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Rencontre avec le jazz contemporain de SHIJIN

© SHIJIN

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Mardi, un concert hors-du-commun avait lieu sur la scène Next Step du Cully Jazz Festival. Jacques Schwarz-Bart et son saxophone « atmosphérique », Malcolm Braff et son piano « phoenixien », Laurent David et sa basse « tellurique », sans oublier Stéphane Galland et sa batterie « niagaresque », étaient réunis sur scène avec leur projet SHIJIN. Une création découlant d’une envie de se retrouver ensemble sur scène. « C’est un peu les choses qu’on dit à la fin d’une colonie de vacances, d’une tournée : “Ah ce serait super de se faire un truc et tout”, explique Laurent David. Avec Stéphane, ça faisait quelques temps qu’on cherchait une possibilité de rejouer dans un projet. Avec Jacques, on a joué ensemble dans des clubs à New York, on a fait beaucoup de musique improvisée. Et avec Malcolm, on a fait un disque ensemble. L’idée à la base du projet était de réunir ces gens ».

Un nom plus qu’adapté

Symbolique orientale, SHIJIN est représentée par les quatre gardiens des points cardinaux (le Dragon azur de l’Est, la Tortue noire du nord, le Tigre blanc de l’Ouest et l’Oiseau vermillon du Sud). Et ce symbole ne pourrait pas être mieux choisi. En effet, les membres du quartet vivent aux quatre coins du monde : Boston pour Jacques, Bruxelles pour Stéphane, Paris pour Laurent et Fribourg pour Malcolm. Le projet a donc été créé à l’internationale… Laurent David explique : « On a enregistré basses et batteries à Paris avec Stéphane, qui est venu de Bruxelles. Ensuite je suis allé à Chamonix dans le studio de la Maison des Artistes, avec Malcolm, où il a enregistré tous ses claviers. Et ensuite, je suis allé à Boston enregistrer Jacques, pendant deux jours. Et après, c’est Antoine Delecroix, l’ingénieur son, qui a fait le mixage de son côté ». Le résultat enregistré leur a plu. 

Une création surprenante

« Surtout, ça a donné un résultat auquel on ne s’attendait pas, vu qu’on a enregistré chacun dans son coin, sans savoir vraiment ce qu’allaient faire les autres ou ce que donnerait le résultat final, raconte Malcolm Braff. On était tous surpris et c’était une nouvelle musique qu’on découvrait. Même pour Laurent, qui a suivi tout le processus ». Il a ensuite fallu faire descendre ce projet, « conçu dans les nuages virtuels » selon les termes de Malcolm, pour le présenter sur scène. Et ça fonctionne, avant tout entre eux : « La musique était surprenante sur l’enregistrement mais de nous retrouver sur scène et de nous amuser un peu comme des gamins avec ce matériel, ça a tout de suite été sympa, fun et surtout enrichissant entre nous, continue le pianiste. Et jusqu’à présent, l’accueil du public est tout aussi satisfaisant ». Un véritable succès, donc.

Et pourtant, le quartet n’avait pas d’idée précise en tête lors de la création de ce projet : « Je ne sais pas si on veut transmettre un message. Mais il y en a un qui se transmet peut-être malgré nous, c’est le fait de laisser l’espace à chacun et une totale liberté et arriver à faire quelque chose de cohérent et qui se tient comme une entité », avoue Stéphane Galland. Et tout cela dans le respect, sans aucune imposition d’un musicien en particulier. Une liberté de création positive puisque le résultat est ainsi enrichi par l’identité musicale de chacun des membres. Jacques Schwarz-Bart ajoute : « Le résultat final est très uniforme. C’est très particulier. C’est extraordinaire parce que, sans le vouloir, il s’est dégagé de notre effort collectif une vision très forte, qui rivalise avec les projets qui ont des entités marquées, aujourd’hui ou dans le passé ».  On pourrait penser qu’un groupe qui réunit quatre leaders, qui ont chacun l’habitude de créer d’une certaine façon et qui ont développé au fil des années un style qui leur est propre pourrait compliquer le processus de création. Au contraire, explique Jacques : « Il y a tout le travail d’une vie, j’allais dire de sacrifices, de sacerdoce musical. Et avec l’humilité nécessaire pour totalement accepter les autres et les aider à se sentir à l’aise et s’exprimer ». Il s’agit donc de quatre identités musicales fortes combinées. Laurent adhère : « Jacques ne joue pas du sax, il joue du Jacques. Malcolm ne joue pas des claviers, il joue du Malcolm. Non, mais c’est vrai. Et c’est ça qui est intéressant dans un projet comme celui-là. C’est un peu mon fantasme de la création collégiale ».

