Société
Coco and Co’ : voilà où m’a mené ma consommation de cocaïne
Selon le dernier rapport de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), Zurich, Bâle, Berne, Saint-Gall et Genève se classent dans le top 10 des villes européennes les plus adeptes de cocaïne.
Les traces de coke dans les eaux usées de Genève, par exemple, ont augmenté de 64% en 2017. Une hausse due en partie à l’augmentation évidente de la consommation, mais aussi à la pureté de la drogue, de moins en moins mélangée à d’autres substances, selon la RTS.
Aujourd’hui, comme hier d’ailleurs, rares sont ceux qui n’ont jamais flirté, au moins une fois, avec la substance psychotrope. Et parfois, le simple effet de curiosité, la consommation « festive », se transforme en dépendance. C’est le cas de Joël*, 23 ans, qui a accepté de nous raconter son rapport « à la coco » et les conséquences au quotidien. Ancien étudiant en Médecine, le jeune Veveysan s’est laissé prendre un soir de spleen. Désormais, « c’est la merde ».
Désireuse de ne pas écorcher ou déformer ses propos, la rédaction de Slash a décidé de reprendre les écrits du témoin, sans y apporter de modifications syntaxiques majeures.
Joël*, 23 ans – « Je me souviens parfaitement, c’était en mars 2016. J’avais raté un travail d’uni’ et je badais franchement. Selon mon prof, le travail n’était pas franchement mauvais, mais personnellement, je n’en étais pas satisfait. Mon colocataire, qui lui consommait la coco’ depuis un bail, m’a proposé (comme souvent) de tester le truc. Jusqu’ici, j’avais toujours refusé, mais là, j’avais tellement le seum que j’ai accepté.
J’avais l’impression d’être dans un film. Vous savez, d’un côté l’ange, de l’autre, le diable. Je voulais le faire pour aller mieux, mais en étudiant les médecines, j’avais conscience des dangers. Je transpirais franchement, pendant que mon pote fumait son stick. La ligne était déjà prête sur la table du salon. J’ai pris la paille, j’ai fermé les yeux et, ni une ni deux, je me suis envoyé la farine dans le nez. Wohaw !
Même pas deux minutes ; feu d’artifice dans la tête. Je me suis levé, j’ai lancé une vanne à mon désormais dealer et j’ai pris mon smartphone en mains. 19 heures. J’ai envoyé un mail d’explication à mon prof, puis je me suis levé. Mais je n’avais rien à faire. Je suis parti dans ma chambre et j’ai déplacé le lit. Puis l’armoire. Puis le bureau. Puis ma télé. Pourquoi ? Je m’en foutais royalement, je devais faire quelque chose ! Alors, j’ai allumé l’enceinte du salon et j’ai balancé du Protoje. Who Knows, à fond dans la colloc’.
J’étais vraiment heureux. Et moi qui danse d’habitude avec l’aisance d’un balai, j’ai commencé à sautiller dans la pièce. J’avais la confiance. Pourquoi j’ai choisi Médecine ? Pourquoi ma copine ne m’accorde pas plus de temps ? Pourquoi je n’ai jamais pécho avant 20 ans ? J’avais réponses à toutes les questions. 40 minutes de clairvoyance totale. Totale.
Ensuite, je n’ai pas touché à la substance pendant une semaine. Finalement, je n’avais même pas de tentation puisque mon colocataire était parti dormir chez ses parents quelques jours. Lorsqu’il est rentré, j’ai repris de la coco’ une dizaine de fois, spontanément, sans réel besoin, juste pour le plaisir. C’était bien. J’étais totalement désinhibé, moi qui d’habitude ose à peine lever la voix. Pendant ces deux mois de “prises festives”, j’ai envoyé chier mon boss, j’ai trouvé un nouveau et super job avec des enfants et j’ai fait le point avec ma copine. J’ai fait de belles choses, finalement.
Sauf que, un jour, en début de soirée, je ne pouvais pas en prendre – et d’ailleurs je ne le souhaitais pas. Mais mon corps, lui, l’attendait. J’ai commencé à tourner en rond sur mon lieu de travail, j’avais des idées noires, je me sentais persécuté. J’étais cloué à mon téléphone, j’attendais avec impatience la fin de mon horaire, j’étais nerveux et je ne savais pas encore pourquoi.
