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Société

J’ai décidé de ne pas râler pendant une journée et j’ai (presque) réussi

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L’heure de la rentrée a sonné avec, bien sûr, son lot de bonnes résolutions. Alors, certes, on ne tient jamais ses bonnes résolutions et j’en suis la preuve vivante. Explications.

Rentrée 2011 : je ferais mes devoirs et je réviserais tous les soirs. J’ai tenu 1 mois. Première année de vie estudiantine, premier appartement, seule. Bref, avec le recul, la barre était bien trop haute pour ma volonté en mousse. Rentrée 2013 : je vais finir cette dernière année scolaire en beauté, avoir mon Master haut la main, faire un super stage de fin d’études pour bien démarrer ma vie d’adulte. Encore une fois, on notera l’absence de modération dans la prise de bonnes résolutions ou de paramètres susceptibles de nous mettre quelque peu les bâtons dans les roues. Il n’y aura jamais de : « je pourrai commencer ma vie d’adulte si je ne me fais pas larguer comme une grosse merde par téléphone », ou encore de « je tiendrais ma bonne résolution si je ne découvre pas les joies de l’alcool cette année ». Même pour de bonnes résolutions pour notre santé. Parce que c’est vrai, la santé c’est important. Ce qui pourrait d’office nous interdire d’échouer. Impossible, ici aussi, de nous mettre des modérateurs de prise de bonnes résolutions telles que « s’il ne fait pas un hiver pourri, je décide de faire du sport tous les dimanches », « si je ne fais pas trop la fête le samedi soir, je ferais du sport tous les dimanches ». Je pense que vous comprenez le principe.

Alors, c’est vrai, ce n’est pas comme cela qu’on se forme un moral de champion, une bonne volonté en acier trempé. Mais peut-être que ça nous mettrait un petit peu moins la pression et qu’on culpabiliserait moins d’échouer. Mais cette fois-ci, c’est différent : je veux à tout prix réussir. Je veux être la Usain Bolt de la prise de bonne résolution, tenir jusqu’à la fin de la course qu’on appelle la vie. Je sais que ça va être dur. Surtout au début : changer ses habitudes n’est pas chose aisée.

Je veux arrêter de râler. Pour moi et, surtout, pour mon entourage. Et je pars avec un handicap de taille : je suis Française. Et depuis que j’habite en Suisse, j’entends dire que les Français se plaignent sans cesse (il paraît qu’il est mondialement connu, ce trait de caractère français). Niveau « confiance en soi pour appliquer ma bonne résolution », sur une échelle de 0 à +10, je suis à peu près à… +100. Je me lance donc, et cette fois-ci, je ne veux surtout pas faillir. Mais le parcours sera rude. Au programme de la journée d’entraînement : prendre le train, passer une journée au travail (c’est-à-dire dans la vente, chez un détaillant d’informatique mondialement connu) et reprendre le train pour rentrer chez moi, si je n’ai pas implosé d’ici là.

© Flickr

Lundi matin, 6h55, je me réveille en douceur 5 minutes avant le réveil. Ha, voilà de quoi me mettre de bonne humeur ! Je me prépare, comme tous les matins, et finis par partir prendre le métro. Il arrive en même temps que moi. Décidément, cette bonne résolution me réussit et je vois la vie en rose (ce qui n’est pas chose aisée un lundi matin à 8 heures). Une fois arrivée à la gare, sans râler à cause des gens qui me bousculent pour sortir avant moi de la rame, ou encore, ces impolis qui montent dans le métro avant même que les voyageurs qui s’arrêtent à la gare n’en sortent. Mon cerveau se remplit de pensées zen pour relativiser et voir le bon côté des choses : je suis en avance et aucun stress ne m’envahit puisque j’ai le temps d’aller acheter ma salade en plastique pour ma pause de midi, ce qui m’évitera d’aller vendre un de mes reins pour pouvoir m’acheter à manger à Genève, ville où je travaille. Une fois arrivée sur le quai, 4 minutes avant que mon train n’arrive, la voix sucrée de robot retentit : « le train à destination de Genève, Genève aéroport rentrera en gare avec un retard de dix minutes ». Zut ! Pas de chance ! Dix minutes de retard, ce n’est, objectivement, pas la mer à boire, mais c’est suffisant pour me faire rater ma correspondance une fois arrivée à Genève : le bus que je dois prendre pour traverser la ville.

