin, au Commun.

“Membranes”, portées par Lukas Truniger et Nicola Hein, est une installation performative qui transforme texte écrit en percussion lumineuse – DR

La créativité numérique à son apogée

Lors de ce vernissage, le DJ genevois Estebahn proposera un set entre downtempo, jungle et électro. Le week-end suivant, la Fonderie Kugler se transformera en laboratoire audio-visuel. Le vendredi 24, la performance délirante de Freeka Tet sera suivie du collectif russe Tundra, qui présentera sa toute dernière création, ​« ​Nomad ​»​, combinant vidéo et laser. La soirée se clôturera en beauté avec un DJ set du suisse Acid Kunt. Le samedi, ce sont Grand River & Marco C qui lanceront les festivités avec leur projet ​« ​0,13% ​»​, voyage poétique entre humain et nature. La scène sera ensuite foulée par le duo Recent Arts (Tobias. et Valentina Berthelon) accompagné de Barbie Williams, avec ​« ​Skin ​»​, concert audiovisuel expérimental. La soirée terminera avec la DJ genevoise Audrey Danza.

Web célébré, Web interrogé

Lors de la troisième édition du forum ​«Paradigm_Shift»​, le public sera invité à explorer les impacts de la production abusive de nouvelles technologies. Sur deux jours, le Forum verra s’enchaîner tables rondes  et conférences. Le vendredi débutera avec une prise de parole de Mark Garrett, co-fondateur de Furtherfield, suivi de ​«​E-wasteland»​, une table ronde qui interrogera le gaspillage dans l’art numérique. En guise de clôture, le panel ​«The future web» – tenu en français – s’appuiera sur la thématique de l’exposition en repensant à l’impact d’Internet sur nos vies et à sa potentielle évolution. Nathalie Bachand, commissaire de l’exposition The Dead Web – La fin,​ participera à l’événement avec l’artiste Romain Tardy et Alexandre Monnin (président d’Adrastia), le tout modéré par Nicolas Nova.

L’Immersive Lab, un dispositif immersif unique développé par la Haute École d’Arts de Zurich et l’Université de Genève – DR


Le 15e Mapping Festival se déroulera du 23 au 26 mai 2019, à Genève – www.mappingfestival.com

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