Une fois arrivé chez moi, j’ai pensé à une chute de tension, alors, j’ai décidé de m’allonger un moment. Impossible. Impossible de rester en place. À nouveau, je devais faire quelque chose. Et c’est cette envie de faire quelque chose qui m’a mis, bien plus tard, sur la piste de la dépendance à la cocaïne. Je m’étais fait avoir. Moi, étudiant en Médecine…
Ce n’était plus du « j’en souhaiterais bien », c’était devenu du « j’en veux, tout de suite ».
J’ai donc commencé à prendre de cette substance plus régulièrement, sans réellement me rendre compte que j’en avais besoin. Je devenais également plus agressif avec mon pote. Ce n’était plus du “j’en souhaiterais bien”, c’était devenu du “j’en veux, tout de suite”. Je devenais également détaché de tout : mes potes m’appelaient, je m’en foutais. Pareil pour ma copine. Pareil pour ma famille. Pareil pour le job. Sans parler de l’université, je ne me rendais même plus en cours. Je passais mes journées à jouer aux jeux vidéo (compulsivement), à regarder des séries (comme un con) et j’attendais (avec impatience) le retour de mon colocataire, le soir, histoire de pouvoir la prendre. De pouvoir prendre ma dose. Oui, c’est ça, “ma dose”.
Et puis est venu le temps où j’ai commencé à ne plus pouvoir/vouloir dormir. Quasi 72 heures sans fermer l’œil. J’ai aussi saigné du nez. Un peu. Mais souvent. À partir de ce moment-là, c’en était fini pour moi. Tout le monde se doutait que quelque chose n’allait pas, et d’ailleurs beaucoup m’ont abandonné. Ma copine, mon pote d’enfance, mon patron m’a licencié et j’ai raté mon uni’.
Une fois ce passage à vide, toujours sous l’emprise de la farine magique, j’ai décidé d’en parler avec mon médecin et un psychologue. Actuellement, je suis toujours en phase de sevrage. Je dors toujours très mal, je fais des cauchemars, je suis sous antidépresseurs, sous somnifères et, dans l’impossibilité de reprendre quoi que ce soit pour l’instant, je matte des séries et, bizarrement, je regarde Narcos avec fascination. C’est MA thérapie.
Selon mon médecin, il me faudra encore une dizaine de mois pour être considéré “clean”. Aujourd’hui, je vais être honnête, c’est la merde. J’ai tout perdu, mais heureusement, je suis maintenant sur la bonne voie. J’ai le soutien de mon meilleur ami, je suis retourné vivre chez mes parents et le jour où je serai prêt, je partirai… Ou plutôt, je repartirai. »
Propos recueillis par Malick Touré Reinhard.
Sur addictionsuisse.ch, vous trouverez des informations ainsi que des offres de soutien en matière de dépendance aux drogues.
*Le prénom a été changé.
Société
Paléo : le lexique québécois pour «se payer la traite» au Village du Monde
Pour sa 17e édition, le Village du Monde du Paléo Festival mettra le cap sur le Québec et sa culture. Voici quelques locutions pour comprendre crissement mieux le français de la Belle Province.
«Si vous t’as la parlure québécoise, tu vas clairement t’achaler sur ces lignes-là». Comprenez : si vous parlez le français québécois, vous vous ennuierez certainement à la lecture de cet article.
Le Paléo Festival commence mardi, pour une 44e édition qui fera la part belle à la francophonie. Et pour cause, le traditionnel Village du Monde du festival, avec ses concerts, décors, et son artisanat typique, mettra le cap cette année sur le Québec et sa culture.
Depuis de nombreuses années déjà, les autres francophones du monde, qui prennent terre en sol québécois, pour une nuit ou pour la vie, tergiversent volontiers sur le sens du «dialecte» pratiqué par les Québécois, nos cousins «pure laine».
Alors, pour avoir une parlure impeccable auprès de votre voisin de comptoir, Slash vous propose un lexique québécois faisant appel à quelques locutions bien utiles sur la Plaine de l’Asse (ou pas).
