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« Un acte d’une violence indicible », entre photo-reportage de guerre et photographie artistique

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L’exposition « Un acte d’une violence indicible » présente le projet du photographe lausannois Matthias Bruggmann. Lauréat de la deuxième édition du Prix Elysée, il nous emmène au coeur du conflit syrien, dans une réalité dure, mais dont la beauté artistique nous transporte.

Marmarita, Reef Homs, 11 septembre 2013, un des clichés de Matthias Bruggmann exposés au Musée de l’Elysée. – © Matthias Bruggmann – Courtesy Musée de l’Elysée – Galerie Polaris.

Matthias Bruggman – photographe suisse de 40 ans, né en France – est  diplômé de l’École de photographie de Vevey en 2003. Il co-fonde ensuite l’espace d’art contemporain Standard/Deluxe à Lausanne, en 2005. 

C’est en 2012, durant la fameuse ère du printemps arabe, que Matthias Bruggmann débute son projet sur la Syrie qui durera près de six ans. Il en fera premièrement un livre avant d’exposer ses images au musée. Son mot d’ordre : « mettre le public mal à l’aise en remettant en cause ses propres suppositions morales, et ainsi à essayer de susciter, chez un public occidental, une compréhension viscérale de la violence intangible qui sous-tend tout conflit ».

En effet, Matthias Bruggmann attribue une responsabilité particulière à l’Occident quant à son devoir de militer contre toute forme d’impunité, notamment via son influence mondiale. Le photographe désire inciter, même une seule personne, à lutter contre des crimes flagrants qui restent impunis. Cela peut se faire de diverses manières, comme « se battre contre l’administration Trump qui veut supprimer les tribunaux internationaux », selon l’exemple qu’il a donné dans une interview au Temps.

Matthias Bruggmann a déjà travaillé de façon engagée sur divers sujets conflictuels (l’Égypte, Haïti, l’Irak, la Somalie et la Libye) malgré les risques encourus dus à une montée de « l’internationalisation de l’information »La Syrie est une destination qui a fini par décourager beaucoup de journalistes. Le danger d’y perdre la vie y est trop élevé et les conséquences au retour du voyage peuvent être très lourdes. La particularité des clichés de Bruggman est qu’ils bousculent les normes et contournent les attentes en illustrant des situations complexes, parfois ambigües, tout en déconstruisant les principes de représentation de la photographie classique du réel. Ainsi, le spectateur est poussé à ce questionner sur ce qu’il voit.

Les photographies ne représentent pas toujours ce que l’on pense. Elles intriguent et laissent perplexe. Aucune légende n’est présente. Rien n’induit donc une réflexion nette et spécifique au premier regard. Le lecteur peut cependant se référer par la suite à des descriptions situées à la fin du livre ou à un fascicule mis à disposition à l’exposition. Matthias Bruggman avoue laisser volontairement les photographies brutes : « L’un des moyens utilisés consiste à pervertir les codes normalement employés dans la photographie documentaire pour accroître l’identification avec le sujet ». Un procédé fort et stratégique, qui en se positionnant entre deux pôles, photographie d’art d’un côté et photographie de guerre de l’autre, permet d’ancrer les images dans un espace-temps plus long. Cette manière de faire est opposée aux photos de presse qui sont bien souvent associées à une actualité, aussi vite exposées qu’oubliées…

Reef Idlib, 20 février 2013, un des clichés de Matthias Bruggmann exposés au Musée de l’Elysée – © Matthias Bruggmann / Courtesy Musée de l’Elysée /  Galerie Polaris

Malgré le fait qu’il ne s’agisse pas d’un photo-reportage de guerre, j’ai été surprise de ne pas avoir vu plus de clichés dits « frontaux »immortalisant le conflit de manière plus explicite et sanglante. Cette surprise provient sûrement de l’avertissement « violents pouvant heurter la sensibilité des personnes ». L’approche conceptuelle de Bruggmann casse alors des attentes et des idées qu’un individu lambda pourrait avoir d’une exposition sur ce genre de thématique délicate et conflictuelle. Bien évidemment, l’exposition reste dure à visionner car elle met en scène des évènements dramatiques, meurtriers et malheureusement encore d’actualité.

Finalement, il s’agit d’une guerre ensanglantée et d’un massacre exposé à un « public » saturé par des clichés et les informations médiatiques, qui le font tomber petit à petit dans l’apathie. Matthias Bruggmann critique d’ailleurs la tendance journalistique à ne pas prendre le temps d’étudier – sur le terrain – les véritables profondeur et complexité de ce qu’il se passe réellement. Les situations ne sont pas toujours ce qu’elles laissent paraitre au premier abord. C’est exactement ce que le photographe cherche à faire ressentir dans son travail. C’est donc sa façon à lui de tenter de sensibiliser plus intimement certaines personnes, au travers de clichés inhabituels et de manière originale… Et retenons que, même avec toute la bonne volonté du monde, comme il le dit plutôt bien : « On ne peut pas apprendre l’empathie à quelqu’un qui n’en a pas ». 