Le jazz, ennuyeux et démodé ?

« Le jazz c’est un truc de vieux, c’est chiant ». On entend souvent cette affirmation, principalement chez les jeunes. « C’est parfois vrai, c’est parfois faux, répond en riant Jacques. Ce qui est important c’est que, même si vous n’avez pas eu la chance de tomber tout de suite sur un projet qui vous intéresse, ne restez pas fermé au jazz. Une fois qu’on prend le jazz par un bout, quel que soit le bout, et qu’on est mordu, ça peut devenir la plus belle aventure de votre vie. Pas forcément en tant que musicien, mais en tant qu’amateur ». Malcolm confirme : « D’une manière générale, “fermer” c’est jamais une bonne idée ».

« Mais finalement, est-ce que SHIJIN c’est que du jazz ? », demande Jacques. « Une réponse qui peut être très longue », selon Laurent. Le premier reprend : « Je pense que c’est une musique qui peut plaire à beaucoup de jeunes. C’est complètement contemporain. Il y a beaucoup de styles et de grooves qu’on peut trouver dans d’autres genres musicaux ». Cet esprit d’ouverture et d’improvisation est au centre du projet SHIJIN et c’est sûrement ce qui fait son succès…

Le Cully Jazz Festival se déroule jusqu’au 21 avril 2018.

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João Gilberto, bossa supernova

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João Gilberto, sur la scène du Montreux Jazz Festival en 1985 – Alain Benainous
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Le chanteur brésilien João Gilberto, précurseur de la bossa-nova, est mort samedi à 88 ans. 

Samba, plus jamais. João Gilberto n’est plus. Le papa réfractaire de la bossa-nova est mort samedi à 88 ans a annoncé son fils, João Marcelo, sur Facebook.

Souvenirs d’ici

Un vieux microphone à condensateur, la gratte légère et le flegme de la cidade maravilhosa (la ville merveilleuse). Il n’en fallait pas plus, à l’époque, pour faire frémir le Montreux Jazz Festival, un soir de juillet 1985.

Pourtant, 34 ans plus tard, en ce soir de juillet 2019, le micro restera sourd, la gratte veule et Rio pleurera. Pleurera «o mito» (le mythe), parti sans doute rejoindre Loalwa Braz, Vinícius de Moraes ou encore Nelson Ned.

Samba de maître

Il fascine, João Gilberto. D’un revers de guitare, il ouvre la voie au génie de Caetano Veloso, Gilberto Gil et Tom Zé. Même que, selon les légendes du petit monde des grands musiciens, il influença le jazz d’un certains Miles Davis. Fastoche.

Ces dernières années, plombé par des dettes, dépossédé de ses droits, miné par des procès à rallonge, l’homme s’est «volatilisé» des radars médiatiques.

Le 6 juillet 2015, seule une vidéo sur YouTube le montrant, affaibli, fredonner avec sa fille, Luiza, le fit «ressurgir». Où était-il ? Que faisait-il ? Il sera dès lors le sujet de bien des rumeurs et fantasmes. Sa famille assure qu’il va bien et continue de «gratter». Il en sera une des dernières apparitions du musicos.