Parlure empreinte d’hisoire
Selon Le Petit Livre du parler québécois de Claire Armange (éd. First, 2016), le vocabulaire de la Belle Province est riche de mots liés à son histoire. Le langage québécois, on s’en doute fort, doit la grande partie de ses origines à l’ancien français. Les Québécois défendent avec fierté la francophonie face à la prépondérance de la langue anglaise en Amérique du Nord.
Langue des premiers colons venus peupler la Nouvelle-France, il a subi, au fil des époques, des gouvernances et des influences des Premières Nations, un métissage avec les langues autochtones aussi bien qu’avec la langue des conquérants anglais.
Le français des Québécois, alors, se teinte de plusieurs anglicismes, de quelques termes autochtones et de beaucoup d’expressions issues d’une culture agréablement imagée et parfois complètement fantaisiste. On y retrouve, notamment :
– des régionalismes français : bavasser (bavarder, dire des médisances), astheure (maintenant), la broue (la mousse), prendre son respir (retenir son souffle), maganer (abîmer, maltraiter) ou encore souventes fois (souvent) ;
– des emprunts faits à la langue amérindienne : un achigan (un poisson), un atoca (une canneberge), la babiche (une lanière de cuir) ;
– des québécismes, des mots ou expressions propres au français du Québec : bûcher (abattre un arbre, couper du bois), il mouille (il pleut), la poudrerie (une fine neige tourbillonnante), une secousse (un certain temps), le solage d’une maison (les fondations) ou une tuque (un bonnet de laine).
Lexique
Achaler (v.) – ennuyer, importuner
Ce verbe provient probablement du verbe chaloir qui signifiait approximativement importuner de façon excessive dans un vieux dialecte normand.
Bardasser (v.) – action de chahuter, de bousculer quelqu’un ou quelque chose / action de faire du tapage
Verbe à l’origine incertaine. Emprunté soit du verbe poitevin «bordanser» (balancer, secouer), soit de l’onomatopée par laquelle on désigne le bruit que faisaient les soldats en emmenant leur «barda».
Bécosse (n.f.) – toilettes
Mot probablement né d’une déformation de la locution anglaise «back house», qui se traduit par «maison à l’arrière». Cette dénomination désignait autrefois les latrines extérieures.
Bourré, être (exp.) – avoir trop mangé
Expression francophone qui peut signifier également «soul» ou «riche».
Calice (inter.) – sacre manifestant la colère ou l’indignation
Le calice, du grec kulix, est un vase sacré de la liturgie chrétienne, présentant la forme d’une coupe évasée portée sur un pied élevé.
Char (n.m.) – voiture, bagnole
Ce mot, dérivé du latin carrus, a longtemps été perçu comme un anglicisme, à tort, au Québec, étant donné sa similarité avec le mot «car». Néanmoins, le Cambridge Dictionary le réfère comme un mot d’origines françaises et latines.
Catin (n.f.) – petite fille
Outre son sens français de prostituée, le terme «catin» au Québec, retrouve son sens de pureté. En effet, le mot «catin» vient du prénom Catherine, qui lui vient du mot grec katharos, qui signifie «la pureté». En France, on lui attribuait, autrefois, le sens de jeune fille de campagne, ce qui expliquerait le sens québécois.
Frencher (v.) – rouler une pelle
Ce verbe provient du verbe anglais «to french kiss» (embrasser).
Fou comme un balai, être (exp.) – personne qui a perdu la raison, dont le comportement semble insensé
Cette locution tire son origine du 19e siècle. La confection de ces outils ménagers se faisait à la main par des ouvrières, et le talent de ces dernières était un atout important. Lorsque le cordage n’était pas bien fait, la direction que prenait le balai était imprévisible. Le balai n’en faisait qu’à sa tête, tel un fou.
Gosse (n.f.) – synonyme familier de «testicule»
Ce mot est apparenté à «gousse», qui signifie une enveloppe des graines des légumineuses. Utilisé comme verbe, comme dans «tu me gosses», il s’apparente à «tu m’énerves».
Hambourgeois (n.m.) – hamburger
Mot québécois utilisé pour franciser le terme anglais «hamburger».
Itinérant.e (n.m.f.) – sans-abri
Les termes «itinérant» et «itinérante» font maintenant partie du vocabulaire de la sociologie au Québec. Dans le registre courant du français dit «de France» (en opposition au français québécois), l’on parle de «sans-abri», définissant ainsi ce groupe social en rapport à un bien matériel qu’il ne possèdent pas. Tandis que, de l’autre côté de l’Atlantique, cette catégorie de personnes est définie par son activité : le fait d’errer.
