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Avec un train de retard, l’Académie Française adopte la féminisation des noms de métiers

L'Institut de France abrite depuis 1795 regroupe cinq aréopages, dont la prestigieuse Académie française – © Steve Barru

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«Avocate», «chirurgienne», «écrivaine», en dépit du fait que ces appellations soient couramment employées depuis plusieurs années pour désigner la déclinaison féminine d’une profession, ces termes n’étaient, jusqu’au 28 février dernier, toujours pas reconnus officiellement par l’Académie Française. Adopté à «une large majorité», en quoi le rapport sur la féminisation des noms de métiers est-il porteur dans le climat actuel ?

Bien qu’il s’agisse d’une avancée quant à la considération de la femme au sein de la sphère professionnelle, l’égalité linguistique n’est malheureusement pas tributaire d’une égalité salariale, comme le déplore le quotidien L’Union : «Madame la cheffe sera ravie d’être reconnue, mais si c’est pour continuer à être payée 20% de moins que le chef d’à côté, elle n’aura pas l’impression d’y avoir gagné grand-chose.»

Au vu de l’environnement professionnel difficile dans lequel baignent les femmes qui travaillent en entreprise, si pour certaines ce progrès équivaut à brasser du vent, le raisonnement ne fait pas l’unanimité pour autant. Il s’agit d’un cap important selon Danièle Linhart, sociologue du travail au Centre national de la recherche scientifique, qui intervient, pour commenter la nouvelle, dans Le Figaro : «Cela reflète une prise de conscience et une évolution pour la société, souligne-t-elle, en ajoutant par ailleurs que cela permettra à certaines femmes d’apparaître pour ce qu’elles sont en n’étant plus obligées de se bricoler un nom de métier ou de se cacher derrière une identité masculine. Désormais, hésitations et quiproquos n’ont plus leur place au travail, puisque les exceptions masculines ont officiellement leurs équivalences féminines.»

«Nous sommes dans l’ordre du symbolique, mais cela compte»

«Nous sommes dans l’ordre du symbolique, mais cela compte», assure Margart Maruani, sociologue du travail spécialisée sur la question du genre à Paris. Parallèlement, si l’on décide de se pencher sur cette symbolique que revêt la langue française pour sa nation, il apparait assez distinctement que cette dernière s’inscrit comme élément significatif du patrimoine français. Significatif au point que lors de l’arrivée au pouvoir d’Emmanuelle Macron, l’actuel Président du Conseil constitutionnel français, Laurent Fabius, fait mention de protéger la langue dans le cahier des charges du nouveau président de la République : «En application des articles 6, 7 et 58 de notre constitution, le Conseil constitutionnel, mercredi 10 mai, vous a proclamé, élu, Président de la République. […] Président d’une république indivisible, laïque, démocratique et sociale, chargé de la représenter, de la faire progresser, d’en incarner les valeurs et la langue et de la ressembler.»

Par ailleurs, l’État a su au fil des siècles développer et entretenir le caractère «mythique» de son Académie. Une institution prestigieuse présentée comme gardienne de la langue, composée d’«Immortels» qui se réunissent dans un palais, vêtus d’un uniforme aux broderies en forme de rameaux d’olivier et arborant fièrement cape et épée.

Le célèbre Habit Vert revêtu par les Immortels en séance à l’Académie Française nécessite près de 600h de travail, uniquement en broderies faites main. – © Stark and Sons

Dans cette perspective, la langue s’est pourvue d’un puissant caractère symbolique auprès de sa population, et c’est peut-être ici que réside l’essence même de la réforme. Soutenant cette hypothèse, Danièle Linhart ajoute que : «Cela peut renforcer la légitimité des femmes au travail et cela renforce dans les esprits l’idée selon laquelle le monde du travail est un monde pour les hommes et pour les femmes.»

Aujourd’hui, le prestige qui gravitait autrefois autour de l’Académie s’est fortement amenuisé auprès de l’opinion publique, probablement car les gens sont désormais plus à même de réaliser que l’assemblée d’Académiciens qui remplissent les bancs de l’institution ne sont peut-être pas aussi qualifiés pour parler de la langue française que ce qu’on voulait bien nous laisser croire. C’est du moins ce qu’affirme avec conviction Maria Candea, enseignante-chercheuse en linguistique et sociolinguistique à l’Université de Paris 3 dans un entretien de la revue Ballast :

« On pense spontanément que l’Académie française est légitime à parler de langue française, alors que c’est vraiment une position usurpée. Il n’y a aucun linguiste parmi eux ! Ils ne sont pas du tout cooptés sur la base d’une quelconque formation linguistique. Il y a par exemple Valéry Giscard d’Estaing. En quoi serait-il légitime à dire quelque chose sur la grammaire ? Mais l’incompétence des Académiciens remonte bien plus loin. Selon ses premiers statuts, à sa création, l’Académie était censée faire un Dictionnaire, une Grammaire, une Poétique et une Rhétorique. En presque quatre siècles, ils ont bouclé à peine huit éditions de leur dictionnaire et ont édité une seule grammaire, en 1930… immédiatement tournée en ridicule par les linguistes à cause de sa piètre qualité. »

À cela s’ajoute une faible représentation des femmes au sein de l’assemblée (4 femmes pour 31 hommes), et un absentéisme aussi régulier que commun de la part de plusieurs membres lors des réunions.