«La bossa nova je ne sais pas ce que c’est»

«La bossa nova je ne sais pas ce que c’est. Moi je joue de la samba», a-t-il assuré en 1961, au moment de publier son troisième 33 tours. En face A, on y trouve, pour exemple, une version de Samba da Minha Terra, le classique de l’un de ses maîtres chanteurs, Dorival Caymmi.

«Il peut bien sonner même en lisant un journal», dit un jour de Gilberto le draconien Miles Davis. C’est certainement là, encore plus que tout le reste, que résidait le miracle du Bahianais.

Jamais pris en flagrant délit de mauvais goût, toujours prompt à apposer quelques vers sur quelques notes. Le chanteur aura clairement redonné ses lettres de noblesse au mot «interprète». Lorsqu’il n’est pas l’auteur d’un céleste canção.


Sélection musicale de Malick Touré-Reinhard.

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“Les 6 Chemins” du SexoapCrew, un premier EP en dehors des sentiers battus

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SexoapCrew
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Le collectif rap bullois SexoapCrew a dévoilé samedi Les 6 Chemins, un premier EP aux styles multiples, mais volontiers plaisants. Interview. Chose promise, chose due, c’est le 25 mai dernier que le SexoapCrew a dévoilé son premier EP intitulé Les 6 Chemins. De passage dans nos colonnes en décembre 2018l’équipe originaire de Bulle est composée de six identités : Tacchini, Sunem, Dom, Simcheck, AR et SGK. SexoapCrew est un shakeur dans lequel les saveurs ne peuvent être parfaitement reconnues tellement elles sont nombreuses. Une chose est sûre, cependant : le cocktail est frais mais aussi à portée de toutes et tous. En janvier 2019, le SexoapCrew ouvrait les hostilités avec le clip de «Guérilla». Quatre mois plus tard, il nous revient avec «Sancho» et annonce enfin la sortie d’un premier EP pour le 24 mai. Suite à un souci technique, l’oeuvre arrive le lendemain sur les plateformes. Et c’est dans un bar de Fribourg que le SexoapCrew nous parle de cette première «naissance» par voie digitale.

Slash : Quoi de neuf depuis décembre ? Tacchini : Lors du concert à Fri-son, on t’avait parlé d’un premier projet qui devait sortir en début d’année, ça a pris un peu plus de temps que prévu par rapport au mixage et notre implication dans ce projet. Sinon, on s’est calmés sur les concerts, afin de privilégier le travail en studio et trouver notre ADN. Vous sortez votre premier EP Les 6 Chemins. Comment a-t-il été conçu ? AR : Il a été conçu assez naturellement. On s’est isolés dans le chalet – ou plutôt dans l’appartement – de Dom, à La Tzoumaz [en Valais, ndlr.] . On y est allés trois week-ends, on a pris tout notre matériel pour enregistrer, on a écrit nos textes et voilà comment onze titres ont vu le jour, pour en garder huit. Pourquoi Les 6 Chemins SGK : On est six personnes, on a chacun notre vie, nos expériences et on s’est croisés à différents moments. Depuis, nos six chemins ne font plus qu’un, c’est-à-dire celui du SexoapCrew, tout en gardant notre parcours de vie personnel, qui fait l’identité de chaque membre. Simcheck : Ces six chemins vont au final dans le même sens. On a différents avis, par exemple dans le rap et la musique. Cependant, la direction dans laquelle on se dirige reste commune. Dom : Même au niveau textuel, c’est très diversifié et c’est lié à ce que SGK a dit.