Joual (n.m.) – façon de parler dérivée du français de France
Le mot provient de «cheval», prononcé [jwal], comme en français du 17e siècle, utilisé en France jusque dans les années 1960. Aujourd’hui, il définit la façon de dénigrer le parler québécois («parler joual»).
Line-up (n.m.) – file d’attente, queue
Terminologie directement traduite de l’anglais. «Faire un line-up», c’est donc patienter dans la file d’attente.
Liqueur (n.f.) – boisson gazeuse
On ne s’étonnera donc pas qu’une mère propose à ses jeunes enfants d’aller «boire une liqueur», en attendant le concert de Robert Charlebois.
Se payer la traite (exp.) – se payer du bon temps
La traite était un moyen de définir une dette commerciale durant le Moyen-Âge. Il s’agissait d’un document qui fixait les modalités de remboursement (une sorte de crédit). Ainsi, l’expression trouve son origine dans ce premier sens : s’offrir quelque chose sans payer immédiatement, sous-entendu dépenser sans compter.
Pissou, être (exp.) – personne peureuse, lâche, qui recule devant le moindre obstacle
Cette expression, utilisée jadis en France, provient du latin pissiare qui veut dire «uriner». Pissou voudrait dire «enfant qui pisse au lit».
Robine (n.f.) – alcool fort et de mauvaise qualité
Mot calque de l’anglais «rubbing (alcohol)» (littéralement de l’alcool à friction).
Tabarnak / tabernacle (inter.) – juron exprimant le mécontentement, la colère
Déformation du mot français «tabernacle», qui, dans une église catholique, est une armoire contenant le ciboire et ses hosties. Dans la religion hébraïque, il s’agit d’une tente dressée, qui abritait l’arche d’alliance et les objets sacrés.
Tiguidou, c’est (exp.) – génial, super, trop bien
Ce terme est une pure création québécoise, à l’origine floue. La théorie la plus plausible est celle d’une variante de l’expression écossaise «tickety-boo», qui signifie «aller lentement, mais sûrement».
Tomber en amour (exp.) – tomber amoureux
Cette expression est la traduction littérale de la version anglophone «to fall in love».
Il n’y a pas de quoi se pitcher sur les murs (exp.) – se dit d’une chose qui n’a rien d’exceptionnel
«Ce concert des Twenty Øne Piløts était sympa, mais il n’y a pas de quoi se pitcher sur les murs».
Le 44e Paléo Festival se déroule du 23 au 28 juillet 2019, à Nyon. Infos, bourse au billets et programme complet sur www.paleo.ch.
Actu
Ceci pourrait être l’article d’une femme*
Aujourd’hui, partout en Suisse a lieu la «Grève des femmes*». Sensible à la cause, Slash Média se fait porte-voix du manifeste rédigé en décembre 2018 par les Collectifs romands pour la grève féministe et des femmes.
Un peu partout dans le monde, nous assistons à un renouveau des mouvements féministes : #metoo a contribué à diffuser et libérer la parole des femmes* et, grâce aux réseaux sociaux, a eu un écho planétaire.
En Suisse aussi, le sexisme, les inégalités et les violences à l’encontre des femmes* persistent, malgré un discours politiquement correct sur l’égalité et bien que l’égalité soit inscrite dans la Constitution fédérale depuis 1981.
«Les femmes bras croisés, le pays perd pied !»
Au pays de la prétendue paix du travail, les femmes ont déjà fait une grève qui a mobilisé 500’000 personnes ! C’était le 14 juin 1991, dix ans après l’entrée en vigueur de l’article constitutionnel sur l’égalité. Ce jour-là, les femmes ont croisé les bras : la grève a eu lieu non seulement sur les lieux de travail, mais aussi dans les foyers, où elles ont arrêté de faire le ménage, ont suspendu leurs balais aux fenêtres, n’ont pas cuisiné ni pris en charge les enfants.
