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Tribune

Slash Média dénonce les propos abjects envoyés à son rédacteur en chef

Capture : Facebook / Malick Touré Reinhard

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La rédaction de Slash Média a pris connaissance d’un message d’une extrême violence envoyé à son rédacteur en chef, Malick Touré Reinhard, par un individu se revendiquant membre du mouvement Résistance Helvétique, suite à son portrait paru dans Le Temps du 23 mars 2018.

Si le groupuscule proche des milieux d’extrême droite assure « n’avoir jamais entendu parlé ni de M. Reinhard, ni de son agresseur (dont on distingue uniquement une photo de profil) » et demande à « M. Reinhard de publier publiquement le nom de cet personne qui n’appartient pas, et n’a jamais appartenu, à notre organisation ainsi qu’à porter plainte contre lui », la rédaction de Slash Média tient à faire remarquer à ses lectrices et lecteurs qu’il est curieux que Résistance Helvétique puisse affirmer de telles choses sans connaître l’identité de l’expéditeur du message. La rédaction de Slash Média aurait trouvé plus approprié que le groupuscule dénonce en premier lieu l’idéologie puante de l’agression verbale plutôt que de crier à une supposée manipulation de « la gauche pour les salir ».

Aussi, Slash Média tient à réaffirmer sa ligne éditoriale. Les contenus rédigés par la rédaction, et donc disponibles sur le site internet du média, ne sont pas orientés politiquement. Des sujets et des personnes aussi hétéroclites qu’originaux sont régulièrement présentés, avec le soin de ne pas montrer une vision unilatérale du monde et l’exigence de la rigueur journalistique indispensable à tout contenu de qualité et vérifié. Si les articles de Slash Média ne sont pas militants, son équipe, profondément humaniste, reste toutefois très attachée à certaines valeurs comme la tolérance, la liberté et surtout le respect des lois. Ces principes-là ne sont pas l’apanage de « la gauche », contrairement à ce que semble penser Résistance Helvétique.

Nous souhaitons également souligner le fait que Résistance Helvétique, par sa communication, participe, volontairement ou non, à la propagation de propos racistes, fascistes et dangereux pour la sécurité publique.

Par ailleurs, Slash Média n’exclut pas de porter l’affaire en justice. Après le choc subi à la suite de la réception de ce message abject, la rédaction ressent le besoin de se rassembler et d’étudier à tête refroidie toutes les suites envisageables. Toutefois, pour l’instant, aucun nom ne sera divulgué, afin de préserver le droit à la vie privée, propre à chaque individu.

Enfin, merci à vous, chères lectrices, chers lecteurs, pour votre soutien mais aussi pour vos critiques qui sont indispensables à nos saines remises en question. Avec vous, et dans notre travail rédactionnel, nous continuerons d’essayer de faire toujours plus et toujours mieux, car c’est le minimum que vous méritez. Et nous en sommes pleinement conscients.

La rédaction de Slash

Récit

Les femmes cellophanes #4  : Alexandra Kollontaï, première ambassadrice

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Crédit : RIA Novosti

En pleines célébrations des 50 ans de Mai 68, c’est à l’une des plus grandes féministes socialistes, Alexandra Kollontaï, que nous consacrons le 4e portrait de notre série Les femmes cellophanes.

En effet, le mouvement de révolte étudiante et ouvrière fût principalement une révolte d’hommes, que certains catégorisèrent même de machiste. Pourtant, les mouvements socialistes dénombrèrent plusieurs partisanes féministes, dont certaines devinrent des figures extrêmement importantes. Alexandra Mikhaïlovna Domontovitch, son nom de jeune fille, en fait partie. 

Kollontaï naît le 19 mars 1872 à Saint-Pétersbourg. Enfant unique d’un général de l’armée tsariste, issu de la noblesse ukrainienne, et d’une riche finlandaise, on raconte que la future militante à l’esprit rebelle est passionnée par le mouvement socialiste. Après avoir refusé un mariage arrangé à ses 17 ans, son père la marie dès ses 20 ans à l’ingénieur Vladimir Kollontaï, en espérant calmer ses ardeurs révolutionnaires. Mais très vite, après la naissance de son fils et à peine 4 ans de mariage, elle se lasse de la vie de famille traditionnelle et quitte tout pour aller étudier l’économie politique à l’Université de Zurich.