Mais c’est vrai que je ne peux pas râler, j’en ai fait la promesse. Il paraît que je ne dois faillir à ma promesse. Seule option, chercher une solution de repli : un autre train ou un autre bus genevois. Je décide donc de changer de quai et de prendre un train qui part plus tard, mais à l’heure. En y grimpant dedans, je me rends vite compte que je ne suis évidemment pas la seule à avoir eu l’idée. Impossible de trouver une place assise. Aucune importance, il paraît que c’est bon pour la santé d’être debout. Quarante minutes de trajet plus tard, me voilà arrivée à destination ! Enfin. Pas le temps de m’apitoyer sur mon sort, je dois aller prendre le bus. La gare est bondée, rentrée oblige. J’essaie de courir, mais cela m’est impossible, à chacun de mes pas, un enfant qui traîne son cartable derrière lui ou un petit-vieux qui promène son chien me freine dans mon élan. Je repère les hommes pressés en complets battants neufs et me faufile dans le passage étroit qu’ils laissent derrière eux. Je vois mon bus à travers l’immense porte ouverte de la gare et cours. Il paraît que ce qui est important avant une compétition c’est de faire de la visualisation mentale : il faut se voir réussir l’épreuve pour y arriver. Cela va marcher dans mon cas. Et voilà, le fait d’être positive sur les choses et de voir la vie du bon côté me réussit plutôt bien !

© Flickr

La journée ne fait que commencer et la journée sur une surface de vente va mettre ma bonne résolution à rude épreuve. Effectivement, cela n’a pas loupé : l’habituée qui vient vous demander des conseils et part acheter votre produit chez le concurrent, le client misogyne, le client pervers qui essaie de vous tripoter à chacune de ses blagues, l’enfant qui hurle parce qu’il veut le même téléphone dernier cri (sans mauvais jeu de mots) que son grand frère, la cliente qui entre dans votre magasin et qui dénigre la marque que vous vendez mais qui équipe toute sa famille du dernier téléphone que vous venez de sortir. Sans oublier de dire au moment de payer « C’est cher quand même chez-vous ». Ce jour-là, les dieux de la bonne résolution m’ont mise à rude épreuve ! Et je vous avouerais que je n’ai pas tenu. J’ai échoué lamentablement. J’ai râlé.

Non pas quand j’ai pensé que je pourrais arriver en retard au travail, non pas quand le 100e client de la journée m’a dit que la marque pour laquelle je travaille représente le diable, non pas lorsque j’ai choisi ma place dans le train du retour à côté d’un homme qui a raconté sa vie au téléphone pendant la durée du trajet. Ni même quand j’ai réalisé que mon voisin de palier avait piqué mon jour de lessive. Non, là, j’ai tenu. En me couchant, j’ai eu la sensation du devoir accompli, de la journée réussie. Mais c’était sans compter sur ma moitié, qui s’est endormie, en ronflant, 3 secondes avant moi. Là, j’avoue que j’ai craqué. Je l’ai poussé du coude pour qu’il se réveille : « Chéri, tais-toi s’il te plaît. Comment veux-tu que j’arrive à tenir mes bonnes résolutions pendant la journée si je passe une mauvaise nuit ? »

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Société

Paléo : le lexique québécois pour «se payer la traite» au Village du Monde

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En 2008, l'Europe de l'Est fut mise en lumière grâce au Village du Monde – © Paléo / Boris Soula
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Pour sa 17e édition, le Village du Monde du Paléo Festival mettra le cap sur le Québec et sa culture. Voici quelques locutions pour comprendre crissement mieux le français de la Belle Province.

«Si vous t’as la parlure québécoise, tu vas clairement t’achaler sur ces lignes-là». Comprenez : si vous parlez le français québécois, vous vous ennuierez certainement à la lecture de cet article.

Le Paléo Festival commence mardi, pour une 44e édition qui fera la part belle à la francophonie. Et pour cause, le traditionnel Village du Monde du festival, avec ses concerts, décors, et son artisanat typique, mettra le cap cette année sur le Québec et sa culture.

Depuis de nombreuses années déjà, les autres francophones du monde, qui prennent terre en sol québécois, pour une nuit ou pour la vie, tergiversent volontiers sur le sens du «dialecte» pratiqué par les Québécois, nos cousins «pure laine».

Alors, pour avoir une parlure impeccable auprès de votre voisin de comptoir, Slash vous propose un lexique québécois faisant appel à quelques locutions bien utiles sur la Plaine de l’Asse (ou pas).