Finalement, en dépit de la réputation désuète que traîne l’Académie depuis plusieurs années, les «Immortels» se joignent au cortège et reconnaissent la nécessité d’une évolution linguistique s’inscrivant tout simplement dans l’ère du temps. Une reconnaissance qui va dans le sens des revendications actuelles, même si pour beaucoup l’essence de la lutte réside ailleurs.

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Yadlo, le festival qui mouille la chemise

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© Droits réservés / Yadlo 2018
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Du 12 au 14 juillet, la plage de Préverenges se transformera en île paradisiaque pour accueillir la cinquième édition du festival Yadlo.

Sentez donc l’odeur du rhum arrangé, imaginez-vous découvrir une nouvelle île inexplorée et ressentez les rythmes du reggae, du calypso, de la salsa et du merengue. «Le désir d’exotisme qui anime tout le monde à l’approche de l’été est au cœur de l’offre variée de l’événement.», explique Maxime Gervasi, porte-parole du Yadlo.

Oui, cette année à Yadlo, c’est du côté des Caraïbes qu’on nous emmène. Là où les couleurs chaudes du soleil couchant se fondent dans l’ambiance festive des nuits endiablées. Du 12 au 14 juillet, la plage de Préverenges se transformera en île paradisiaque pour accueillir la cinquième édition du festival de la région morgienne.

«Mouille ton corps, arrose ton esprit !»

Yadlo est le nouveau festival prévengeois, associant activités aquatiques, plaisirs de la plage et festivités nocturnes, le tout dans une ambiance pittoresque et dépaysante. Cette année, c’est sous la bannière «Mouille ton corps, arrose ton esprit !» que se retrouveront les 8 500 festivaliers attendus sur les trois jours de l’événement.

Plus que jamais, Yadlo souhaite se placer comme un événement éco-responsable. Que ce soit dans l’origine des produits qui sortent du bar – presque tous exclusivement suisses – ou dans la gestion des déchets et la volonté de limiter au maximum le plastique, les organisateurs souhaitent se positionner toujours un peu plus comme «un événement modèle en la matière».

Activités pour toutes et tous

Sur la base d’un sondage réalisé l’an passé, l’association Yadlo a décidé d’élargir son panel d’activités. Un escape room sur un voilier, un trampoline flottant, une initiation à l’aviron, ou encore un coin enfants avec un bateau pirate gonflable, sont quelques-unes des nouvelles prestations proposées.

«Toutefois, les activités classiques de Yadlo, celles qui ont fait sa renommée, seront toujours présentes, rassure Maxime Gervasi. Ainsi, la fameuse Silent Party du vendredi soir aura bien lieu». Des tests de stand up paddle, kayaks et initiations à la plongée, au yoga et au «SUP yoga» (il s’agit bien de faire du yoga sur un paddle) seront également de la partie.

L’édition 2018 du Yadlo a mobilisé quelque 140 bénévoles. – © DR / Yadlo 2018

Après l’effort, le réconfort

Pour se remettre de ces nombreuses activités, Yadlo proposera plusieurs foodtrucks, des dégustations le vendredi et le samedi soir et une activité gourmande le dimanche autour de la cuisine jamaïcaine.

Pour couronner le tout, une série de concerts est prévue le samedi soir et une scène ouverte, pour mettre en avant les stars émergentes de la région, est programée le dimanche. Maxime Gervasi ajoute : «Notre nouvelle scène accueillera des groupes de la région comme : le duo Marzella, le trio Marquise, et le DJ Dr.Fad-R qui est champion suisse de djiing».


La 5e édition du Yadlo se déroulera du 12 au 14 juillet 2019, à Préverenges. Programme complet sur www.yadlo.ch.

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Ceci pourrait être l’article d’une femme*

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Le 14 juin 1991 a eu lieu la première "Grève des femmes*" – Image : Keystone
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Aujourd’hui, partout en Suisse a lieu la «Grève des femmes*». Sensible à la cause, Slash Média se fait porte-voix du manifeste rédigé en décembre 2018 par les Collectifs romands pour la grève féministe et des femmes.

Un peu partout dans le monde, nous assistons à un renouveau des mouvements féministes : #metoo a contribué à diffuser et libérer la parole des femmes* et, grâce aux réseaux sociaux, a eu un écho planétaire.

En Suisse aussi, le sexisme, les inégalités et les violences à l’encontre des femmes* persistent, malgré un discours politiquement correct sur l’égalité et bien que l’égalité soit inscrite dans la Constitution fédérale depuis 1981.

«Les femmes bras croisés, le pays perd pied !»