En Suisse, elle en apprend plus sur le marxisme et se lie d’amitié avec plusieurs révolutionnaires en exil, dont Lénine. Dès son retour en Russie en 1899, elle prend part au mouvement révolutionnaire marxiste menchevik et rejoint le POSDR, le Parti ouvrier social-démocrate de Russie.

Durant la révolution de 1905 qui aboutit au Manifeste d’octobre, Alexandra Kollontaï se consacre à plein temps à la révolution. Elle émet pour la première fois un discours en tant que porte-parole des femmes prolétaires cette même année, lors de la réunion d’inauguration de l’Union Panrusse pour l’Egalité des droits des femmes. Son discours s’attaque au féminisme russe de son époque, qu’elle qualifie de « bourgeois » et de « distraction à la lutte des classes ».

Plus tard, elle rencontre Klara Zetkin, femme politique allemande, à la première Conférence internationale des femmes socialistes et celle-ci la persuade que les ouvrières sont les premières victimes de la société capitaliste et du patronat. Elle participe donc à l’ouverture, à Saint-Pétersbourg, d’un collectif légal d’ouvrières qui dénombrera plus de 300 adhérentes en quelques mois.

Alexandra Kollontaï, en 1937 – © Wikimedia Commons

Anticipant le premier Congrès féminin panrusse, Alexandra Kollontaï écrit Les Bases sociales de la question féminine, qui sera publié en 1909. En s’inspirant d’Engels et de Bebel, elle y traite des conditions de vie des travailleuses et du lien entre l’émancipation des femmes et la cause socialiste marxiste. Elle prend également part aux deuxième et troisième Conférences des femmes socialistes en 1910 et 1915g.

Sa fonction en tant que commissaire du peuple lui permet d’obtenir le droit de vote et d’être élue, le droit au divorce par consentement mutuel, l’accès à l’éducation, un salaire égal à celui des hommes, des congés maternité, l’égalité de reconnaissance entre enfants légitimes et naturels, et finalement le droit à l’avortement en 1920.

Elle s’oppose à la Première Guerre mondiale à son début et, de ce fait, quitte le parti menchevik pour rejoindre les bolcheviks en 1915. Surveillée par la police impériale pour ses attaques contre la politique tsariste dans son œuvre La Finlande et le socialisme, elle quitte la Russie. Après ses voyages en Europe du Nord et en Amérique, c’est en Norvège qu’elle apprend les débuts de la révolution russe en 1917 et décide de rentrer. Élue au comité central du parti bolchevik, elle devient la première femme du monde membre d’un gouvernement. La politicienne quitte ses fonctions, suite à de profonds désaccords concernant le plan de fin de guerre en 1918. La communiste de gauche fût l’une des pionnières du courant de l’Opposition ouvrière mais se dissocie du parti en 1922, lors de tensions au sein de ce courant d’opposition. Elle ne participa d’ailleurs plus jamais aux débats du Parti communiste russe.

L’écrivaine rentre au cœur de nombreuses polémiques sur la place des femmes dans la société soviétique. En effet, elle pense que la libération des femmes ne peut se faire que par refus de la famille. En 1918, elle parle de l’union libre dans La Nouvelle morale et la classe ouvrière, ouvrage basé sur l’égalité des rapports mutuels, l’absence de possessivité et la reconnaissance des droits individuels de chacun des membres du couple et le souci de l’autre réciproque. Elle-même vivra plusieurs relations amoureuses libres et multiples, pour lesquels même Trotski et Lénine la condamneront.

Alexandra Kollontaï devient à nouveau la première femme à tenir un poste dans le monde politique, cette fois en tant qu’ambassadrice de l’Union Soviétique. Elle débute en Norvège en 1923, et malgré les critiques virulentes sexistes et soviétiques, son succès lui mène à représenter son pays au Mexique, puis en Finlande. Certains politiciens finlandais proposeront même sa candidature pour le Prix Nobel de la paix en 1946, en vue des négociations qu’elle a mené pour les deux armistices entre l’URSS et la Finlande, en 1940 et en 1944, et pour l’armistice avec la Roumanie en 1944.