Comment vous fonctionnez pour la création de vos chansons ? Vous avez un mode d’emploi ? Tacchini : On n’a pas de mode d’emploi, on ne s’est pas fixés de thème pour les morceaux… Une fois le son enregistré, le sujet était présent. C’est la force des six chemins. Sunem : À chaque morceau, AR a mis sa touche. Peu importe l’instru’, il a fait quasi tous les refrains de l’EP. Cela nous a mis dans un même esprit, car les refrains tournaient en boucle pendant qu’on écrivait. En fait, on s’est basés là-dessus. SGK : On met l’instru’, chacun «gratte» son texte – de son côté ou sur son chemin. À la fin, on met nos écrits en commun et on regarde comment créer les meilleurs «combos» – qui va commencer, suivre, conclure. Dom : Le fait d’imposer un thème, je ne pense pas que ça soit quelque chose qui marche. Il faut être assez libre sur ce qu’on écrit. Les refrains que AR a posés, ont permis de créer un univers et le son crée le thème. Un mot ou une phrase qui illustre l’ensemble de votre EP ? SGK et Simcheck : C’est le «Sancho». Avant de faire du rap, nous étions déjà des potes. On est tout le temps ensemble, on fait tout ensemble, c’est comme la famille. On s’appelle le «Sancho», parce qu’on est comme une veine dans laquelle coule un seul et même sang, sans oublier qu’on est chauds aussi.

Cover 6 Chemins - SexoapCrew

De g. à d. : Dom, Simcheck, AR, Tacchini, SGK et Sunem – © SexoapCrew

Dès la première piste, «Expo», vous dites «tout ce qu’on vise c’est les trophées, faire du cash…» De quel(s) trophée(s) parlez-vous ? C’est possible avec un premier projet ? Simcheck : Pour nous, rien que de rapper ensemble et de pouvoir promouvoir ça dans notre ville, que les gens reconnaissent notre travail, c’est déjà un trophée. Peu importe le cash que ça apporte derrière. Nos trophées sont le résultats du travail mis à l’ouvrage (sic.). C’est récolter ce que l’on a semé. AR : Trophée ne veut pas dire «avoir un Disque d’Or». Se produire sur scène devant ma famille, mes potes, mon entourage, ou devant des gens qui paient une entrée pour venir nous voir, recevoir un cachet, c’est un trophée. Tout le monde a besoin de «cash» et si on peut en gagner en faisant ce qu’on aime, c’est parfait. SGK : Le trophée est dans le sens d’accomplir quelque chose. Ce sont des victoires, en regardant de quoi l’on est parti. Ce qu’on fait est devenu plus «carré», il y a du travail dans notre art. On parle souvent de cash parce que la vie est ainsi faite, mais on est aussi très «Sancho». On oublie pas que la famille est plus importante que l’argent. Sunem : La suite du texte dit «faire du cash pour ensuite coffrer», cela signifie que que l’on a cette envie de mettre bien les nôtres (sic.). Prendre soin de la famille et tout ce qui va avec. Dom : Tu dois aller chercher ton argent, être là, présent, déterminé et faire les choses.

SXP

Le “Sancho”, au grand complet – © Jay Bax

Cinquième titre, «Guérilla» : qu’est-ce que signifie «on sourit pour serrer les dents» ? Avez-vous tendance à avoir la bouche trop ouverte ?  SGK : C’est pas une question d’avoir la grande gueule. C’est juste que la vie peut être dure par moment, mais on a la chance d’être en Suisse, par exemple. On sourit même si tu peux avoir des douleurs. Tacchini : C’est vrai qu’on a des énormes gueules au quotidien. En même temps, c’est un défaut mais aussi une immense qualité, parce qu’on se dit les choses. On n’a pas peur de dire si l’un de nous a écrit un couplet de merde. On se le dit gentiment quand même. On sait aussi comment apaiser les tensions entre nous. Des fois, ça explose mais on revient toujours à l’état de potes. Dom : On n’oublie pas que nous sommes des potes à la base. Même si on s’engueule, on sait qu’il y a pas de problèmes à la base. Quand est-ce qu’on vous revoit sur scène ? Tacchini : Nous serons en concert le 15 juin à Ebullition [centre culturel situé à Bulle, ndlr.] avec Slimka, Di-Meh, Daejmy, Shaim & Santo. Pour les autres dates, ce sera à suivre sur nos réseaux sociaux.


«Les 6 Chemins» est à retrouver sur toutes les plateformes de téléchargement légal  www.mx3.ch/sexoapcrew.

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