Parlure empreinte d’hisoire

Selon Le Petit Livre du parler québécois de Claire Armange (éd. First,  2016), le vocabulaire de la Belle Province est riche de mots liés à son histoire. Le langage québécois, on s’en doute fort, doit la grande partie de ses origines à l’ancien français. Les Québécois défendent avec fierté la francophonie face à la prépondérance de la langue anglaise en Amérique du Nord.

Langue des premiers colons venus peupler la Nouvelle-France, il a subi, au fil des époques, des gouvernances et des influences des Premières Nations, un métissage avec les langues autochtones aussi bien qu’avec la langue des conquérants anglais.

Le français des Québécois, alors, se teinte de plusieurs anglicismes, de quelques termes autochtones et de beaucoup d’expressions issues d’une culture agréablement imagée et parfois complètement fantaisiste. On y retrouve, notamment :

des régionalismes françaisbavasser (bavarder, dire des médisances), astheure (maintenant), la broue (la mousse), prendre son respir (retenir son souffle), maganer (abîmer, maltraiter) ou encore souventes fois (souvent) ;

des emprunts faits à la langue amérindienne : un achigan (un poisson), un atoca (une canneberge), la babiche (une lanière de cuir) ;

des québécismes, des mots ou expressions propres au français du Québec : bûcher (abattre un arbre, couper du bois), il mouille (il pleut), la poudrerie (une fine neige tourbillonnante), une secousse (un certain temps), le solage d’une maison (les fondations) ou une tuque (un bonnet de laine).

Lexique

Achaler (v.) – ennuyer, importuner

Ce verbe provient probablement du verbe chaloir qui signifiait approximativement importuner de façon excessive dans un vieux dialecte normand.


Bardasser (v.) – action de chahuter, de bousculer quelqu’un ou quelque chose / action de faire du tapage

Verbe à l’origine incertaine. Emprunté soit du verbe poitevin «bordanser» (balancer, secouer), soit de l’onomatopée par laquelle on désigne le bruit que faisaient les soldats en emmenant leur «barda».


Bécosse (n.f.) – toilettes

Mot probablement né d’une déformation de la locution anglaise «back house», qui se traduit par «maison à l’arrière». Cette dénomination désignait autrefois les latrines extérieures.


Bourré, être (exp.) – avoir trop mangé

Expression francophone qui peut signifier également «soul» ou «riche».


Calice (inter.) – sacre manifestant la colère ou l’indignation

Le calice, du grec kulix, est un vase sacré de la liturgie chrétienne, présentant la forme d’une coupe évasée portée sur un pied élevé.


Char (n.m.) – voiture, bagnole

Ce mot, dérivé du latin carrus, a longtemps été perçu comme un anglicisme, à tort, au Québec, étant donné sa similarité avec le mot «car». Néanmoins, le Cambridge Dictionary le réfère comme un mot d’origines françaises et latines.


Catin (n.f.) – petite fille

Outre son sens français de prostituée, le terme «catin» au Québec, retrouve son sens de pureté. En effet, le mot «catin» vient du prénom Catherine, qui lui vient du mot grec katharos, qui signifie «la pureté». En France, on lui attribuait, autrefois, le sens de jeune fille de campagne, ce qui expliquerait le sens québécois.


Frencher (v.)  rouler une pelle

Ce verbe provient du verbe anglais «to french kiss» (embrasser).


Fou comme un balai, être (exp.) – personne qui a perdu la raison, dont le comportement semble insensé

Cette locution tire son origine du 19e siècle. La confection de ces outils ménagers se faisait à la main par des ouvrières, et le talent de ces dernières était un atout important. Lorsque le cordage n’était pas bien fait, la direction que prenait le balai était imprévisible. Le balai n’en faisait qu’à sa tête, tel un fou.


Gosse (n.f.) – synonyme familier de «testicule»

Ce mot est apparenté à «gousse», qui signifie une enveloppe des graines des légumineuses. Utilisé comme verbe, comme dans «tu me gosses», il s’apparente à «tu m’énerves».


Hambourgeois (n.m.) – hamburger

Mot québécois utilisé pour franciser le terme anglais «hamburger».

