Politique
Donald président : quand le canard n’est plus
What the fuck, guys ?! Certes, Clinton/Trump se rapportait à choisir entre la peste et le choléra, mais de là à faire entrer l’éléphant dans le magasin de porcelaine, dans le seul intérêt de passer du blanc au noir (peut-être l’inverse dans le cas présent), c’est un peu American Horror Story…
8h17. Perdu dans mes rêves, une notification push me rappelle à l’ordre : « Le redoutable Donald Trump devient le 45e président des États-Unis d’Amérique ». Le monde va mal et la Tragédie peut commencer. Rideau.
Le magnat new-yorkais de l’immobilier s’est imposé dans la plupart des États pivots, comme la Floride ou la Caroline du Nord. À la grande surprise de sourire-figé-Clinton qui, elle, pensait obtenir les votes de la communauté hispanique, que le républicain minore agressivement. « Ce sont des violeurs, des dealers et des tueurs », vocifère-t-il dès le début de sa campagne, en juin 2015. Malheureusement, Hillary sera trahie. Comprenons que les « chicanos » ont préféré élire leur Détracteur, très certainement divisés par l’épisode « cubain », de la présidence Obama (démocrate comme Clinton), en mars 2016.
Xénophobe, islamophobe, misogyne, anti-minorités… Trump a de belles convictions. Et comme si cela ne suffisait pas, il est aussi isolationniste, protectionniste et est considérablement opposé au politiquement correct. Pour Trump, les ennemis ont un nom. Ce sont d’abord les musulmans étrangers et les immigrés clandestins, en particulier les Mexicains. En meeting à Fort Lauderdale (Floride), en août dernier, il a, par exemple, estimé que l’organisation État islamique avait été « fondée » par Barack Obama et co-fondée par « cette tordue d’Hillary Clinton ».
Mais lorsque l’on s’intéresse à son programme, le 45e président des États-Unis reste quelque peu flou, mais fou (qu’on se le dise) : « Un mur entre le Mexique et les USA », ainsi que « l’arrêt total et complet de l’entrée des musulmans sur le territoire américain ». Voilà de quoi nous mettre en appétit…
Du côté des autres chefs d’État – passés ou présents –, l’arrivée au pouvoir du milliardaire déconcerte. Pour François Hollande, « cette élection ouvre une période d’incertitudes ». Pour la chancelière allemande, l’élection de Trump doit servir « d’avertissement ». « On refuse d’y croire, mais ce n’est finalement pas si surprenant. », estime Micheline Calmy-Rey. Vladimir Poutine, le président russe, lui, le félicite.
Si, dans l’histoire américaine, l’Homme n’a peut-être jamais marché sur le satellite naturel de la Terre, la situation, elle, pour rattraper le tout, est lunaire. Après huit ans de confiance envers le premier président « afro » des USA, élu ne serait-ce que quelques dizaines d’années après l’abolition de l’esclavage, le peuple a décidé de faire machine arrière (?), en élisant un « conservateur sans précédent ».
Tragédie ou tragi-comédie ? L’absurdité est telle, qu’en 2020, après quatre ans de bons et loyaux services Trumpistes, il ne serait pas étonnant de revoir une Rosa Parks refuser de se lever pour un blanc, un Martin Luther King faire un rêve (le bon !) ou encore un Malcolm X prêcher les droits de l’homme. Et puis, tant qu’à faire, réintroduisons la ségrégation de jure, incarcérons Hillary Clinton et partons… Partons danser la country, jusqu’à qu’un nouvel Abraham Lincoln réabolisse l’esclavage, avant de se faire abattre, au balcon d’un théâtre, les trois-coups retentissant…
Le monde est un éternel recommencement. Un éternel recommencement, dont on oublie souvent et trop vite « les erreurs » commises. Il y a des gens raisonnables que le pouvoir rend fous. Peut-être le pouvoir rendra-t-il Donald Trump raisonnable ? Acte 2 le 20 janvier 2017.
Actu
“Maman, j’ai raté l’avion”, version PLR
COMMENTAIRE. Tout juste remis de leur cuisante défaite zurichoise, le #TeamFDP ou PLR (si jamais l’organe communication du parti oubliait à nouveau que la Romandie est en Suisse) se lance dans l’industrie juteuse de l’écologie.
Il paraît que l’on apprend de ses erreurs. Généralement, cette citation a le mérite d’être avantageuse. Mais pas tout le temps. Dans le cas précis du revirement écologique du PLR, cela ressemble plutôt à un «changeons notre fusil d’épaule». Car oui, le parti de droite s’intéresse à cette problématique désormais. Dès le vendredi 29 mars, les libéraux-radicaux ont lancé un sondage parmi leurs 120’000 adhérents sur les attentes écologiques de ceux-ci.
«Le PLR n’a pas été compris»
Benoît Genecand (PLR, GE), conseiller national et membre de la commission de l’environnement, a répondu aux questions de La Liberté (29.03.2019). À propos de l’échec au Conseil national de la loi sur le CO2, il a déclaré : «Le PLR n’a pas été compris». Alors, cher Monsieur, je crois plutôt que c’est vous qui n’avez pas compris. Les jeunes d’aujourd’hui (pas tous, mais beaucoup tout de même) désirent des actions concrètes.