L’exposition « Un acte d’une violence indicible » est à voir au Musée de l’Elysée, jusqu’au 27 janvier 2019.

Informations et billetterie sur le site du Musée de l’Elysée.

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Arts

Michael Jackson, contemporain jusque dans l’art

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Andy Warhol, Michael Jackson, 1984 – © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2018
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À l’occasion des dix ans de la disparition du roi de la pop, Slash vous propose de découvrir quelques artistes contemporains qui ont trouvé en Michael Jackson une source d’inspiration.

Peintres, photographes, vidéastes, plasticiens ou chorégraphes : ils sont tous, à leur façon, tombés sous le charme de Michael Jackson. Ils s’en sont inspiré, ont joué avec son image, ont représenté à travers leur regard le «roi de la pop». Slash vous propose de découvrir une sélection de ces 40 artistes que Jackson a marqué d’une façon ou d’une autre (et non, le célèbre Jeff Koons de Jackson avec son Bubbles n’en fait pas partie, il n’a pas été prêté par ses propriétaires).

Un Andy Warhol liminaire

Andy Warhol est le premier artiste à s’intéresser à la célébrité naissante de Michael Jackson. Andrew Warhola, de son vrai nom, l’appelle pour la première fois en 1982. Il est alors demandé à «Bambi» de poser pour la couverture du magazine influent Interview.

Les deux hommes se sont rencontrés en 1977, lorsque Warhol a interviewé le chanteur au sujet du film The Wiz, une adaptation de la comédie musicale Le Magicien d’Oz de Victor Fleming, dont Michael Jackson ou encore Diana Ross sont les acteurs principaux.

Andy Warhol, Michael Jackson, 1984. © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2018

Plus tard, l’artiste pop-art photographie Jackson au cours de nombreuses apparitions publiques. Parallèlement, il collectionnait également quantité d’objets liés au chanteur et le nom de ce dernier apparaît à plus de vingt reprises dans son journal, pour évoquer leurs rencontres, dans la plupart des cas.

Warhol fait une deuxième fois appel à Michael Jackson pour le numéro de mars 1984 du magazine Time. Il note alors dans son journal : «J’ai fini la couverture Michael Jackson. Je ne l’aimais pas mais les gamins au bureau, si. Puis les types de Time sont venus la voir, ils étaient quelque chose comme quarante». Cette commande donnera naissance à plusieurs portraits réalisés sur soie.

Michael, (in)saisissable

Imaginé par le jeune artiste londonien Appau Junior Boakye-Yiadom, le dispositif P.Y.T. (en référence au titre Pretty Young Thing) brille par sa sobriété. En équilibre sur leur pointe, les mocassins noirs évoquent instantanément le «freeze», pas de danse emblématique de Michael Jackson

Appau Junior Boakye-Yiadom, P.Y.T., 2009 – © Adagp, Paris 2018

Pour l’anecdote, les ballons qui composent et maintiennent l’œuvre sont remplacés régulièrement, faisant référence «aux efforts de celui qui cherche à entretenir l’image qu’attend de lui le public», explique l’artiste dans un communiqué de presse.

Interroger la négritude

Premier musicien noir à acquérir une célébrité internationale et à transcender les barrières, stéréotypes et préjugés, Jackson n’est pas exempté de contradictions. Basée sur des clichés du photographe américain Todd Gray, Exquise Terreur dans la Mangrove fait partie d’une série juxtaposant Michael Jackson à des clichés documentaires du Ghana, à des photographies de ses fans et à des images du cosmos.

Todd Gray, Exquise Terreur dans la Mangrove, 2014 Collection Aryn Drake-Lee Williams & Jesse Williams – © Todd Gray

Todd Gray commence à travailler avec Michael Jackson en 1974 et dient ensuite l’un de ses photographes attitrés entre 1979 et 1983. Les clichés réalisés à cette époque donnent à l’artiste un sujet de thèse pour son Master of Fine Arts à la fin des années 1980. Il y utilise l’image du chanteur, explique-t-il, «pour analyser l’impact du pouvoir post-colonial sur la construction des notions de race, de classe et de genre».

L’ange Michael

David LaChapelle, qui a débuté en travaillant avec Andy Warhol, rend hommage à Michael Jackson après sa disparition en 2009, en composant ce triptyque emprunté à l’iconographie religieuse.

De g. à d. : The Beatification: I’ll never let you part for you’re always in my heart; American Jesus: Hold me, carry me boldly; Archangel Michael: And no message could have been any clearer, 2009, Courtesy of the artist – © David LaChapelle

David LaChapelle dit vouloir montrer la figure angélique du chanteur, «le vrai Michael». Son but ? Faire contrepoids face aux accusations de pédocriminalité qui ont pesé sur Jackson à la fin de sa vie. «Nous avons choisi de le persécuter et de le crucifier» raconte David LaChapelle dans un communiqué.