Itinérant.e (n.m.f.) – sans-abri

Les termes «itinérant» et «itinérante» font maintenant partie du vocabulaire de la sociologie au Québec. Dans le registre courant du français dit «de France» (en opposition au français québécois), l’on parle de «sans-abri», définissant ainsi ce groupe social en rapport à un bien matériel qu’il ne possèdent pas. Tandis que, de l’autre côté de l’Atlantique, cette catégorie de personnes est définie par son activité : le fait d’errer.


Joual (n.m.) – façon de parler dérivée du français de France

Le mot provient de «cheval», prononcé [jwal], comme en français du 17e siècle, utilisé en France jusque dans les années 1960. Aujourd’hui, il définit la façon de dénigrer le parler québécois («parler joual»).


Line-up (n.m.) – file d’attente, queue

Terminologie directement traduite de l’anglais. «Faire un line-up», c’est donc patienter dans la file d’attente.


Liqueur (n.f.) – boisson gazeuse

On ne s’étonnera donc pas qu’une mère propose à ses jeunes enfants d’aller «boire une liqueur», en attendant le concert de Robert Charlebois.


Se payer la traite (exp.) – se payer du bon temps

La traite était un moyen de définir une dette commerciale durant le Moyen-Âge. Il s’agissait d’un document qui fixait les modalités de remboursement (une sorte de crédit). Ainsi, l’expression trouve son origine dans ce premier sens : s’offrir quelque chose sans payer immédiatement, sous-entendu dépenser sans compter.


Pissou, être (exp.) – personne peureuse, lâche, qui recule devant le moindre obstacle

Cette expression, utilisée jadis en France, provient du latin pissiare qui veut dire «uriner». Pissou voudrait dire «enfant qui pisse au lit».


Robine (n.f.) – alcool fort et de mauvaise qualité

Mot calque de l’anglais «rubbing (alcohol)» (littéralement de l’alcool à friction).


Tabarnak / tabernacle (inter.) – juron exprimant le mécontentement, la colère

Déformation du mot français «tabernacle», qui, dans une église catholique, est une armoire contenant le ciboire et ses hosties. Dans la religion hébraïque, il s’agit d’une tente dressée, qui abritait l’arche d’alliance et les objets sacrés.


Tiguidou, c’est (exp.) – génial, super, trop bien

Ce terme est une pure création québécoise, à l’origine floue. La théorie la plus plausible est celle d’une variante de l’expression écossaise «tickety-boo», qui signifie «aller lentement, mais sûrement».


Tomber en amour (exp.) – tomber amoureux

Cette expression est la traduction littérale de la version anglophone «to fall in love».


Il n’y a pas de quoi se pitcher sur les murs (exp.) – se dit d’une chose qui n’a rien d’exceptionnel

«Ce concert des Twenty Øne Piløts était sympa, mais il n’y a pas de quoi se pitcher sur les murs».


Le 44e Paléo Festival se déroule du 23 au 28 juillet 2019, à Nyon. Infos, bourse au billets et programme complet sur www.paleo.ch. 

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Actu

Ceci pourrait être l’article d’une femme*

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Le 14 juin 1991 a eu lieu la première "Grève des femmes*" – Image : Keystone
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Aujourd’hui, partout en Suisse a lieu la «Grève des femmes*». Sensible à la cause, Slash Média se fait porte-voix du manifeste rédigé en décembre 2018 par les Collectifs romands pour la grève féministe et des femmes.

Un peu partout dans le monde, nous assistons à un renouveau des mouvements féministes : #metoo a contribué à diffuser et libérer la parole des femmes* et, grâce aux réseaux sociaux, a eu un écho planétaire.

En Suisse aussi, le sexisme, les inégalités et les violences à l’encontre des femmes* persistent, malgré un discours politiquement correct sur l’égalité et bien que l’égalité soit inscrite dans la Constitution fédérale depuis 1981.

«Les femmes bras croisés, le pays perd pied !»

Au pays de la prétendue paix du travail, les femmes ont déjà fait une grève qui a mobilisé 500’000 personnes ! C’était le 14 juin 1991, dix ans après l’entrée en vigueur de l’article constitutionnel sur l’égalité. Ce jour-là, les femmes ont croisé les bras : la grève a eu lieu non seulement sur les lieux de travail, mais aussi dans les foyers, où elles ont arrêté de faire le ménage, ont suspendu leurs balais aux fenêtres, n’ont pas cuisiné ni pris en charge les enfants.