Elle animera également des séminaires sur l’histoire des relations internationales et de la politique extérieure soviétique à l’Institut de préparation des travailleurs diplomatiques et consulaires jusqu’en 1945. La militante, politicienne et écrivaine renonce à ses fonctions en 1945 et retourne à Moscou, où elle décède en 1952.

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Tribune

Intelligente et coquette, c’est possible ?!

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Capture : YouTube

Attention mesdames, même en 2018, on ne peut toujours pas être coquettes et cultivées. Ou jolie et intelligente – choisissez les termes que vous préférez. Logique, je suis une femme, l’un exclut forcément l’autre. Soit je choisis d’être la fille au look parfait qui ne peut pas citer un seul nom de conseiller fédéral, soit je choisis l’option « Je sais tout » au look d’Ugly Betty, que l’on prendra au sérieux. Je ne peux pas être les deux.

Une femme qui prend soin d’elle est forcément moins intelligente. C’est connu, à chaque couche de mascara, à chaque ongle verni et à chaque centimètre de talon, le Q.I. et la curiosité intellectuelle diminuent. Les clichés ont la vie dure. Et qu’on se mette d’accord, je ne parle pas d’une femme surmaquillée avec une jupe à ras les fesses et des talons vertigineux. Juste d’une nana normale qui aime la mode, qui a son look, du maquillage, des ongles faits et parfois des talons. Rien de vulgaire, rien d’extraordinaire. Et pourtant.

Pourquoi est-ce qu’au 21ème siècle, une femme ne peut pas autant apprécier la politique, l’économie ou la culture que la mode et le maquillage ? Pourquoi doit-on choisir ? Pourquoi prendre soin de son apparence est encore synonyme de superficialité ? Dirait-on la même chose d’un homme ? Dirait-on à un homme de faire attention à son look parce qu’il est « trop bien habillé [dans le sens trop élégant, trop classe, trop « mode », nda.] et que ça peut lui fermer des portes » ? Permettez-moi de fortement en douter.

Le plus paradoxal dans cette histoire est que – simultanément – on nous reproche d’un côté de trop faire attention à notre look et de l’autre on nous réduit à celui-ci. On parlera d’abord de la coiffure ou de la tenue d’une intervenante féminine avant de se concentrer sur ses propos. C’est malheureusement valable dans tous les domaines : droit, politique, culture, management, enseignement ou encore journalisme.

Et tiens, parlons-en de ce cher milieu du journalisme. Le nombre de fois où l’on m’a sorti des « Ah mais tu es très lookée, tu es sûre que tu veux pas t’orienter vers un magazine de mode ? » ou « ‘Fais attention, si tu as une jupe, la personne que tu vas interviewer risque de ne pas te prendre au sérieux » ou encore « C’est bien, ça se voit que tu sois la mode. Ça me dérange pas moi hein, mais sache que ça peut te fermer des portes ». Ce ne sont que des extraits, je pourrais en faire un recueil entier. C’est affligeant – et triste d’une certaine manière – de constater qu’un milieu qui, sur le devant de la scène, prône la tolérance et l’acceptation, dans les coulisses, contribue à pérenniser des idées aussi stupides que dépassées.

Le pathétisme atteint encore d’autres niveaux quand la remarque provient d’une autre femme. Et non pas dans un élan de bienveillance, mais juste avec une acerbité déconcertante. Mesdames, au lieu de critiquer, de descendre celle-ci parce que « quand même elle porte des talons » ou « Tu as vu celle-là, elle se maquille quand même beaucoup », soutenons-nous. Acceptons nous. Formons un front uni. Si on ne se respecte pas entre nous, qui le fera ?

Il est grand temps que les mentalités évoluent. En 2018, une politique doit pouvoir porter un pull de couturier, une avocate doit pouvoir être blonde décolorée, une enseignante doit pouvoir être blogueuse à temps partiel, une manager doit pouvoir porter un smokey eyes en journée et une journaliste société doit pouvoir porter des talons. Laissez les femmes être coquettes et féminines si elles le désirent. Leurs capacités intellectuelles ne descendront pas instantanément et elles ne feront pas moins bien leur travail. Croyez-moi.

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