Michel-Ange et le kitch

Impossible de faire main basse sur l’impressionnante toile de Kehinde Wiley, portrait équestre de Jackson, en Philippe II d’Espagne. Une commande du chanteur, terminée après sa mort et traduisant la passion de Jackson pour Michel-Ange et le kitch, référence littérale à une peinture de Rubens.

Kehinde Wiley Equestrian Portrait of King Philip II (Michael Jackson), 2010 – © Adagp, Paris 2018

Kitch toujours : lorsque l’album Dangerous sort en 1991, le visuel décliné sur les pochettes de disque et de vinyle, ainsi que sur différents supports de communication, se démarque par sa singularité. Il est le résultat d’une commande passée par le chanteur à l’artiste Mark Ryden. L’artiste y représente un masque, révélant uniquement le regard du chanteur, au milieu d’un foisonnement de symboles. Le masque, objet autant que symbole, tient une place importante au sein de l’oeuvre de Michael Jackson.

Mark Ryden « The King of Pop » (#135), 1991-2018 – © Adagp, Paris 2018


Sélection musicale de Malick Touré-Reinhard.

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Et si le Web mourrait demain ?

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© Lauren Huret
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À l’occasion des 30 ans du World Wide Web – créé au CERN en 1989 –, plus de 50 artistes et professionnels prendront part au 15e Mapping Festival, du 23 au 26 mai 2019, à Genève.

Il y a tout juste 30 ans, à Genève, naissait le World Wide Web (WWW). Trois décennies plus tard, la possibilité d’un effondrement de la Toile fait frémir.

«La fin d’Internet serait-elle pour bientôt ?», c’est la question que se sont posés les organisateurs du Mapping Festival. Depuis 2005, l’événement genevois se donne pour mission de favoriser les échanges et participer activement au développement du milieu des arts numériques. Ainsi, l’exposition ​The Dead Web – La fin viendra, au travers des arts, imaginer notre vie sans Internet.

Artistes suisses et québécois à l’honneur

Initialement composée de cinq artistes québécois, The Dead Web – La fin accueillera spécialement pour le Mapping Festival trois artistes suisses sélectionnés par le biais d’un appel à projets lancé début 2019. Les oeuvres présentées, qui plongeront le public dans un futur sans Internet, se veulent révélatrices de l’omniprésence du Web dans nos vies quotidiennes. Vernie le jeudi 23 mai, l’exposition s’étendra jusqu’au 2 juin, au Commun.

“Membranes”, portées par Lukas Truniger et Nicola Hein, est une installation performative qui transforme texte écrit en percussion lumineuse – DR

La créativité numérique à son apogée

Lors de ce vernissage, le DJ genevois Estebahn proposera un set entre downtempo, jungle et électro. Le week-end suivant, la Fonderie Kugler se transformera en laboratoire audio-visuel. Le vendredi 24, la performance délirante de Freeka Tet sera suivie du collectif russe Tundra, qui présentera sa toute dernière création, ​« ​Nomad ​»​, combinant vidéo et laser. La soirée se clôturera en beauté avec un DJ set du suisse Acid Kunt. Le samedi, ce sont Grand River & Marco C qui lanceront les festivités avec leur projet ​« ​0,13% ​»​, voyage poétique entre humain et nature. La scène sera ensuite foulée par le duo Recent Arts (Tobias. et Valentina Berthelon) accompagné de Barbie Williams, avec ​« ​Skin ​»​, concert audiovisuel expérimental. La soirée terminera avec la DJ genevoise Audrey Danza.

Web célébré, Web interrogé

Lors de la troisième édition du forum ​«Paradigm_Shift»​, le public sera invité à explorer les impacts de la production abusive de nouvelles technologies. Sur deux jours, le Forum verra s’enchaîner tables rondes  et conférences. Le vendredi débutera avec une prise de parole de Mark Garrett, co-fondateur de Furtherfield, suivi de ​«​E-wasteland»​, une table ronde qui interrogera le gaspillage dans l’art numérique. En guise de clôture, le panel ​«The future web» – tenu en français – s’appuiera sur la thématique de l’exposition en repensant à l’impact d’Internet sur nos vies et à sa potentielle évolution. Nathalie Bachand, commissaire de l’exposition The Dead Web – La fin,​ participera à l’événement avec l’artiste Romain Tardy et Alexandre Monnin (président d’Adrastia), le tout modéré par Nicolas Nova.

L’Immersive Lab, un dispositif immersif unique développé par la Haute École d’Arts de Zurich et l’Université de Genève – DR


Le 15e Mapping Festival se déroulera du 23 au 26 mai 2019, à Genève – www.mappingfestival.com

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