Au pays de la prétendue paix du travail, les femmes ont déjà fait une grève qui a mobilisé 500’000 personnes ! C’était le 14 juin 1991, dix ans après l’entrée en vigueur de l’article constitutionnel sur l’égalité. Ce jour-là, les femmes ont croisé les bras : la grève a eu lieu non seulement sur les lieux de travail, mais aussi dans les foyers, où elles ont arrêté de faire le ménage, ont suspendu leurs balais aux fenêtres, n’ont pas cuisiné ni pris en charge les enfants.

La grève des femmes de 1991 avait surpris tout le monde. Un immense élan vers l’égalité avait secoué le pays : nous avons depuis lors obtenu des résultats concrets comme une Loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes, un congé maternité, le splitting et le bonus éducatif dans l’AVS, la solution dite des délais en matière d’avortement, des mesures de lutte contre les violences domestiques.

Aujourd’hui, nous avons besoin d’un nouvel élan ! Le 22 septembre 2018, 20’000 femmes* et hommes solidaires ont manifesté à Berne pour l’égalité et contre les discriminations. Le début d’une mobilisation que nous voulons poursuivre jusqu’à la grève féministe et des femmes* le 14 juin 2019 !

L’égalité stagne : les femmes* se mobilisent !

Nous sommes toutes exposées au sexisme, aux discriminations, aux stéréotypes et aux violences, sur le lieu de travail, à la maison ou dans la rue. Mais nous savons que des oppressions spécifiques basées sur l’appartenance de race, de classe ou sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre se combinent, si bien que certaines d’entre nous peuvent subir des discriminations multiples. Faire vivre la solidarité entre les femmes* du monde entier, c’est un des objectifs de notre grève.

Fortes de nos diversités, nous refusons toute instrumentalisation de nos luttes, notamment à des fins racistes. Nous revendiquons le droit de vivre libres dans une société qui garantit des droits égaux pour toutes*.

Durant ces vingt dernières années, nous avons assisté à la montée des politiques néolibérales: les services publics ont été remis en cause, les prestations ont été réduites, des secteurs comme la santé ont été soumis à la logique marchande, les conditions de travail et de retraite ont été péjorées. L’économie capitaliste veut maximiser les profits au détriment de l’être humain et de l’équilibre écologique. Les femmes* sont les premières à en souffrir en tant que travailleuses précaires, migrantes ou encore mères, souvent seules responsables du foyer et des enfants.

Comme le disent les Islandaises: «Ne changeons pas les femmes, changeons la société !». Car l’égalité ne peut se réaliser dans un monde où seul compte l’argent, mais nécessite de construire une société où ce qui compte est le respect et le bien-être de chaque être humain.

Un mois avant la journée de la “Grève des femmes*”, des actions ont eu lieu dans toute la Suisse. Ici, à Genève – DR

Le 14 juin 2019, nous nous mettrons en grève sur nos lieux de travail, dans nos foyers et nous occuperons l’espace public

Parce que nous en avons assez des inégalités salariales et des discriminations dans le monde du travail. Parce que nous voulons des rentes qui nous permettent de vivre dignement. Parce que nous voulons que le travail domestique, éducatif et de soins soit reconnu et partagé, de même que la charge mentale. Parce que nous nous épuisons à travailler, nous voulons réduire le temps de travail. Parce que le travail éducatif et de soins doit être une préoccupation collective. Parce que nous revendiquons la liberté de nos choix en matière de sexualité et d’identité de genre. Parce que notre corps nous appartient, nous exigeons d’être respectées et libres de nos choix. Parce que nous refusons la violence sexiste, homophobe et transphobe, nous restons debout ! Parce que nous voulons que la honte change de camp.

Parce que lorsque nous venons d’ailleurs, nous vivons de multiples discriminations. Parce que le droit d’asile est un droit fondamental, nous demandons le droit de rester, lorsque nos vies sont en danger. Parce que l’école est le reflet de la société patriarcale, elle renforce les divisions et les hiérarchies fondées sur le sexe. Parce que nous voulons des cours d’éducation sexuelle qui parlent de notre corps, du plaisir et de la diversité sexuelle. Parce que les espaces relationnels doivent devenir des lieux d’échange et de respect réciproque. Parce que nous vivons dans une société qui véhicule des représentations stéréotypées de «la femme».

Parce que nous, actrices culturelles, sommes trop souvent peu considérées et reconnues. Parce que les institutions ont été conçues sur un modèle patriarcal et de classe dans lequel nous n’apparaissons qu’en incise. Parce que nous sommes solidaires avec les femmes du monde entier. Parce que nous voulons vivre dans une société solidaire sans racisme, sans sexisme, sans homophobie et sans transphobie.

Pour toutes ces raisons et d’autres encore, nous ferons grève le 14 juin 2019 !


La «Grève des femmes*» a lieu le 14 juin 2019 dans toute la Suisse – www.frauenstreik2019.ch.

Femme* : toute personne qui n’est pas un homme cisgenre (soit un homme qui se reconnaît dans le genre qui lui a été assigné à la naissance).

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