La grève des femmes de 1991 avait surpris tout le monde. Un immense élan vers l’égalité avait secoué le pays : nous avons depuis lors obtenu des résultats concrets comme une Loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes, un congé maternité, le splitting et le bonus éducatif dans l’AVS, la solution dite des délais en matière d’avortement, des mesures de lutte contre les violences domestiques.

Aujourd’hui, nous avons besoin d’un nouvel élan ! Le 22 septembre 2018, 20’000 femmes* et hommes solidaires ont manifesté à Berne pour l’égalité et contre les discriminations. Le début d’une mobilisation que nous voulons poursuivre jusqu’à la grève féministe et des femmes* le 14 juin 2019 !

L’égalité stagne : les femmes* se mobilisent !

Nous sommes toutes exposées au sexisme, aux discriminations, aux stéréotypes et aux violences, sur le lieu de travail, à la maison ou dans la rue. Mais nous savons que des oppressions spécifiques basées sur l’appartenance de race, de classe ou sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre se combinent, si bien que certaines d’entre nous peuvent subir des discriminations multiples. Faire vivre la solidarité entre les femmes* du monde entier, c’est un des objectifs de notre grève.

Fortes de nos diversités, nous refusons toute instrumentalisation de nos luttes, notamment à des fins racistes. Nous revendiquons le droit de vivre libres dans une société qui garantit des droits égaux pour toutes*.

Durant ces vingt dernières années, nous avons assisté à la montée des politiques néolibérales: les services publics ont été remis en cause, les prestations ont été réduites, des secteurs comme la santé ont été soumis à la logique marchande, les conditions de travail et de retraite ont été péjorées. L’économie capitaliste veut maximiser les profits au détriment de l’être humain et de l’équilibre écologique. Les femmes* sont les premières à en souffrir en tant que travailleuses précaires, migrantes ou encore mères, souvent seules responsables du foyer et des enfants.

Comme le disent les Islandaises: «Ne changeons pas les femmes, changeons la société !». Car l’égalité ne peut se réaliser dans un monde où seul compte l’argent, mais nécessite de construire une société où ce qui compte est le respect et le bien-être de chaque être humain.

Un mois avant la journée de la “Grève des femmes*”, des actions ont eu lieu dans toute la Suisse. Ici, à Genève – DR

Le 14 juin 2019, nous nous mettrons en grève sur nos lieux de travail, dans nos foyers et nous occuperons l’espace public

Parce que nous en avons assez des inégalités salariales et des discriminations dans le monde du travail. Parce que nous voulons des rentes qui nous permettent de vivre dignement. Parce que nous voulons que le travail domestique, éducatif et de soins soit reconnu et partagé, de même que la charge mentale. Parce que nous nous épuisons à travailler, nous voulons réduire le temps de travail. Parce que le travail éducatif et de soins doit être une préoccupation collective. Parce que nous revendiquons la liberté de nos choix en matière de sexualité et d’identité de genre. Parce que notre corps nous appartient, nous exigeons d’être respectées et libres de nos choix. Parce que nous refusons la violence sexiste, homophobe et transphobe, nous restons debout ! Parce que nous voulons que la honte change de camp.

Parce que lorsque nous venons d’ailleurs, nous vivons de multiples discriminations. Parce que le droit d’asile est un droit fondamental, nous demandons le droit de rester, lorsque nos vies sont en danger. Parce que l’école est le reflet de la société patriarcale, elle renforce les divisions et les hiérarchies fondées sur le sexe. Parce que nous voulons des cours d’éducation sexuelle qui parlent de notre corps, du plaisir et de la diversité sexuelle. Parce que les espaces relationnels doivent devenir des lieux d’échange et de respect réciproque. Parce que nous vivons dans une société qui véhicule des représentations stéréotypées de «la femme».

Parce que nous, actrices culturelles, sommes trop souvent peu considérées et reconnues. Parce que les institutions ont été conçues sur un modèle patriarcal et de classe dans lequel nous n’apparaissons qu’en incise. Parce que nous sommes solidaires avec les femmes du monde entier. Parce que nous voulons vivre dans une société solidaire sans racisme, sans sexisme, sans homophobie et sans transphobie.

Pour toutes ces raisons et d’autres encore, nous ferons grève le 14 juin 2019 !


La «Grève des femmes*» a lieu le 14 juin 2019 dans toute la Suisse – www.frauenstreik2019.ch.

Femme* : toute personne qui n’est pas un homme cisgenre (soit un homme qui se reconnaît dans le genre qui lui a été assigné à la naissance).

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