La grève des femmes de 1991 avait surpris tout le monde. Un immense élan vers l’égalité avait secoué le pays : nous avons depuis lors obtenu des résultats concrets comme une Loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes, un congé maternité, le splitting et le bonus éducatif dans l’AVS, la solution dite des délais en matière d’avortement, des mesures de lutte contre les violences domestiques.
Aujourd’hui, nous avons besoin d’un nouvel élan ! Le 22 septembre 2018, 20’000 femmes* et hommes solidaires ont manifesté à Berne pour l’égalité et contre les discriminations. Le début d’une mobilisation que nous voulons poursuivre jusqu’à la grève féministe et des femmes* le 14 juin 2019 !
L’égalité stagne : les femmes* se mobilisent !
Nous sommes toutes exposées au sexisme, aux discriminations, aux stéréotypes et aux violences, sur le lieu de travail, à la maison ou dans la rue. Mais nous savons que des oppressions spécifiques basées sur l’appartenance de race, de classe ou sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre se combinent, si bien que certaines d’entre nous peuvent subir des discriminations multiples. Faire vivre la solidarité entre les femmes* du monde entier, c’est un des objectifs de notre grève.
Fortes de nos diversités, nous refusons toute instrumentalisation de nos luttes, notamment à des fins racistes. Nous revendiquons le droit de vivre libres dans une société qui garantit des droits égaux pour toutes*.
Durant ces vingt dernières années, nous avons assisté à la montée des politiques néolibérales: les services publics ont été remis en cause, les prestations ont été réduites, des secteurs comme la santé ont été soumis à la logique marchande, les conditions de travail et de retraite ont été péjorées. L’économie capitaliste veut maximiser les profits au détriment de l’être humain et de l’équilibre écologique. Les femmes* sont les premières à en souffrir en tant que travailleuses précaires, migrantes ou encore mères, souvent seules responsables du foyer et des enfants.
Comme le disent les Islandaises: «Ne changeons pas les femmes, changeons la société !». Car l’égalité ne peut se réaliser dans un monde où seul compte l’argent, mais nécessite de construire une société où ce qui compte est le respect et le bien-être de chaque être humain.
Le 14 juin 2019, nous nous mettrons en grève sur nos lieux de travail, dans nos foyers et nous occuperons l’espace public
Parce que nous en avons assez des inégalités salariales et des discriminations dans le monde du travail. Parce que nous voulons des rentes qui nous permettent de vivre dignement. Parce que nous voulons que le travail domestique, éducatif et de soins soit reconnu et partagé, de même que la charge mentale. Parce que nous nous épuisons à travailler, nous voulons réduire le temps de travail. Parce que le travail éducatif et de soins doit être une préoccupation collective. Parce que nous revendiquons la liberté de nos choix en matière de sexualité et d’identité de genre. Parce que notre corps nous appartient, nous exigeons d’être respectées et libres de nos choix. Parce que nous refusons la violence sexiste, homophobe et transphobe, nous restons debout ! Parce que nous voulons que la honte change de camp.
Parce que lorsque nous venons d’ailleurs, nous vivons de multiples discriminations. Parce que le droit d’asile est un droit fondamental, nous demandons le droit de rester, lorsque nos vies sont en danger. Parce que l’école est le reflet de la société patriarcale, elle renforce les divisions et les hiérarchies fondées sur le sexe. Parce que nous voulons des cours d’éducation sexuelle qui parlent de notre corps, du plaisir et de la diversité sexuelle. Parce que les espaces relationnels doivent devenir des lieux d’échange et de respect réciproque. Parce que nous vivons dans une société qui véhicule des représentations stéréotypées de «la femme».
Parce que nous, actrices culturelles, sommes trop souvent peu considérées et reconnues. Parce que les institutions ont été conçues sur un modèle patriarcal et de classe dans lequel nous n’apparaissons qu’en incise. Parce que nous sommes solidaires avec les femmes du monde entier. Parce que nous voulons vivre dans une société solidaire sans racisme, sans sexisme, sans homophobie et sans transphobie.
Pour toutes ces raisons et d’autres encore, nous ferons grève le 14 juin 2019 !
La «Grève des femmes*» a lieu le 14 juin 2019 dans toute la Suisse – www.frauenstreik2019.ch.
Femme* : toute personne qui n’est pas un homme cisgenre (soit un homme qui se reconnaît dans le genre qui lui a été assigné à la naissance).