Ce monde que vous quitterez sûrement plus tôt que nous change et il ne faut pas le laisser agoniser. Non, la Suisse ne peut pas modifier le futur du climat à elle seule. Oui, la réussite économique de notre pays (qui nous permet tout de même de vivre dans un certain confort) a nécessité certaines décisions pas des plus vertes. Mais nous pouvons être un exemple. Nous pouvons tenter (au moins cela) de coupler réussite économique et respect de l’environnement. Pas en un jour ni en une année. Mais cela vaudrait le détour d’y réfléchir. Votre intérêt subit pour l’écologie n’est point à blâmer. Votre timing, oui.
Pourquoi s’y intéresser uniquement après une défaite ? Votre puissance politique est-elle plus importante que vos idées ? Car si vous avez bel et bien raté l’avion sur ce sujet, il n’est jamais trop tard pour prendre le prochain train.
Politique
Trump, une once de bienfaisance ?
Si comme moi, à chaque nouveau tweet de Trump, vous vivez une émotion de surprise, un éclat de rire puis vous soupirez de désespoir, vous serez tout aussi dubitatif à l’idée qu’il ait pu avoir un grand impact positif sur la population des États-Unis.
Pourtant, c’est bien ce qu’a voulu nous transmettre Sharon Smith lors de sa conférence à Lausanne la semaine dernière. Encore plus surprenant : l’écrivaine se définit elle-même comme une « socialiste révolutionnaire ».
L’activiste et auteure de Women and Socialism est cependant bien loin d’être une partisane du président américain.
« Je suis ici pour vous raconter ce que ça fait de vivre dans l’Amérique de Trump. Tous les matins, lorsque l’on regarde les réseaux sociaux, c’est comme se prendre une baffe dans la figure. »
En effet, dire que les deux premières années de son mandat ont été pleines de rebondissements serait un euphémisme ; entre ses tweets incendiaires contre Kim Jong-Un alias Rocket Man, son légendaire « Just grab them by the pussy ! » (« Il suffit de les attraper par la chatte ! ») ou son commentaire éclairé après les violences de 2017 à Charlottesville : « Je crois que les deux parties sont responsables ».
Just heard Foreign Minister of North Korea speak at U.N. If he echoes thoughts of Little Rocket Man, they won’t be around much longer!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 24 septembre 2017
« Je viens d’entendre le ministre des affaires étrangères nord-coréenne parler à l’ONU. S’il répète les pensées du petit Rocket Man, ils ne seront plus là pour très longtemps ! »
Une augmentation du nombre de groupuscules extrémistes aux États-Unis a été constatée pendant les trois dernières années de la présidence Obama, par le « Hate Watch » (observatoire de la haine) du Southern Poverty Law Center. Sharon Smith pense d’ailleurs que « même si les mouvements fascistes ont déjà été beaucoup plus présents par le passé, ils risquent de s’étendre et de se multiplier à nouveau, car le gouvernement les nourrit indirectement ».
Alors, une bénédiction ?
En arrivant au pouvoir avec ces gros sabots et son langage plus que politiquement incorrect, Trump a aussi nourri, malgré lui, une forme de résistance.
On constate que les protestations des mouvements socialistes ou d’autres plutôt à gauche ont gagné de l’ampleur. De plus en plus de manifestations sont nationales, voire internationales et non plus cantonnées à une ville. Le nombre de participants à ces élans de protestation a donc drastiquement augmenté depuis l’arrivée au pouvoir de la mèche orange.
La March For Women’s Lives (Marche pour la vie des femmes) de 2004 qui avait regroupé cinq-cent-mille personnes ou la People’s Climate March (Marche du peuple pour le climat) de 2014 avec ses quatre-cent-mille participants, peuvent en effet paraître anecdotiques en comparaison aux quatre-millions de manifestants à la Women’s March (Marche des femmes) de 2017 ou à la March For Our Lives (Marche pour nos vies) qui a regroupé deux-millions de personnes cette année.
Pour notre socialiste révolutionnaire, Trump a réveillé les Américains et les a poussés à se battre pour leurs droits. L’écrivaine voit une suite logique entre la Women’s March, le mouvement #Metoo et les protestations contre la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour suprême ce mois.
Bien que ce dernier ait quand même eu le poste, Smith remarque que de plus en plus de mouvements de protestation arrivent à leurs fins. On note par exemple l’augmentation du salaire de ses employés par Amazon annoncée en septembre ou la campagne « Hands off, pants on ! » (« Bas les mains et pantalons remontés ! »), émanant du milieu hôtelier de Chicago, qui a abouti à des mesures pour protéger les employés du harcèlement sexuel.
Enfin, Sharon Smith considère donc que « de savoir que des choses qui étaient impensables il y a quelques années, sont maintenant en train de se passer, ça, c’est une raison de se réjouir. Et ça me suffit pour l’instant… »
Women and Socialism : Class, Race and Capital
Sharon Smith
Éd. Haymarket Books, 2015 – 260 pages